Entre l’ours et l’aigle – conférence sur la place de l’Europe, aujourd’hui


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/05/2017 PAR Max Lieblich

La conférence a commencé en discutant de la Russie. Olga Gille-Belova a identifié trois différences entre la Russie et l’Europe expliquant ce qu’elle voit comme une tendance de distance dans la relation russo-européenne. Tout d’abord, il y a la différence de nature, qui consiste en de grands disparités de fond à propos du PIB, de l’espérance de vie, et de la taille de la population. Ensuite, il faut parler de la différence des visions du monde entre la Russie et l’Europe. En résumé, la Russie est un pays qui valorise le pouvoir militaire et qui regarde toute la scène internationale comme un « rapport de force ». L’Europe, en revanche, se concentre sur la diffusion des valeurs et des normes par le pouvoir économique. La troisième différence porte sur les perceptions mutuelles. La Russie regarde toujours l’UE comme quelque chose de non naturel. Elle ne comprend pas l’Europe, et elle ne la respecte pas comme une organisation légitime. Pour sa part, l’Europe voit les actions contre les droits de l’homme en la Russie comme inexcusables. Elle ne veut pas coopérer complètement avec la Russie sans que celle-ci ne procède à des grandes réformes humanitaires.

Toutes ces différences sont à l’origine d’une politique tendue entre l’Europe et la Russie. Donc la question maintenant c’est que faire. D’après l’intervenante, il faut parler avec la Russie en prenant en compte le sentiment d’humiliation ressenti par le peuple russe, et son envie de  voir le pays redevenir une grande puissance. C’est important aussi d’interagir avec la Russie en évitant la tentation de moralisation. Avec ces changements mis en place, l’Europe commencerait à avoir une politique russe plus efficace, selon Olga Gille-Belova.

Agir comme un modèle des valeurs des LumièresDans un deuxième temps, la conférence a évoqué les Etats-Unis et son nouveau président. Nicolas Dungan a dit sa conviction que le vrai problème de Donald Trump « c’est qu’il représente quelque chose qui est inhérent aux Etats-Unis ». Par conséquent, il est important d’analyser les raisons pour lesquelles il a été élu. Dungan en a donné trois. La première est la division du caractère américain. En effet, Dungan voit deux personnalités dans les Etats-Unis. Le premier est une Amérique européenne, caractérisé par un engagement positif avec le reste du monde et la promotion des valeurs des Lumières. L’autre personnalité américaine, c’est ce que représente Donald Trump : l’Amérique Jacksonienne. C’est un pays plus sauvage, qui valorise la domination et la capacité de gagner. La deuxième raison donnée par Dungan est représentée par l’élection de Reagan en 1980. En quelques mots, il pense que cette élection signifie la perte de vue de l’intérêt général dans la politique américaine et le commencement de sa domination par les « special interests » (lobbies, etc…). La dernière raison à l’ascension politique de Trump se trouve dans les « deux 11 septembre ». Le premier s’est passé en 1991, avec la chute du mur de Berlin. Cette fin de la Guerre Froide a donné un sentiment de confiance forte mais surestimée aux Etats-Unis, que le pays conserve même aujourd’hui. Le deuxième est le plus notoire : le 11/9/2001. Bush a répondu à cet attentat par la mise en place des politiques très Jacksoniennes, à l’image des interventions en Irak et en Afghanistan.

Avec ces trois repères, Nicholas Dungan a donné son explication de la victoire de Donald Trump. Quant à la question de la place de l’Europe dans ce contexte, Dungan envisage une politique à trois volets. Le premier consiste en une rhétorique respectueuse envers le nouveau président. Il faut traiter Trump de manière à le mettre à l’aise ; l’Europe ne gagne rien par la provocation. La deuxième stratégie est de contourner Donald Trump, en travaillant avec des sources du pouvoir plus stables à Washington pour mettre en place des politiques en commun. Enfin, Nicholas Dungan pense qu’il faut canaliser le Président, c’est-à-dire qu’il faut tenter de limiter la portée de ses politiques tout en restant un allié fort des Etats-Unis. Et dans le long-terme? D’après le chercheur, l’Europe doit prendre un rôle de leadership sur la scène mondiale, agir comme un modèle des valeurs des Lumières, non seulement pour les Etats-Unis mais pour le monde.

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