Comment être, une fois élu ? Des députés parlent : Pascal Deguilhem, Dordogne.


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Publication PUBLIÉ LE 01/06/2008 PAR Joël AUBERT

Ce sont les pieds de Pascal Deguilhem qui ont le plus souffert de sa nouvelle fonction. « Etre député vous oblige à porter costume-cravate et surtout des souliers, chose à laquelle je n’étais pas habitué », raconte en riant le député PS de la 1re circonscription de la Dordogne, qui s’étend sur Périgueux et la vallée de l’Isle. Le changement vestimentaire est le plus grand bouleversement apporté par son nouveau mandat, à en croire le locataire du bureau 8303 au 233 boulevard Saint-Germain.
Pascal Deguilhem est un habitué des emplois du temps bien remplis. Jusqu’en mars dernier, en plus de son mandat de député, il occupait le poste de vice-président du conseil général de la Dordogne tout en étant maire de Saint-Aquilin. Il est resté simple membre des deux conseils. Durant ses deux jours dans la capitale, les mardis et mercredis, il enchaîne réunions de groupe, travail en commission et séances parlementaires. De retour dans sa circonscription, il reçoit ses administrés, suit les affaires du département et assiste aux diverses manifestations. Ses quelques moments de répit, lui qui se qualifie de « paysan », il les passe à se défouler dans des travaux physiques, comme la tronçonneuse : « J’ai toujours eu l’habitude de vivre pleinement et je ne suis pas un gros dormeur », précise-t-il, un peu penaud.

« Certains députés feraient mieux de se taire »
L’ancien professeur d’EPS a dû apprivoiser sa casquette d’élu national. Il raconte des premiers mois difficiles, noyé dans la complexité du fonctionnement de l’Assemblée. Ses gaffes de débutant le font rire aujourd’hui. Il se souvient de son malaise, assis au milieu des élus de la majorité en réunion de commission, après une erreur de placement. « J’ai aussi failli faire tomber un amendement déposé par mon groupe, en déposant le même texte mais à mon nom. Heureusement, je m’en suis rendu compte à temps et j’ai retiré mon texte pour laisser mon groupe le défendre. Mes camarades ne m’en ont pas tenu rigueur, ils m’ont même avoué que mon texte était mieux écrit », ajoute-t-il comme pour se faire pardonner. Le récit de l’épisode fait encore sourire le jeune assistant parlementaire parisien du député, Anthony Pitalier.
« Le mandat commence à me plaire parce que j’ai l’impression de pouvoir agir sur les choses même si ça ne saute pas aux yeux des citoyens ». Pascal Deguihlem ne nie pas les limites de son mandat. Il n’a pas les oreilles des ministres pour lui, contrairement à ce que certains électeurs pourraient penser. « Député rural classique », il doit se faire entendre parmi ses 576 camarades. Une bataille facilitée par « des chefs des groupes très prévenants », comme Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche (SRC), ou François Hollande, le secrétaire national du Parti socialiste. Pour autant, l’élu de la Dordogne doit composer avec son statut de député de l’opposition. « Sans compter que certains, des deux côtés, ont des avis sur tous les sujets et monopolisent la parole alors qu’ils feraient mieux de se taire », souligne Pascal Deguilhem, qui ne cache pas des moments de frustration et de colère.

Les OGM, « moment historique »
Malgré tout, il veut croire au pouvoir législateur du député. Le rejet du projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM), adopté par la suite lors d’un second vote, a été un « moment historique » pour le président de l’association Périgord sans OGM. Euphorie dans les couloirs, succession de coups de téléphone et des députés de gauche le sourire aux lèvres. « Cette expérience m’a réconforté en montrant que l’on peut faire de la politique différemment et que la question des OGM transcende le clivage droite-gauche ».
Face à la pression de l’UMP, le député souhaite que la gauche renforce son action de lutte contre les inégalités. Pour cela, il compte sur le travail en commission, lieu incontournable de débats. Il sera particulièrement vigilant face au projet de loi de modernisation de l’économie et de sécurité intérieure, qui prévoit le rapprochement de la police et de la gendarmerie, un sujet qu’il connaît bien. Pascal Deguilhem sait maintenant à quoi s’en tenir : Nicolas Sarkozy a promis une « avalanche » de textes jusqu’en juillet, avec en point d’orgue la réunion du Parlement en Congrès pour voter le projet de loi sur la modernisation de la Ve République.

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Estelle Maussion
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