Ex Poitou-Charentes: les casseroles tintent encore


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 25/10/2016 PAR Solène MÉRIC

Ce lundi matin l’intervention d’Yves D’Amécourt, vice président du groupe LR à la Région n’était rien de moins qu’une lourde riposte, après que le Président de la Région ait qualifié Olivier Chartier de « petit manipulateur » , lors d’une conférence de presse ce vendredi. Une charge visant non seulement Alain Rousset mais aussi et surtout l’ancien exécutif de Poitou-Charentes, visant nommément trois élues aujourd’hui en responsabilité au sein de la Nouvelle-Aquitaine et plus particulièrement encore Ségolène Royal, Présidente de Poitou-Charentes, avant son départ pour le gouvernement et son remplacement par Jean-François Macaire. « Qui manipule qui ? » a interrogé à plusieurs reprises le représentant LR. S’appuyant sur un audit produit par E&Y qui analyse et confirme les 132 M€ d’impayés de l’ancienne région, l’élu n’a pas hésité sur la force de ses accusations : « le système a été organisé sciemment(…) des consignes ayant été données aux services pour retarder les paiements », « l’Etat, qui est au nombre des créanciers, savait et n’a rien dit ( …) le tout dans un contexte généralisé d’amateurisme, puisqu’on apprend dans le rapport que l’ex-Région Poitou-Charentes n’appliquait pas le B-A-BA des règles de la comptabilité ! » Bref, un rapport qui a tout d’ « une petite bombe » pointe Yves d’Amécourt, insistant par ailleurs sur le fait que l’opposition picto-charentaise de l’époque, dont Olivier Chartier était le leader, avait tenté à plusieurs reprises de questionner l’exécutif de l’époque. Ce que confirme l’intéressé : « j ‘ai des armoires pleines de lettres » lance-t-il à un Alain Rousset sceptique, préférant souligner pour sa part sa volonté « de ne rien cacher », mais assurant savoir, concernant les trois élues citées, que « ces personnes n’étaient pas au courant des ces problèmes; rien n’avait été documenté ».
Si Alain Rousset soutient ses troupes, pas un mot de sa part sur les propos tenus à l’égard de Ségolène Royal, également ciblée dans l’intervention. Quant à ses propos sur Olivier Chartier, il finira par reconnaître qu’il « travaille bien avec lui » et de glisser que sa réaction « a peut-être été un peu vive »…

Le plomb sous les semelles du Président
Mais le sujet picto-charentais s’est également invité lors des débats relatifs au vote de la décision modificative du Budget Primitif, le Front national pointant « des comptes incontestablement insincères » ou encore des « cadavres budgétaires dans les placards », le parti Les Républicains s’interrogeant encore sur les 21 emprunts toxiques de l’ex-région Poitou-Charentes et l’UDI s’inquiétant sur l’impact de ces questions sur le budget 2017, mais aussi des questions sur le calendrier de la Chambre régionale des comptes quant à la remise de son rapport définitif sur le dossier. Là encore, le Président de la région, précisant partagé l’impatience des élus sur les différents audits (et notamment sur la stratégie de défaisance des emprunts toxiques), a sorti la carte de la transparence : « tout comme l’impact sur le budget 2016, l’impact sur le budget 2017 vous sera présenté », assure-t-il, invitant l’assemblée à « regarder vers l’avenir ». « Je sais bien quelle est la quantité de plomb sous mes semelles, mais c’est en préparant l’avenir que l’on pourra gérer ces semelles » a-t-il volontiers reconnu pour tenter de clore le sujet… avec plus ou moins de succès.
Sur la thématique financière, et comme il s’en était déjà réjoui face à la presse vendredi dernier, Alain Rousset face à l’assemblée régionale réunie s’est de nouveau félicité de l’annonce du remplacement des dotations d’Etat par le versement d’une part de TVA, « impôt dynamique et dont chaque année le volume global augmente », a-t-il souligné. Questionné sur les modalités de mise en œuvre de cet impôt par le groupe LR, Alain Rousset précise que pour l’instant, « le Gouvernement penche pour reverser une part de l’impôt national dans les Régions à partir de 2018 en fonction d’une clef de répartition qui tiendra compte de l’intervention des régions sur les entreprises », ce qui a de quoi donné le sourire au président de Nouvelle-Aquitaine, « puisqu’avec Rhône Alpes, c’est nous qui intervenons le plus. Ce qui signifie que nous allons pouvoir accentuer notre intervention», signale-t-il sans pour autant paraître convaincre ni les LR, ni l’UDI dont le chef de file, Jean Dionis du Séjour, reconnaissant les attraits pour la Région d’un impôt dynamique et lisible, a fait part de son incrédulité sur « l’engagement d’un premier Ministre dont le Gouvernement a peu de probabilité qu’il se succède à lui-même ».

LGV GPS: EELV et PS ont frôlé la rupture
Au titre de la décision modificative votée ce jour, il est un sujet qui a un peu fait parler de lui mais bien moins que cela aurait pu être prévisible, notamment dans les rangs de la majorité. La version originelle de cette décision modificative, prévoyait l’ouverture d’une ligne budgétaire pour la réalisation d’études et d’acquisitions foncières sur le projet de LGV GPSO vers Dax et Toulouse. 5,6 M€ qui ont été finalement effacés considérant qu’au Budget Primitif, «  il restait 6,5M€ d’autorisations de programme non attribués, qui pourront donc être utilisés pour ce même dossier » a expliqué en ouverture de séance le Président de la Région. Un effacement dans la décision modificative qui, pour un temps au moins, satisfait les élus EELV, prêts, quelques heures auparavant, à rejeter en bloc le vote de cette décision budgétaire la considérant comme une rupture de l’accord de mandature EELV/PS. Accord qui comprenait la non participation financière de la région à la poursuite du projet LGV GPSO. Pour autant si la ligne budgétaire a été supprimée, cela ne semble en rien être le cas du projet qu’elle sous-tendait… et c’est bien ainsi que l’ont compris les autres groupes politiques, à commencer par le Modem, pour lequel, Fabienne Requenna, a souligné qu’en la matière, le Président avait toute la confiance des élus de leur groupe.
Une confiance loin d’être acquise sur bien d’autres sujets, tels que l’harmonisation des politiques publiques des 3 ex régions dans laquelle l’élue a déploré voir la Région « s’engluer ». Autres récriminations: les politiques contractuelles avec les territoires, sur lesquelles « on ne voit rien venir », ou encore l’absence de politiques d’entretien et rénovation du réseau routier dans l’ex-Aquitaine (Limousin et Poitou-Charentes voyant certains chantiers pris en compte dans le Contrat de Plan Etat Région dont l’élargissement a d’ailleurs été approuvé ce lundi en séance plénière). Si sur l’harmonisation le Président de la Région a rappelé que « le législateur a fixé un délai de 5 ans, et non dix mois, pour ce chantier difficile », il a admis un temps de retard quant aux contrats de territoires envisageables « d’ici 8 à 10 mois ». Sa réponse a par contre été sans concession sur l’intervention de la Région sur le réseau routier, hors Contrat de Plan Etat Région qui « concerne des axes structurants des anciens Limousin et Poitou-Charentes». « Dans l’ex-Aquitaine on s’est déjà occupé de tous les grands axes structurants routiers du territoire », a-t-il grondé avant d’ajouter à l’intention de Barthélémy Aguerre, l’élu Modem qui l’interrogeait, « le législateur avec la loi Notre nous amène à une spécialisation des compétences, et je souhaite qu’elle soit respectée. Je ne suis pas dans la culture du saupoudrage ».

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