Enseignants-chercheurs: la ronde des contre-pouvoirs


Sous de larges ondées, 400 étudiants et quelques dizaines d'enseignants-chercheurs se sont joints mardi 28 avril à la « ronde des obstinés » qui se tient depuis le 15 avril devant l'hôtel de ville de Bordeaux. Alors que l'université Bordeaux 3, IUT c

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Publication PUBLIÉ LE 29/04/2009 PAR Vincent Goulet

Ce n’était pas la foule des grands jours à la onzième journée d’action des étudiants et enseignants-chercheurs. La faute au temps, plus que maussade, à la lassitude peut-être, devant la surdité du gouvernement, mais aussi à l’angoisse de perdre définitivement cette année universitaire. Les manifestants ont alors« tourné en rond », adoptant cette formule qui, initiée à Paris, est devenue le symbole du refus tenace d’une « marchandisation » des services publics.

 

 

 

Jusqu’où peut-on aller en tournant en rond ?
Le succès même de la « ronde des obstinés » interroge néanmoins sur le type de mobilisation sociale qu’il est actuellement possible de mener : non pas une lutte collective et organisée à la façon du LKP en Guadeloupe, ni même une dynamique vers un monde meilleur où « le chemin se fait en marchant », juste une sorte de piétinement obsessif, la volonté d’entrer dans une ronde commune et ouverte pour donner à voir son refus et son désarroi. Cette marche silencieuse et circulaire est peut-être le dernier acte de résistance possible dans une société bloquée, alors que pèse l’absence de projet alternatif global qui soit crédible.

Les échos de la Belgique et du « sommet de Bologne »
Vers 15 h 15, après une heure de ronde, une information fait le tour de l’assistance : la manifestation qui a lieu actuellement à Louvain en Belgique contre le « huitième sommet européen interministériel de Bologne » (la réunion des ministres de l’Education de l’Union qui ont décidé de gérer les universités sur le modèle de l’entreprise) aurait été chargée par la police belge. Une dizaine d’étudiants seraient en garde à vue dont une déléguée de Bordeaux. La ronde se décentre alors de la place Pey Berland pour se rendre symboliquement devant l’hôtel de police de Mériadeck. Dans un troisième temps, le groupe se rend devant le Conseil Régional où a justement lieu un colloque organisé par la Ligue des Droits de L’Homme sur le recul des libertés individuelles.

« Le crépuscule des contre-pouvoirs »
Une délégation demande alors à intervenir devant les participants du colloque, qui avait tous souligné durant la journée comment les contre-pouvoirs (la presse, la justice, la médecine, les collectivités territoriales, etc.) étaient battus en brèche par une conception à la fois personnelle, managériale et autoritaire de l’autorité centrale. Sous couvert d’autonomie et d’efficacité, le même processusest à l’oeuvre dans les universités, dans les tribunaux, dans les hôpitaux : il faut faire du rendement et pour cela obéir à un chef unique, au détriment d’une collégialité plus difficile à faire vivre au quotidien mais qui correspond mieux au fonctionnement d’institutions complexes.
La recherche, l’éducation, le savoir sont des formes de pouvoirs. Restreindre l’autonomie de la première, managériser la seconde et marchandiser le troisième sont des moyens de limiter les contre-pouvoirs des citoyens face aux forces politiques et économiques qui les réduisent à la condition de simples sujets. Voici ce que veulent dire les étudiants et enseignants, à Bordeaux, en poursuivant leurs rondes obstinées, l’occupation des universités ou d’autres formes de mobilisation.

Vincent Goulet

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