GRANDE REGION: Entretien – Virginie Calmels: les centres de décision ne doivent pas être concentrés à Bordeaux


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 06/07/2015 PAR Joël AUBERT

Un sacré challenge pour une femme dont tous les pores de la peau respirent l’entreprise, celle qu’elle a connue de façon exécutive à Canal, Eurodisney ou Endemol dont elle a démissionné pour répondre à la sollicitation du maire de Bordeaux, là où on ne l’attendait pas, mais où elle est entrée avec un engagement qui n’est pas de demi-mesure. «  Alain Juppé m’a proposé de rejoindre son équipe aux municipales rappelle-t-elle ; ce n’était pas du tout prévu, mais je n’ai pas hésité trop longtemps, car j’ai pensé que j’allais le regretter ». Au passage, lorsqu’on évoque la réaction, pas très amène à son égard, du Béarnais Jean Lasalle, député Modem, qui briguait la tête de liste régionale, elle dit le comprendre et salue « son authenticité » Traduisons : entre sincérité et habileté, Virginie Calmels épouse les codes avec naturel. 

Six femmes, six hommes : douze départementsAujourd’hui, elle sillonne les douze départements de la Grande Région, accompagnée de son directeur de campagne, le périgourdin Jérôme Peyrat, maire de la Roque-Gajeac, et met la dernière main à ses listes départementales qu’elle dévoilera, ce 10 juillet, à Ribérac. A deux pas du centre géographique de cette « Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes » qui, si cela ne tenait qu’à elle s’appellerait Sud Ouest. Des listes où la parité sera respectée : six départements avec des femmes en tête et six avec des hommes.

Quelle est-elle ? Ou, du moins, que faut-il comprendre des raisons qui l’ont poussée à apparaître sur le devant de la scène politique régionale ? Comment aborde-t-elle cette compétition qu’elle sait relevée compte tenu de la personnalité et de l’expérience d’Alain Rousset ? Elle a d’abord répondu à nos questions, lors d’un entretien à deux pas du Palais Rohan, la mairie de Bordeaux, puis après avoir rencontré, en compagnie de Nicolas Florian, le conseil municipal de Sauveterre de Guyenne chez Yves d’Amécourt, elle a révélé une réelle application à prendre des notes. C’était au cœur du chai à barriques de la cave viticole de Rauzan, dans l’entre-deux Mers, dans le fief du sénateur Gérard César, après la visite d’usage. Bernard Farge président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux et Bernard Solans, président de la Fédération des Caves Coopératives Viticoles d’Aquitaine, lui ont présenté la situation d’un secteur qui pèse en Gironde quelques quatre milliards.

Ce qu’elle dit : Morceaux choisisMes origines ? «  Ici, dans cette Grande région je suis proche de mes racines terriennes ; née à Talence j’ai vécu six ans à Bordeaux puis six ans en Charente-Maritime à Jonzac avant, ensuite de vivre à Chartres. Je suis un pur produit provincial et en particulier du sud-ouest. Ma mère est née à Rocamadour, mon père en Algérie dans l’Oranais. Rapatrié en 1963, il a repris une propriété viticole dans l’Armagnac gersois près de Condom. Quand j’entends dire que je suis parisienne ça m’amuse parce que je n’ai rien de parisien, mais, en revanche, je fais partie de ces provinciaux qui ont rejoint Paris pour des raisons professionnelles. »

La politique ? « Depuis que je suis enfant, j’ai toujours aimé la politique ; j’ai toujours pensé que je m’y investirai un jour parce que je crois à la capacité du politique d’agir sur les choses, de transformer la vie des gens, à se mettre à leurs services, de façon désintéressée. Quand on a eu la chance d’avoir des responsabilités jeune et d’avoir eu une carrière professionnelle très dense on peut trouver de la place pour faire des choses de façon désintéressée. Pourquoi maintenant ?… J’ai fait un choix de vie, car, pour une mère de famille, la politique c’est très chronophage, mais avec des enfants petits ça a d’autres avantages : ils ne lisent pas la presse et sont protégés de l’exposition médiatique. »

Le pouvoir ? « Je ne recherche pas le pouvoir pour le pouvoir. Le rapport au pouvoir, à la notoriété, ce n’est pas mon moteur. Je suis attachée à la capacité à faire.. J’aime être dans l’action Je ne sais pas pour combien de temps je m’engagerai en politique… Et si je ferai un mandat comme présidente de région ou deux ? Si j’arrêterai… »

Alain Juppé ? « La théorie que je développe pour Alain Juppé, c’est qu’on est beaucoup plus courageux, il me semble, pour être chef de l’État et grand réformateur si on fait un mandat unique et ne se préoccupe pas de sa réélection.»

