Rentrée des classes 2015 : les politiques sur les bancs de l’école


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Publication PUBLIÉ LE 01/09/2015 PAR Romain Béteille

Elle est traditionnelle, souvent très planifiée et accompagnée d’un discours en bonne et due forme. Elle, c’est la tournée tradtionnelle des élus locaux à l’occasion de la rentrée des classes un peu partout en Gironde ce mardi 1er septembre. Les 136 000 élèves du public et les 12 700 du privé ont fait leur rentrée ce matin. Pour Alain Juppé, c’était l’occasion de venir rendre visite à l’école élémentaire Condorcet, à Bordeaux, choisie pour ses importants travaux et agrandissements et le renforcement de son équipe éducative effectué entre juin et septembre.

Une politique santé singulière« Après quelques tâtonnements, nous avons mis en place la réforme des rythmes scolaires qui fonctionne bien dans les écoles élémentaires. Elle propose une heure et demi d’activité sportive etculturelle par semaine que nous allons développer en nous appuyant sur la maison de quartier. Une des spécificités de Bordeaux se situe également au niveau de la santé, nous avons des centres de santé scolaire avec des médecins qui procèdent à des examens réguliers des enfants. En tout, plus de 6000 bilans sont effectués chaque année dans un peu plus d’une dizaine de villes en France », a affirmé le maire de Bordeaux.

La ville a également signé une convention récente avec l’Université de Lille pour procéder à une évaluation scientifique de l’éducation numérique déployée dans la ville (notamment par le dispositif des tablettes déployé dans les écoles). Reste à savoir si ces équipements sont déployés dans toutes les écoles de la Métropole et si chaque établissement a pu faire sa rentrée sereinement. Avec un budget de 51 millions d’euros consacré à l’éducation (le premier budget municipal), Bordeaux semble pourtant vouloir s’en donner les moyens. 

Une préfiguration de la réforme des collègesLes nouveautés ne sont pas seulement esthétiques, elles interviennent aussi dans les programmes, comme le souligne Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Bordeaux. « La priorité a été donnée à deux réformes importantes. L’école maternelle constitue désormais un cycle à part entière sans année à cheval entre la grande section et le CP. Les programmes ont également été revisités pour faciliter les premiers apprentissages langagiers, développer la sociabilité des enfants. Nous mettons en oeuvre une réforme importante de l’éducation prioritaire en renforçant l’accueil de moins de 3 ans et le dispositif « plus de maîtres que de classes » qui consiste à avoir un professeur supplémentaire qui peut intervenir auprès des élèves qui auraient des besoins particuliers.  Enfin, les enseignants des réseaux bénéficieront d’un régime indemnitaire revalorisé (+50% pour les ZEP et +100% pour les « ZEP plus »).  Pour rappel, l’Académie de Bordeaux compte 34 réseaux de ZEP dont trois d’éducation prioritaire renforcés : deux à Lormont et une à Bordeaux autour du collège Blanqui). Les mesures devraient s’appliquer à l’ensemble de ces zones. 

« Tout cela annonce les importantes réformes qui seront mises en oeuvre à la rentrée 2016 avec une réforme globale de la scolarité obligatoire, la modification du socle commun de compétences, de connaissances et d’écriture, la mise en oeuvre de nouveaux cycles sur la totalité du parcours et une nouvelle architecture des enseignements des collèges », poursuit le responsable. L’éducation nationale a beau être optimiste, l’intersyndicale des enseignants a déjà annoncé un mouvement de grève prévu à la mi-septembre et une manifestation nationale en octobre, juste avant les vacances de la Toussaint.

Pour Alain Rousset, président de la région Aquitaine en visite ce matin dans trois lycées de Gradignan et Pessac (où des travaux ont été réalisés au lycée de l’Erea notamment au niveau de l’internat et de l’administration), la réforme « va plutôt dans le bon sens. Cette espèce de résistance des corps sociaux en France à tout mouvement me trouble. On s’aperçoit que notre système marche mal, même si notre financement est élevé. Il y a une résistance à l’amélioration et au changement. Cette résistance est aussi liée à la centralisation de l’éducation. Si elle a produit de la réussite pendant un siècle, nous avons besoin aujourd’hui de plus nous situer dans l’expérimentation », assure-t-il. 

Alain Rousset, lui, a préféré axer son discours sur l'avenir des lycéens dans les entreprises d'Aquitaine 

De nouveaux dispositifsLa région, elle, investit pourtant 115 millions d’euros par an à la rénovation des lycées, un budget « quasi-constant » depuis quatre ans. Petite nouveauté cette année inspirée d’un dispositif québécois qui aurait, selon les derniers chiffres, permis de diviser par deux l’échec scolaire : le modèle Allô-prof s’invite en Aquitaine. En phase d’expérimentation, il permet une aide aux devoirs gratuite et personnalisée par le numérique, et vise à lutter contre les quelques 150 000 jeunes qui sont en situation de décrochage scolaire et ont un impact direct sur la place de la France dans le rapport PISA (18ème place sur 34 pays). Une aide gratuite qui viendrait indirectement concurrencer le travail des profs ?

En tout cas, le souhait d’Alain Juppé d’augmenter leur salaire de 10% au niveau national ne lui semble pas si irréalisable, comme il l’a confirmé ce matin. « Nos enseignants sont mal payés, toutes les comparaisons le montrent. Ca fait partie du malaise. Cette question de la rémunération ne doit pas être éludée, elle est particulièrement aïgue dans l’enseignement élémentaire. Il faut faire un rattrapage par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne. Le budget de l’éducation nationale est de 65 milliards d’euros. Le plan que j’ai proposé coûterait environ 4 milliards, soit 0,67% de ce budget. Il y a bien des marges de manoeuvre ». Au jeu des questions réponses, le président de la région Aquitaine et candidat aux régionales met le maire de Bordeaux face à ses contradictions : « Il y a une chose que je ne comprends pas dans les propositions d’Alain Juppé et des leaders de la droite. Je comprends cette volonté d’augmenter les rémunérations des profs, mais elle est en contradiction avec une autre proposition qui est de baisser le budget de l’Etat de 150 milliards. Cette contradiction devrait être réglée », a-t-il demandé. 

Jean-Luc Gleyze a quant à lui privilégié l'agriculture bio et la lutte contre le gaspillage alimentaire dans une cantine de Saint-Médard en Jalles

De son côté, Jean-Luc Gleyze a silloné la Gironde, entre Saint-Ciers, Lormont et Saint-Médard en Jalles, trois établissement qui un proposé des projets innovants d’économie d’énergie, de cantines bio et anti-gaspillages ou d’éducation au numérique. Le Collège François Mauriac et le collège Saint-André de Bordeaux ont d’ailleurs obtenu, des aveux du président du département, le label « territoire bio engagé », qui récompense les cantines scolaires qui proposent au moins 20% de bio au menu. Ce n’est pas une première, puisque la Gironde avait été le premier département a obtenir ce label en 2014, et le département mise bien sur ce ressort prestigieux pour inciter plus d’établissements à s’engager dans cette démarche. Trois visites qui ont, une fois de plus prouvé que la rentrée de nos chers bambins nourrit aussi largement le jeu politique, à moins de quatre mois d’un scrutin régional qui compte bien rediviser la France. 

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