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PUBLIÉ LE 09/01/2010 PAR Joël AUBERTTout décès d’une personnalité publique est l’occasion d’une réécriture de l’histoire qui se fait au dépens du mort et c’est bien le premier inconvénient du trépas que de devoir laisser dire autant de contre vérités ou d’hypocrites hommages à son endroit sans pouvoir réagir.
Réduit au silence, le défunt rejoint ainsi son groupe d’appartenance; ici, en l’occurrence, la « classe politique » qui est bien sûr unanime dans l’hommage. A entendre les uns et les autres, cette classe politique a tout l’air d’être un lieu idyllique où l’amitié est chaude et profonde… Plus sérieusement, le chapelet d’hommages envoyé à Philippe Seguin et son éthique de la conviction dresse l’exact portrait en négatif d’un groupe qui se rassemble pour célébrer, à travers le disparu, les valeurs qui justement lui font défaut.
La mort de ce « gaulliste de gauche » (l’expression est sans doute forcée mais les rites funéraires ne sont pas avares d’oxymores) est aussi l’occasion de constater l’aveuglement de certains journalistes : un sonore de France Inter donne ainsi, sans rire, la parole à Charles Pasqua, qui fait l’éloge de la probité et du républicanisme de l’ancien président de la Cour des comptes, tandis qu’une présentatrice du JT de TF1 qualifie le discours du chef de l’Etat de « vibrant hommage » à Philippe Seguin, sans avoir pris la peine de regarder la déclaration de Nicolas Sarkozy qui, visiblement réjoui, assure que son rivalétait « un ami très proche qui va lui manquer beaucoup ».
Il est néanmoins rassurant de voir que la France avait encore un grand serviteur de l’Etat doublé d’un ardent républicain. En cherchant bien, on doit bien pouvoir en trouver quelques autres qui soient encore vivants. Cette mort nous aura appris que rien n’est perdu.
Photo : Olivier Sourd
Vincent Goulet