Ma candidature aux Régionales ? « Plusieurs élus du Grand Sud Ouest, d’Aquitaine, ont proposé ma candidature à Alain Juppé, il y a plus de six mois. Dès lors que Jean-Pierre Raffarin, pressenti comme le candidat naturel, n’entendait pas mener ce combat et que Dominique Bussereau avait fait le choix des départements ( NDLR il est aujourd’hui président de l’ Association des Départements de France ) ils ont pensé que j’avais le profil adéquat pour diriger cette grande région, moi qui avais dirigé et géré de grands groupes, 15000 salariés chez Eurosdisney, 8000 chez Endemol.»

Jean Lassalle ? « Je m’entends bien avec lui, c’est un homme pour qui j’ai beaucoup de respect; j’aime l’authenticité; il a ressenti une blessure affective de ne pas être choisi ; il a simplement noté mon absence de notoriété ; je ne peux pas lui en vouloir. »

Ses rencontres ? «  Je passe pas mal de temps dans le monde agricole. J’y rencontre, chez les citoyens, du bon sens, celui qui aurait disparu du monde politique, j’y découvre aussi l’accumulation des normes, les lenteurs d’une administration qui ne répond plus, le poids de l’écologie. Tout le monde a envie de préserver la faune et la flore, mais promouvoir le « bio » c’est un acte politique et il n’y a pas que le « bio » ; là la politique doit jouer un rôle majeur, faire œuvre de pédagogie et de courage contre le politiquement correct.»

Une autre politique pour la Grande Région ? « Je crois à une politique économique de droite, à une forme de gestion des hommes et des femmes; j’ai envie de le démontrer. Mon opposant me dit: il faut deux fois plus d’argent public pour inverser la courbe du chômage ; je ne crois pas à cela, c’est une idéologie que je combattrai. La gestion des priorités doit être une préoccupation majeure. En soutenant, en premier, l’industrie notamment aéronautique, mon opposant fait un choix structurant laissant de côté les artisans, les commerçants, les TPE … La complexité des règlements d’intervention empêche nombre de TPE d’accéder à l’aide régionale. »

La LGV, les Routes ? « D’opposants à la LGV, il n’y en a presque pas, c’est sur les tracés qu’on commence à en avoir… Mais comment on finance ? Il faut être très pragmatique et, là, si je suis favorable à un désenclavement territorial je ne peux pas me désintéresser des routes. J’ai, personnellement, un rapport au pays avec les routes qui est souvent plus court qu’avec un TGV. Le président sortant considère que les routes ce n’est pas de sa responsabilité, dans ses compétences. On ne peut pas se faire le chantre du développement économique et ne pas se préoccuper des routes.»

La Grande Région et la décentralisation ? « Les centres de décision ne doivent pas être concentrés à Bordeaux. Pourquoi puis-je le dire ? Parce que je sais que ça marche, ce qu’est le travail en réseau, notamment grâce au numérique ; j’ai dirigé de grandes organisations. Notre enjeu collectif est de réduire le temps et la distance. »

La Fonction Publique territoriale ? «  Elle aspire aussi à des profils comme le mien. Je reçois plein de messages de gens de la Région qui me disent : nous espérons que vous serez élue. Pourquoi ? Parce qu’il faut sortir de la conception d’une fonction publique qui ne serait que de gauche. Ces gens-là considèrent peut-être qu’il y a des problèmes de management, dans le mode opérationnel quotidien.»

L’apprentissage ? C’est un sujet majeur. Il faut mettre en adéquation les objectifs et les moyens. La Région Aquitaine ne peut s’enorgueillir d’avoir la croissance la plus élevée du chômage des jeunes. Pour moi ce n’est pas une fatalité.»

L’identité de la Grande Région ? « Si on m’avait demandé, il y a trois ou quatre ans, indépendamment de la politique, d’où êtes-vous ? J’aurais répondu : je suis une fille du sud-ouest. Ici les gens ont un très fort attachement à ce que ça veut dire « être du Sud Ouest ». Je suis dans moi. Nous avons un rapport avec le Bien Vivre, la bonne bouffe, la gastronomie, la beauté. Notre région est sublime. Tout est beau, sublimement beau et le beau ça vous tire vers le haut.»

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