Le bras toujours dans le platre, mais sans sa fameuse écharpe, Nicolas Hulot, aux côtés de Denis Baupin, maire-adjoint de Paris chargé du Développement Durable, de l’Environnement et du Plan climat n’a pas attendu les questions des journalistes pour faire un tour d’horizon. « La primaire arrive au terme d’un parcours qui débouche sur une légitimité et l’établissement d’une relation de confiance avec les militants. Mon parcours n’étant pas très lisible, cette période a été utile pour clarifier les choses concernant ma fondation, et parvenir en deuxième phase, à convaincre ceux qui nous regardent avec sympathie et réserve. D’autant plus quand, dans une société accablée comme la notre, les écolos sont souvent taxés de rajouter une strate d’angoisse ».
C’est maintenant ou jamais pour les écologistes
Convaincre que la fuite n’est pas la solution à la crise et se retrousser les manches pour faire face à de nouveaux paramètres, évoquer tout ce qu’il va falloir mettre en oeuvre pour donner la même lecture et rallier le plus grand nombre aux idées de l’écologie… pour le candidat Hulot, tout celà ne peut se faire sans une « dynamique collective indispensable, où chaque personne a sa part de responsabilité ». « Alors que nous connaissons une résonance inédite par rapport à 2007, il nous faut savoir cultiver et nourrir l’écoute et l’estime dont nous bénéficions. C’est maintenant que l’écologie peut rentrer dans l’Histoire ». Un appel à une union on ne peut plus malmenée, et l’occasion d’un mea culpa concernant la rixe oratoire du débat de Lille avec Eva Joly, où les mots et les formules assassines ont fusé. » Ce débat a été dévastateur, même moi, je me suis trouvé sans intérêt ». Interrogé sur ses visées post 2012, la réponse est claire : »Je nedemande rien comme responsabilité. Je n’ai pas de perspective politiqueet n’ai jamais conclu aucun accord avec Strauss Kahn comme on l’aprétendu. Mon objectif est tendu pour que l’écologie soit au pouvoir en2012, c’est ma seule ligne de mire. Une de mes clefs d’entrée étant de sortir de l’orthodoxie et de lacondescendance du « comment voulez-vous qu’on fasse autrement ? ». S’accorder d’un système c’est fini, il faut comprendre que l’abondance n’est pas la norme, c’est la rareté qui l’est ».
Pour une écologie de l’ouverture
Alors décroissant Nicolas Hulot ? Pas au sens absolu du terme. Entre augmenter les flux, suspendre ou décroitre, son concept à lui, c’est « la croissance sélective » axée sur des acquiescements ou des renoncements. « Il va falloir faire des choix, prioriser, planifier et en finir avec les projets pharaoniques en contradiction avec les urgences économiques. La sobriété est le rempart à la privation ». En bref, bien faire comprendre que l’écologie a toute sa place au pouvoir et bien faire réaliser que les écolos n’ont pas vocation à être les sous-traitants pour gérer les catastrophes. Favorable à une écologie de l’ouverture, c’est le sens qu’il donne à ses déclarations sur un rapprochement avec Jean-Louis Borloo, au même titre que monsieur Tout le Monde. Une ouverture concernant également son propre camp : » je travaillerai avec ceux qui travailleront avec moi, J’aurai besoin de tout le monde ». Comprenez par là, si Eva Joly le veut, moi aussi. Pour Stéphane Lhomme, la cause est loin d’être entendue, personne ne se forcera de part et d’autre.
L’ancien animateur, l’homme des médias, l’acteur de la société civile devenu politique le reconnait, « préparer le terrain et être convaincu ne suffit pas. Si les préalables ont été longs, la prise de conscience est arrivée. Avec le climat, les crises de l’énergie et de l’alimentaire, Fukushima et le nucléaire… là il y a simultanéité. Notre Histoire est entre nos mains ».
Photo : Eloïse Vene/Isabelle Camus
Isabelle Camus