CESER: un forum « Conjoncture 2015 » résolument en rupture(s)


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 01/07/2015 PAR Solène MÉRIC

Sur la forme ce 29 juin, le CESER a rompu avec la tradition, doublement. Première innovation du forum 2015, illustrant en-soi la rupture, cette fois numérique, avec la mise en place d’un live-tweet et l’installation d’un robot assis au centre de la tribune pour ouvrir et animer les débats, sur le principe en tous cas… Rassurons-nous, il y a des ruptures qui ne sont pas immédiates : l’humain Luc Paboeuf, Président du CESER restait bien meilleur que le droïde en question dans le rôle de Président de séance. Cela dit, le robot n’avait pas son pareil pour applaudir à chaque fin d’intervention, de là à dire qu’il savait pourquoi… Autre nouveauté 2015, le choix d’intégrer dans ce forum « Conjoncture » au format habituellement très « chiffré », une approche davantage qualitative nourrissant le débat et les échanges par l’apport de témoignages et expériences de membres de l’assemblée du CESER. Autant d’interventions porteurs d’exemple de ces fameuses ruptures et, souvent, des craintes qu’elles génèrent.

« La réforme, c’est un coup d’arrêt à la décentralisation »

Sur la rupture territoriale proche, Maurice Bordes, vice-président du Ceser du Limousin n’y va pas par quatre chemins : « la réforme est un coup d’arrêt à la décentralisation ». Et pour cause, vu de Limoges et du Limousin, on craint « l’éloignement des centres de pouvoirs vis-à-vis des habitants, et une perte en terme d’image » pour la capitale limousine, qui pour le coup ne le sera plus. Une dévalorisation d’image pourtant selon lui évitable si on accompagne cette évolution: d’abord « en évitant l’isolement et par la promotion d’une politique de réseaux avec d’autres agglomérations et villes de la région », ensuite en maintenant « un sentiment d’appartenance au Limousin notamment sur la céramique ou l’élevage bovin par exemple, comme caractéristiques d’une image forte du territoire ».
Du coté des communes rurales, c’est « un sentiment de relégation » pré-existant qui avec la loi NOTRe, risque encore de se renforcer selon Jany Rouger, Vice président du CESER Poitou-Charentes. Entre disparition des services publics dans les petites communes, dotations budgétaires en baisse et transferts de compétences vers l’intercommunalité, on craint, tout en s’y résignant, rien de moins que la disparition de la commune, et un sentiment de « rupture avec la chose publique ». Le tout, risquant plus encore de faire monter les votes du FN, déjà en forte progression, note-t-il, pour l’exemple qu’il cite au nord du Poitou-Charentes. Lui aussi considère qu’il faut accompagner ces changements : « il faut considérer la commune comme une porte d’entrée à l’intercommunalité. C’est une transformation de nature, mais il y a une proximité à garder, notamment via le développement d’outils de la participation citoyenne. »

La flexibilité étendue à l’entrepriseSi on considère la rupture dans le modèle économique, les exemples aussi foisonnent notamment dans le monde du travail : la multiplication des tiers lieux qui brassent les compétences et font souvent naître des projets de cet enrichissement mutuel, le tout de manière « moins formelle mais plus rapide que dans le cadre de l’économie dite classique » témoigne François Moraud, vice président de l’association Aquinum.
Autre signe de ces temps de rupture, relevé cette fois par Corinne Lantheaume, Secrétaire régionale CFDT, en charge du dialogue social territorial, « plus personne ne reste 40 ans dans le même métier, c’était le plus souvent une situation subie. Les salariés sont désormais maîtres de leur carrière, font des ruptures volntaires notamment grâce à la formation professionnelle ». De même la flexibilité et l’adaptation sont de moins en moins traitées du côté du salarié seul; « on fait en sorte que cette flexibilité existe de plus en plus au niveau de l’entreprise elle même par le biais de groupements d’entreprises, de CUMA… », note la syndicaliste.

Donner sens et confiance

Luc Paboeuf, Président du Ceser Aquitaine, accompagné d'un vice président d'exception

Enfin sur la conjoncture, selon Jean-Claude Bach, le Directeur de la Banque de France Aquitaine, nous sommes dans un contexte économique semblable à « un moteur noyé que l’on arriverait pas à redémarrer » et face à une perspective de « reprise sans emplois ». Pour lui, la rupture, celle d’une « reprise durable » qui pour lui résonne avec croissance, se synthétise en deux enjeux principaux: des investissements productifs, à l’image dit-il des politiques menées en Aquitaine à destination notamment des PME et ETI, et l’indispensable renouvellement du contrat social autrement dit « une politique économique susceptible de redonner confiance ».
Un concept de confiance qui, en réalité, aura été à maintes reprises au cœur des échanges de la soirée. Mais la confiance ne se donnant pas à l’aveugle ou dans le vide c’est d’abord, la question du sens de ces ruptures et plus globalement du projet commun de société qu’elles sous-tendent qu’il faut poser, a considéré Luc Paboeuf en conclusion du débat. Un projet commun et un sens dont la définition doit passer par la participation au débat de la société civile, et dont le CESER justement est un lieu privilégié d’exercice. Si pour l’heure, les modalités pratiques d’existence de ces assemblées sont encore floues dans le cadre des futures grandes régions, les idées de débats et de réflexions restent plus que jamais nombreuses et importantes, et témoignent, malgré les aléas de la réforme, qu’il y ai une continuité sans rupture en la matière.

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