Interview – Alain Lamassoure : « C’est une catastrophe pour la place de la France en Europe »


Groupe PPE Parlement européen - 2011
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/05/2014 PAR Felix Dufour

@qui! – Quel est votre sentiment après le verdict de ces élections qui vous ont permis d’échapper personellement au naufrage?
Alain Lamassoure –
Une maigre consolation. Celle d’avoir mis quatre point dans le nez du Front National et de constater que l’Ouest échappe aussi à ce naufrage. Je suis satisfait d’avoir relevé un challenge difficile dans cette Ile-de-France qui est une jungle où l’on trouve les plus grands fauves de la politique. On ne m’a fait aucun cadeau et les coups de poignards dans le dos n’ont pas manqué. Mais au delà de mon cas personnel, il s’agit, vu d’Europe d’un désastre pour la France. Il faut savoir que derrière l’Allemagne la France possédait avec 74 députés européens un fort contingent pour peser de son poids. Or Marine le Pen a fait savoir que la vingtaine de ses députés qui entreraient au parlement diraient non à tout. C’est comme si nous avions une vingtaine de députés en moins puisqu’ils seront complètement inutiles au sein de l’hémicycle pour la France. Nous allons nous retrouver avec autant de députés qu’en Espagne. On a trop joué sur les peurs et en trois mandats je n’ai jamais été habité par la peur de l’Europe. Je l’ai vécu heureusement et j’ai toujours essayé de montrer comment une partie des problèmes français pouvaient être réglés par l’Europe. Et cette fois encore pour l’ancien rugbyman que j’étais, il fallait gagner la rencontre…

@! – Vous voulez dire qu’ils vont paralyser le système et faire rétrograder l’influence de la France?
A. L. –
S’ils disent non à tout cela veut dire qu’ils ne relèveront pas les défis économiques, agricoles, technologiques puisqu’ils ne désirent que sortir de l’Europe. En plus ces Nationalistes ne détestent entre eux. Malgré nos différences, chaque fois que nous, partis démocrates, avions des intérêts communs pour la France nous savions nous retrouver. Ce ne sera plus le cas. Ce vote aura des conséquences considérables pour nous. J’ai vécu trois mandats européens et je note que vu d’Europe il y a l’impression que les électeurs français n’ont pas compris qu’ils allaient cette fois pour la première fois être acteur de la nomination du président de l’assemblée européenne… Mais nous sommes absents du fond de ce débat…

« J’en veux beaucoup au président Hollande »

@! – Vous voulez dire par là que le président Hollande est absent de cette Europe…
A. L. –
J’en veux beaucoup au président Hollande car depuis deux ans il n’apporte absolument rien. Il est gentil, il sourit devant les caméras mais il n’apporte rien. C’est du vide. De de Gaulle à Nicolas Sarkozy en passant par François Mitterrand et Lionel Jospin il pouvait y avoir des divergences, mais il y avait une route, un cap clairement tracés. Ce n’est plus le cas, c’est le flou et je n’ai jamais vu une telle absence d’implication. Angela Merkel a pu avoir des divergences sur le fonctionnement de notre pays mais elle savait qu’elle pouvait toujours s’appuyer sur la France, elle a toujours compris, contrairement à ce que certains pensent, que l’Europe ne peut être dirigée par l’Allemagne. Or aujourd’hui, le parti qui représente le président de la République française ne pèse que 14%. Sur qui peut-elle s’appuyer? La Pologne? L’Espagne qui se remet lentement d’une crise difficile? L’Italie qui malgré la bonne volonté de son chef de gouvernement est toujours fragile en matière de stabilité politique? La chancelière a du comprendre dès hier soir que ces résultats annoncaient un affaiblissement de la France et cela va susciter une grande inquiétude de sa part… Quand M. Le Pen sort cette phrase honteuse et inqualifiable sur le virus Ebola et l’immigration en Afrique, pensez-vous que que ce genre d’outrance va grandir l’image de la France?

@! – Le président de la République certes, mais on ne peut pas dire non plus que l’UMP sortira grandie de ce suffrage européen…
A. L. –
Le bon côté de ces faits est que de cette manière l’UMP va forcément comprendre qu’elle doit achever d’urgence sa transition. La voie était ouverte avec l’élection de son chef de file. Et il y a eu gel de cette mutation pour les raisons de personnes que l’on sait. Comme la CDU elle doit devenir un véritable parti démocratique, mais hélas les faits viennent  de montrer que notre parti n’était pas encore prêt pour une alternance politique. Il faut cesser cette bataille inutile et préjudiciable des clans et ces quelques personnes qui ne veulent le pouvoir que pour avoir le pouvoir et non le pouvoir pour le bien de la France.

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