Forum régional de l’agriculture à Bordeaux : état des lieux, enjeux et perspectives


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Publication PUBLIÉ LE 19/06/2009 PAR Solène MÉRIC

Un signal d’alarme pour le monde de demain
Béatrice Gendreau, Vice-présidente du Conseil régional d’Aquitaine, chargée de l’agriculture et de l’agroalimentaire, a ouvert ce forum en dressant un état des lieux positif, si ce n’est élogieux, de l’agriculture en Aquitaine. Cela dit, si la situation est globalement prospère à l’heure actuelle, M. Bruno Parmentier, Directeur de l’école de l’agriculture d’Angers, tire le signal d’alarme pour les années à venir. Surpopulation, réchauffement climatique, sécheresse, développement de maladies, diminution de la surface des terres agricoles, urbanisation, pénurie d’énergie (pétrole), disparition de la bio-diversité… et ces problèmes ne s’arrêteront pas aux frontières de l’Aquitaine.En bref, moins de terre pour plus de monde dans un contexte environnemental incertain. Mais, « si la situation est grave, elle n’est pas désespérée ». Parmi les premières urgences : « ne plus gaspiller, développer massivement les énergies naturelles à grands coups d’éoliennes et de capteurs solaires, inventer une agriculture « écologiquement intensive », promouvoir l’agriculture vivrière dans les pays où l’on a faim, et soutenir les agriculteurs en intervenant sur le marché… »

Une PAC en perte de cohérenceForum régional de l'Agriculture, le 18 juin 2009
Sur les instruments économiques justement, et plus précisément sur la Politique Agricole Commune, l’intervenant suivant, Hervé Guyomard, Directeur de recherche à l’INRA Rennes dresse un bilan de santé mitigé de la nouvelle réforme de la PAC du 20 novembre 2008. « Ce processus de réformes constantes fait face à un contexte nouveau alliant les difficultés déjà décrites, les incertitudes quant à la volatilité des prix des productions agricoles dans le futur, et enfin les fortes pressions des Etats et des secteurs économiques ». De ces éléments Hervé Guyomard constate que la PAC, laissant désormais aux Etats membres d’importantes marges de manœuvre dans la mise en œuvre nationale, « a perdu de sa cohérence ». Suite à cette réforme, la France a quant à elle opté pour le soutien de quatre axes principaux : l’élevage à l’herbe, les productions fragiles, le développement d’outils de couverture des risques climatiques et sanitaires, et enfin « l’accompagnement d’un mode de développement durable de l’agriculture via un soutien augmenté à des systèmes de production plus respectueux de l’environnement, dan lequel nous avions beaucoup de retard ». Cela dit, les nombreuses incertitudes économiques et environnementales commandent, selon Hervé Guyomard, de réfléchir d’ores et déjà à une nouvelle réforme de la PAC.

L’Aquitaine en 2020, disparition des productions moyennes ?
Enfin, le dernier intervenant de la matinée, Pierre Blézat, consultant, a quant à lui tracé quelques lignes prospectives de l’agriculture en Aquitaine à l’horizon 2020. Il suppose une agriculture aquitaine conservant ses atouts importants que sont notamment les signes de qualité, ainsi que, pour l’export, les vins de Bordeaux et la provenance Sud-Ouest, qui « en terme de marques sont de véritables points forts ». Concernant ensuite la population agricole, l’étude prospective de Pierre Blézat prévoit une réduction du nombre d’exploitations, ayant en parallèle une tendance à l’agrandissement. « La baisse de la surface agricole utile sera donc dans notre région relativement faible ». En toute logiques, sur les types d’exploitation, Pierre Blézat croit donc au développement de grandes exploitations fournissant de grandes structures et voyant peu à peu disparaître les productions de tailles moyennes. « Ce qui n’empêchera pas l’existence de petites productions de très hautes gamme placés sous signes de qualité, ainsi que le développement de débouchés plus pointus, comme le bio, qui en Aquitaine n’est pour l’instant pas si fort que ça ». En écho aux exposés précédents, il parie d’une prise en compte de plus en plus poussée des problématiques environnementales et notamment concernant l’énergie et l’eau. « Ilfaudra beaucoup travailler sur la diminution des pertes lors de l’irrigation et sur l’utilisation des eaux fluviales tout en étant bien sûr attentif aux conséquences ».
La terre, l’eau et l’énergie, tout a à voir avec les agriculteurs. Selon les termes deBruno Parmentier « Ils sont les héros du 21ème siècle, car s’ils ne relèvent pas le défi, tout va s’arrêter. Et la solution de régulation de la faim, ce sera la guerre. », soulignant ainsi toute la nécessité de ce genre de forum.

Solène Méric

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