Germinal Peiro évoque les dossiers agricoles qui attendent le nouveau gouvernement


Cl - Hélène Yvard
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 14/05/2012 PAR Claude-Hélène Yvard

@qui! : Comment imaginez vous le nouveau projet de Politique agricole commune, prévu l’an prochain. Faut-il revoir le système d’aides et de répartition. ?
Germinal Peiro :
Au cours de la campagne, François Hollande a indiqué que sa priorité serait de faire en sorte que la part de la PAC dans le budget européen soit maintenue. La PAC n’étant pas indexée sur les prix, la maintenir à un haut niveau est à nos yeux une garantie de sécurité alimentaire. Par contre, il nous apparaît nécessaire de mieux répartir les aides actuelles. Actuellement, les agriculteurs touchent une aide à l’hectare identique, quelque que soit la superficie de l’exploitation. Il y a convergence nationale et européenne. Le plafond est fixé à 300 000 €, mais à partir de 150 000 €, il y a une dépréciation de l’aide à l’hectare. Ce dispositif tend à favoriser les grosses structures et l’agrandissement. Nous nous prononçons pour une répartition des aides européennes orientées vers l’emploi. Mon souhait est que soit prise en compte la notion de travail et du nombre de personnes sur l’exploitation. La France a perdu en dix ans, un peu plus du quart de ses agriculteurs. Si le système actuel perdure, le nombre d’agriculteurs sera de 150 000 d’ici une décennie. Cette réorientation de la PAC est la seule façon de maintenir des petites et moyennes exploitations qui contribuent à la sauvegarde de nos espaces ruraux.

@! –  Comment selon vous peut –on rétablir de meilleurs rapports de force entre petits producteurs locaux et grande distribution ?
Germinal Peiro : Le souci de bon nombre d’agriculteurs est de se faire respecter des ditributeurs. Notre volonté est de leur donner les moyens pour se regrouper et qu’ensemble ils puissent négocier  avec la grande distribution dans le cadre de contrats collectifs. Dans le cas du lait, plusieurs laiteries poussent les éleveurs à signer des contrats individuels. Les producteurs se retrouvent ainsi liés à leur distributeur sans pouvoir négocier. Nous souhaitons mettre en place des contrats de filière, par exemple un pour les fruits et légumes, un autre pour l’activité laitière.

@! – Quelle est votre position sur la culture des OGM ?
Germinal Peiro : Ma position est claire : il s’agit d’une opposition ferme interdisant toutes cultures OGM en plein champ, même si  la recherche publique doit être poursuivie. Nous ne pouvons pas continuer à maintenir un système de cultures au détriment d’autres, comme l’agriculture biologique. C’est encore plus grave pour les apiculteurs qui ne peuvent pas commercialiser le miel des abeilles qui ont butiné les fleurs d’un champ OGM. Quant aux importations, une vraie politique de production de protéagineux réglerait pour une bonne part la question. Elle peut être mise en place rapidement, c’est une question de volonté politique. Les OGM n’ont pas prouvé leur intérêt économique ni agronomique. Nous ne céderons pas à la pression de groupes tels que Monsanto.

@! – Quelle politique comptez -vous menez pour favoriser le renouvellement de générations d’agriculteurs  ? Germinal Peiro : En France, nous avons une installation d’un jeune pour trois départs à la retraite. Un quart relève d’une installation en hors -cadre familial, en Dordogne, c’est environ la moitié. Un candidat à l’installation  est confronté à de nombreuses difficultés lors de la réalisation de son projet. Les exemples sont nombreux et notamment en maraîchage. Parmi ces freins, l’accès au foncier représente sans aucun doute le plus difficile à lever, notamment pour des personnes non issues du milieu agricole. En effet, il faut trouver l’exploitation ou le foncier qui correspond au projet, ensuite il faut y accéder malgré la concurrence et, enfin, il faut pouvoir en financer l’acquisition ou la location. Une des solutions passe par le stockage de foncier, à l’exemple de ce qui a été réalisé en région Poitou –Charentes.  Le projet consiste à permettre  aux Safer, en leur donnant les moyens nécessaires, de constituer des réserves foncières destinées à faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs, par négociation à l’amiable ou par exercice du droit de préemption. Il est aussi possible d’envisager que les communes puissent préempter lorsqu’elles ont connaissance de terres agricoles ou d’exploitations mises en vente sur leur territoire.

@! – Bon nombre de retraités agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, comment comptez vous conduire la réforme des retraites agricoles dans le contexte actuel ?
Germinal Peiro – François Hollande s’est engagé pendant la campagne sur un plan quinquennal pour les retraites agricoles. Nous maintiendrons cet engagement. Il comporte six mesures. La première concerne l’extension de la Retraite complémentaire obligatoire (RCO) aux conjoints et aides familiaux pour les retraités actuels. Cette proposition qui a fait l’objet d’un vote à l’Assemblée début 2010 avait été rejetée par les députés UMP. Nous porterons à 75% du SMIC le montant des retraites des carrières complètes des chefs d’exploitation.  C’est ce que prévoit la loi mais le problème c’est que cela n’a  pas été respecté depuis dix ans. Actuellement, un chef d’exploitation retraité qui a effectué sa carrière complète touche 70, 54 % du SMIC. Nous envisageons de supprimer la condition minimale  de durée d’activités, fixée à 17,5 années pour obtenir le droit de bénéficier de la majoration des retraites. Nous accorderons la réversion de la RCO, afin d’attribuer au conjoint survivant une pension de réversion de la RCO sur les points cotisés par le chef d’exploitation décédé en activité.  Notre volonté est d’appliquer le principe des points combinés à la retraite obligatoire complémentaire. Le conjoint du chef d’exploitation décédé en activité, qui décide de reprendre la ferme, pourra ainsi  demander à ce que les droits à la retraite complémentaire acquis par le défunt soient combinés aux siens. La sixième mesure consiste à accorder le bénéfice de la retraite proportionnelle aux périodes de longue maladie et ou d’infirmité grave. Ce plan sur cinq ans est évalué à 650 millions d’euros, il sera financé par la diminution du nombre de retraités à venir et par la solidarité nationale. Dans ce cadre, nous prévoyons une conférence annuelle sur les retraites agricoles.

Propos recueillis par Claude Hélène Yvard

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