Consultations citoyennes : Nathalie Loiseau défend l’Europe à Bordeaux


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/10/2018 PAR Romain Béteille

« Arme secrète »

La ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau, était en déplacement à Bordeaux ce vendredi 12 octobre pour participer à un débat dans le cadre des consultations citoyennes lancées en avril (sur lesquelles nous sommes déjà revenus), organisé par l’école de commerce Kedge Business School (en duplex avec le campus de Marseille). Toujours dans le cadre des Erasmus Days (vendredi 12 et samedi 13 octobre), elle s’est rendue dans un lycée (Gustave Eiffel) pour échanger avec les étudiants sur le sujet. Celle qui a été surnommée « l’arme secrète de Macron dans la bataille du Brexit » par la presse britannique a surtout répondu à l’invitation du maire de Bordeaux, Alain Juppé, qui cache de moins en moins sa proximité avec le projet européen d’Emmanuel Macron, qu’il a dernièrement qualifié d' »innovant et ambitieux ».

« Je partage sa foi européenne », a-t-il lancé à l’intention de Nathalie Loiseau. « L’Europe est aujourd’hui la cible de casseurs qui viennent de l’extérieur comme Trump, Poutine ou la Chine, mais aussi à l’intérieur de l’UE et même de notre propre scepticisme européen. Or c’est sans doute l’espace où la liberté, la démocratie et le respect des personnes humaines sont le mieux assurées. Avant de m’engager, parce que je ne resterai pas silencieux dans ce débat ou plutôt ce combat, je vais regarder les projets des uns et des autres et je prendrai position. J’ai effectivement dit que je me retrouvais très largement dans les déclarations d’Emmanuel Macron à La Sorbonne ou ailleurs, on verra comment ça se concrétise dans un projet électoral l’année prochaine. Mais je le dis tout de suite : ce n’est pas un acte de candidature. Je ne suis candidat à rien et je l’exclus totalement », a affirmé Alain Juppé à la presse. Un rapprochement idéologique a tout de même été remarqué et largement commenté ces dernières semaines, notamment lors de la réunion des juppéistes à l’occasion des Vendanges de Bordeaux et plus récemment lors du congrès fondateur d’Agir. La proximité était d’autant plus évidente avec Nathalie Loiseau que les deux se connaissent bien puisqu’Alain Juppé l’a nommée, en novembre 2011, directrice générale de l’administration au ministère des affaires étrangères. Ce dernier assume d’ailleurs qu’entre ses convictions et celles de la ministres, il n’y a « pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette », pour reprendre l’expression d’un certain… Edouard Philippe.

L’union anti « casseurs »

En attendant une inévitable prise de position européenne d’Alain Juppé, donc, l’heure était à l’unité et au constat. Nathalie Loiseau s’est, de son côté, confortablement installée dans son siège de défenseuse de l’unité européenne, notamment, tout comme elle l’a fait cette semaine sur France 24, face à l’échéance proche d’un accord sur le Brexit. « Notre travail en tant qu’européens, c’est de faire en sorte que la séparation se fasse de la manière la plus ordonnée possible pour reconstruire une relation qui sera moins étroite. Nous pensons qu’une séparation ordonnée est possible. Le temps presse : d’ici quelques semaines, il faudra nous mettre d’accord sur l’accord de retrait, nous y sommes prêts mais pas à n’importe quelle condition ». Les enjeux ont été longuement rappelés lors de l’échange avec les étudiants de Kedge. Pour Alain Juppé, c’est la question migratoire qui sera au coeur des débats des futures élections européennes, avec notamment l’aspect (brièvement évoqué) d’un travail à venir sur les critères d’asile et d’une définition commune d’une « solidarité obligatoire », avec « des modalités variables d’un pays à l’autre ». Voilà qui promet des débats passionnés. Et face aux « casseurs » de l’Europe, le maire de Bordeaux et la ministre ont sorti le bouclier d’Achille.

« L’Europe n’a jamais été aussi attaquée, ce n’est sans doute pas un hasard », a affirmé Nathalie Loiseau. « De l’extérieur, un certain nombre de grands pays dans le monde voient l’Europe comme nous n’arrivons pas à la voir nous-même, comme une puissance, et ont des projets souvent destructeurs pour l’UE. A l’intérieur même, il y a certaines formes de nationalismes et d’extrémismes qui se croient le vent en poupe, qui n’ont pas de projet mais qui ont des slogans de rejet. Il y a aussi beaucoup de progressistes qui considèrent qu’on a besoin d’Europe. Evidemment, il faut toujours améliorer ce qu’on a. Il faut avoir l’Europe exigeante mais pas honteuse non plus, pas avoir en tête qu’il y aurait tout à rejeter dans ce projet. Partout en Europe on aimerait avoir la stabilité, l’ambition et la force du projet que nous avons en France. Ce que je vois ailleurs, ce sont souvent des coalitions affaiblies ou tiraillées, des gouvernements minoritaires, des partis sans projets mais avec beaucoup d’aggressivité qui monte. Tous les membres de la majorité sont ambitieux et engagés en Europe. Il faut mieux l’expliquer et mieux entendre ce que les gens ont à nous dire, c’est le but des consultations citoyennes ».

Ces dernières, lancées en avril, faisaient parties des 49 propositions établies par Emmanuel Macron lors de son discours de La Sorbonne. Depuis le début des consultations, initiative française déployée dans tous les Etats membres (à l’exception de la Hongrie et du nouveau gouvernement italien, bien loin semble-t-il de la vision de Mateo Renzi et de son « Europe des émotions »…), les différents taux de participation des pays ont surtout révélé les profonds clivages et le degré de volonté des dirigeants des pays concernés. Près de 1000 évènements ont été organisés sur le sol français. Au 28 septembre dernier, on comptait 31 000 participants sur la quasi-totalité des départements, et environ 50 à 60 débats par semaine sont toujours demandés (en moyenne). Le 30 octobre sera certainement le dernier temps fort, puisqu’un temps d’échange sera proposé entre les porteurs de projets au niveau national au sein du Conseil économique, social et environnemental. La synthèse de l’ensemble des restitutions sera proposée lors du Conseil Européen de décembre 2018. Et la suite ? Sans précisément l’annoncer, Nathalie Loiseau a laissé la porte ouverte. « C’est une photographie essentielle des attentes et des propositions des citoyens. Il y aura une campagne pour les élections ensuite, mais recueillir ce que proposent et ce que critiquent les européens, on le doit parce que pour réformer l’Europe, on ne peut pas le faire en chambre, enfermés à Bruxelles. Ce que j’entends beaucoup de ceux qui y participent, c’est l’envie de continuer ». A bon entendeur… 

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