Régionales: Quels candidats pour quelles compétences ?


A la fin de la semaine, le premier round des élections régionales verra s'affronter 8 listes. Pour un maintien au second tour, il faudra rassembler au moins 10% des suffrages exprimés

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 16/06/2021 PAR Solène MÉRIC

Le 20 juin prochain, les électeurs, outre le choix de leurs conseillers départementaux auront aussi à voter pour leurs représentants au niveau régional. Pour ceux-là dans chaque département de Nouvelle-Aquitaine huit listes, et leurs huit candidats têtes de liste, sont sur la ligne de départ. Sauf cas (fortement improbable) de majorité absolue d’une de ces 8 listes dès le premier tour, ces élections permettront à l’issue du second tour, le 27 juin prochain, de désigner pour 6 ans les 183 conseillers régionaux Néo-Aquitains. Alain Rousset, le président socialiste sortant se présente à nouveau à l’élection pour un siège qu’il occupe depuis 1998. Un challenge pas si facile.

S’il est le dernier à avoir officiellement présenté sa candidature aux élections régionales, elle ne faisait depuis plusieurs mois plus réellement de mystère. Alain Rousset, président sortant est donc de nouveau candidat à sa succession pour un cinquième mandat avec une liste ouverte à gauche, entre socialistes, représentants de la société civile et du parti communiste (excepté dans le département des Deux-Sèvres et de la Vienne). Mais sans Europe Ecologie Les Verts, avec qui, jusque-là, il conduisait la Région.

Eclatement à Gauche et à Droite propice au RN
En effet son vice président à la biodiversité Nicolas Thierry, en campagne depuis juillet 2019, porte la candidature EELV, ayant réussi au passage à s’allier quelques noms jusque-là familiers dans la bouche d’Alain Rousset. Parmi eux, Vincent Bretagnolle, Directeur du centre de recherche de recherche CNRS de Chizé, coordinateur du comité scientifique régional sur la biodiversité, Ecobiose. Côté politique Génération.s et génération Ecologie le soutiennent avec force.
En 2015, Alain Rousset l’avait emporté avec 44,27 % des voix au second tour (dans une alliance d’entre deux tours avec EELV, déjà parti en solo au 1er tour) au terme d’une triangulaire qui l’avait opposé à la candidate Les Républicains Virginie Calmels et à celui du Front national Jacques Colombier. Un FN, devenu RN (Rassemblement National), toujours plus présent dans les intentions de vote des Néo-Aquitains. En effet, menée cette année par la conseillère régionale sortante Edwige Diaz, la liste du parti de Marine le Pen, selon les derniers sondages, se fait la part belle des intentions de vote au premier tour, arrivant régulièrement en tête en alternance avec le président sortant que la scission avec les Verts ne vient décidément pas servir.

Un éclatement sur lequel, avec l’appui d’une abstention que l’on prévoit forte, compte bien « surfer » le RN, tant à gauche qu’à droite. Les sondages mettent en 3ème position du premier tour, la liste dite « du grand rassemblement central »  de la ministre candidate Geneviève Darrieussecq. L’ancienne maire de Mont-de-Marsan, conseillère régionale, puis départementale qui appelle « à changer de cap et de capitaine », rassemble sous son nom des candidats Modem, La République en Marche, UDI, ou encore Mouvement radical. Légèrement à sa droite se trouve aussi la liste d’ « Union Droite et Centre » portée par Nicolas Florian, ancien maire Les Républicains de Bordeaux au départ d’Alain Juppé et conseiller régional sortant, avec pour appuis politiques LR donc et Les Centristes. Enfin, à droite encore, la liste conduite par Eddy Puyjalon pour le Mouvement de la Ruralité (ex Chasse Pêche Nature et Traditions) qui part avec le soutien très appuyé du député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassale, certes en position non éligible (sur la liste girondine d’ailleurs…) mais dont le portrait est en gros sur l’affiche de campagne.

Enfin, retour à la gauche de la gauche, où deux listes sont également dans la course. La France Insoumise, soutenue en Nouvelle-Aquitaine par le Nouveau Parti Anticapitaliste de Philippe Poutou et le PCF des Deux-Sèvres en rupture assumée donc avec les orientations régionales du parti « pro » Alain Rousset. Une liste conduite par la poitevine Clémence Guetté, qui monte qui monte au niveau national à la fois en tant que secrétaire générale de LFI à l’Assemblée nationale et responsable du programme présidentiel 2022 de Jean-Luc Mélenchon. Enfin, « pour faire entendre le camp des travailleurs », Lutte ouvrière présente une liste conduite, comme en 2015, par Guillaume Perchet, électronicien en Gironde.

Cinq grandes compétences thématiques

Quant aux dossiers et ambitions de fonds, les 5 grandes compétences thématiques du Conseil régional donnent de nombreux points de débats, et de désaccords entre les candidats sur la gestion des affaires régionales à venir. Pour rappel, au menu des domaines d’intervention de la Région on trouve en effet, le développement économique et le soutien à l’emploi, la jeunesse et la formation, l’aménagement du territoire, la transition écologique et énergétique mais aussi, moins connue mais d’importance au regard des sommes en jeu, la gestion de fonds européens.

Parmi les thèmes forts de cette campagne, le transport, et notamment les arbitrages entre route et fer (petites lignes notamment) ou encore le sujet LGV pour ce qui est de la suite du Grand Projet du Sud Ouest (GPSO) vers Toulouse et vers l’Espagne, qui reste un point chaud du débat entre les candidats. C’est aussi d’ailleurs une des fractures de fond entre Alain Rousset et Nicolas Thierry. Sur ce thème des transports, au-delà des questions d’aménagement du territoire qu’il suppose, s’invite aussi au débat de cette campagne, la question de la gratuité conditionnée ou pas, des transports en commun portée par plusieurs candidats.

Fortes dissensions aussi entre les candidats sur le développement économique et l’accompagnement aux entreprises. Là aussi les visions diffèrent et notamment dans les critères d’attribution des aides : petites entreprises, artisans et commerçants locaux, entreprises innovantes, créatrices d’emplois, environnementalement neutre voire positive…? Débat aussi sur les structures de soutien et d’accompagnement de ces entreprises : mise en place, ou maintien d’un « écosystème » régional, création d’une société d’économie mixte régionale, mise en place d’un accompagnement « au plus près des élus et acteurs territoire »… ?

Des visions qui se démarquent aussi en matière d’aménagement du territoire quand certains candidats pointent des fractures territoriales et visent à rétablir « l’équilibre », d’autres plaident pour le « cousu-main » , ou d’autres encore avant tout pour  « la défense de nos terroirs ». Autres sujets de crispation : la transition écologique et énergétique. Les porpositions sont diverses sur son rythme et la manière de la mettre en oeuvre, avec des sujets sensibles tels qu’en agriculture, la question des bassines et globalement celle de la gestion de l’eau, ou sur l’énergie, celle, par exemple, des éoliennes.

Enfin, si certains candidats, tiennent à faire rentrer le sujet de l’insécurité voire de l’immigration clandestine dans la campagne régionale, ils seront bien en peine de tenir leurs promesses en la matière : sécurité (sauf à la marge pour les établissements qu’elle gère tels les lycées) et immigration ne sont pas de la compétence de la Région, à l’inverse par exemple de la culture, du tourisme (en partie) ou encore des langues régionales.

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