Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine : L’opposition cherche la faille


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Publication PUBLIÉ LE 18/11/2020 PAR Solène MÉRIC

Une chose est sûre, quel que soit le ton employé ou les bémols ici et là entendus, c’est bien à l’unanimité que le volet 2 du Plan d’urgence présenté par le Président de la région en ouverture de séance ce lundi, a été voté. Cette fois, contrairement au Plan de Rebond présenté en octobre dernier, EELV n’a pas joué en touche, se félicitant même à l’inverse par la voix de Christine Moebs, de voir repris dans ce nouveau plan d’urgence la proposition de son groupe du soutien aux associations de moins de 3 salariés. Avec tout de même un avertissement en fin d’intervention « Néo Terra n’est pas un simple slogan marketing ».

Paternité « néo-terrienne »
Dans le même ordre d’idée, Nicolas Gamache (EELV) lors du débat sur les orientations budgétaires confiera s’inquiéter d’un « trop grand flou sur la traduction budgétaire de Néo Terra », rappelant à son tour que la feuille de route doit bien être « le filtre de tous nos engagements, 100% Néo Terra ».
Un avertissement, bien entendu par le Président Rousset soucieux de rappeler dans la foulée « avoir pris l’initiative de ce texte que vous avez largement adopté ». Une paternité « néo-terrienne » et de ses objectifs à 2030, d’ailleurs régulièrement rappelés au cours de la séance plénière…

Mais, c’est avec le troisième dossier du jour, la présentation du Rapport de développement durable du Conseil régional par la vice-présidente EELV François Coutant, que les « taquineries » de campagne de l’opposition ont commencé. Premier à se lancer : Jean Dionis du Séjour pour le Modem, interrogeant le Président de la Région précisément sur trois cordes sensibles de la relation EELV – Rousset : « la position de la Région sur le nucléaire », la LGV GPSO, « la Région soutient-elle toujours la LGV Bordeaux Espagne, Bordeaux-Toulouse ? », et enfin la gestion de l’eau. « Vous ne voulez pas trancher dans ce dossier (…) êtes vous pour le développement d’infrastructure de stockage d’eau en hiver ? C’est un appel, décidez Président ! », lance-t-il.

Réponses de l’intéressé : « Sur l’eau bien sûr que nous sommes tous d’accord pour qu’il y ait du stockage. Le problème n’est pas d’être contre le stockage mais où on le fait et à partir de quelle régulation ». Un chef de l’éxecutif régional « bien sûr favorable » aussi à la GPSO, « essentielle pour mettre fin au mur de camions » dit-il, tout en reconnaissant l’existence d’un débat au sein de la majorité. Appuyant même, « j’assume ce débat ». Quant à la question du nucléaire, le sujet a été facilement évacué tant par Alain Rousset que Françoise Coutant, arguant qu’il était hors compétence du Conseil régional.

« Rhétorique tribunitienne un peu facile »
Deuxième opposant, toujours au centre, à chercher à réveiller le point de discorde : Aurélien Sebton (UDI) reprenant les propos, récemment lus dans la presse, des candidats EELV, et notamment de Nicolas Thierry, sur le manque d’éco-socio-conditionnalité des aides de la Région et le manque d’ambition des politiques publiques. « J’ai l’impression que dans l’Assemblée on ne dit pas ce qu’on dit par presse interposée », commente le président du groupe UDI, interrogeant cette fois tout de go l’aile verte de la majorité.

« Sur le plan politique personne n’est dupe de cette rhétorique tribunitienne un peu facile », répond le vice président et candidat EELV Nicolas Thierry qui poursuit: « J’assume ce qui est dit dans la presse. Oui, Néo Terra va dans le bon sens, c’est un horizon souhaitable. Mais il y a un débat sur le chemin. Or, ces débats de fond, on les aura lors du moment démocratique qui est devant nous », autrement dit lors de la campagne et non dans l’hémicycle régional. Le débat, légèrement décentré du sujet qu’était le rapport du développement durable étant clos, c’est sur le dossier suivant, sur les orientations budgétaires que les autres membres de l’opposition ont repris le refrain des élus centristes mettant en doute l’unité de la majorité.

« Le totalitarisme écologique n’a plus de limite »
Le Rassemblement national, d’abord, à travers l’intervention sans nuance, de Jean-Marc de Lacoste. Ce dernier lit, entre les lignes de ces Orientations Budgétaires, la « peur de froisser [la] clientèle électorale d’extrême gauche » d’Alain Rousset mais aussi, constatant la présence de Néo Terra comme un des piliers de ces OB, un « totalitarisme écologiste qui n’a plus de limite ».  « Si la réponse à la crise c’est l’accélération de Néo Terra alors nous allons droit dans le mur ! », conclut-il.

Eddy Puyjalon, pour le mouvement de la Ruralité, n’est guère plus tendre. «  Notre problème avec Néo Terra est que vous vous servez de la vision écologique la plus caricaturale et extrême qu’on trouve sur le marché. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est votre composante verte qui en a le quasi monopole. Vous voulez réunir les deux mondes (industriel et environnemental, ndlr) mais c’est celui de l’écologie punitive qui a l’empreinte sur vous ! »

« Vous savez, je vous aime beaucoup »
Et de l’empreinte à l’emprise, Guillaume Guérin, président du groupe LR, saute le pas, dans une intervention empreinte pour le coup, d’une « grande inquiétude ». Inquiétude quant aux choix stratégiques et d’aménagement à mettre en place post crise, et notamment en ce qui concerne (et le concerne) l’aménagement de la RN147. « Pour porter des politiques publiques il faut une majorité. Or votre majorité est en train de voler en éclat. Par pitié, ne devenez pas otage d’une idéologie qui n’est pas la vôtre ! » avant une étonnante conclusion « vos choix, qui sont aussi les miens au passage, ne sont pas partagés par votre majorité politique », et un épilogue presque aussi inattendu déjà glissé dans son intervention, « Vous savez, je vous aime beaucoup et ça me fait presque de la peine pour vous… ».

Après avoir rassuré Guillaume Guérin sur le fait que « la RN 147 doit se faire », tout en posant aussi sa volonté d’inscrire la voie ferroviaire entre Limoges et Poitiers au Contrat de Plan Etat Région, Alain Rousset ajoute, pour être clair, « Je ne suis l’otage de personne ». Quant à l’élection que chacun aura eu en tête tout au long de ces débats, il précise : « J’ai bien conscience qu’il y a une élection et que certains, où qu’ils soient et dans quelque formation politique qu’ils soient, en rajoutent un peu. Je suis d’une sérénité à toute épreuve. Il va y avoir un juge de paix : ce sera le résultat des élections. Il fixera dès le premier tour des choix politiques principaux, de la même manière qu’ils ont été fixés précédemment. Et je n’ai aucune inquiétude. Peut-être est-ce là ma faiblesse dans cette assemblée. »


Sur la présentation du Plan d’urgence – volet 2 et des orientations budgétaires, lire notre article : Alain Rousset : « La Région ne mettra pas le pied sur le frein en 2021 »

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