Huis clos inédit pour l’installation du conseil municipal de Châtellerault


Nicolas Mahu
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Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 03/06/2020 PAR Julien PRIVAT

C’est d’une manière inédite que la réunion du premier conseil municipal de Châtellerault s’est tenue ce jeudi 28 mai à 17h30. À huis clos, sans public, sans journaliste. Dans un lieu inédit : le complexe culturel de l’Angelarde, qui peut accueillir de 1 000 à 2 900 personnes selon les configurations. Des tables disposées en U, une par conseiller municipal pour respecter la distance entre chacun et avec papiers, stylos personnels, et gel hydroalcoolique. Des dispositions pour respecter au mieux les préconisations du conseil scientifique Covid-19. Le masque était bien sûr obligatoire. Cette première réunion du conseil municipal de Châtellerault se limitait à un sujet : l’installation du conseil… « On a choisi après concertation une séance sans public mais avec transmission et on a un ordre du jour très limité qui se réduit à l’élection de l’exécutif », avertit en préambule, Jean-Pierre Abelin, maire sortant de Châtellerault, dont la liste est arrivée en tête du 1er tour des élections municipales avec 50,27% des suffrages exprimés. 

Après quelques approximations, tout est en ordre de marche. Le président de séance, qui est le plus âgé des conseillers municipaux, procède d’abord à l’élection du maire après la lecture du résultat des élections municipales et l’évocation des 39 conseillers municipaux élus. Chacun des élus a donc procédé au vote via un bout de papier et une urne qui faisait le tour de l’assemblée pour récolter les bulletins. Deux assesseurs ont été désignés pour le dépouillement. Résultat sur les 39 votants, Jean-Pierre Abelin obtient 31 voix (soit la totalité des voix de sa liste), 3 bulletins nuls, 1 blanc, David Simonet (Parti communiste français) récolte 2 voix, tout comme Marion Latus (Rassemblement national). En conséquence, Jean-Pierre Abelin est élu maire de Châtellerault. 

Retour sur le Covid-19

Sous les applaudissements de ses colistiers, Jean-Pierre Abelin enchaîne un troisième mandat en tant que maire de Châtellerault. Il a remercié les personnes de sa liste mais surtout la population châtelleraudaise « pour la confiance qu’elle nous a manifesté qui malgré la présence de sept listes nous élit dès le premier tour. C’est pour nous une reconnaissance du travail accompli, c’est aussi une obligation exigeante de poursuivre notre action et de valoriser les atouts de notre territoire dans une période marquée par une pandémie qui n’est toujours pas vaincue. Après un confinement qui va voir des conséquences extrêmement négatives sur un plan économique et social. » Un discours qui a bien sûr tourné autour de la situation sanitaire avec le remerciement de toutes les personnes soignantes en première ligne mais aussi d’autres professions dont il est fait moins allusion.
Le maire nouvellement élu en a profité aussi pour revenir sur les 55 jours de confinement où « nous avons dû adapter nos actions en permanence aux prescriptions nationales en liaison étroite avec le sous préfet,  en participant à la sécurité civile et sanitaire, en soutenant sur le plan social les plus fragiles ».
Un Covid-19 qui va forcément avoir des répercussions sur son programme et les décisions à venir de la part du nouveau conseil municipal. Jean-Pierre Abelin avertit que « la feuille de route que nous avons présenté aux Châtelleraudais va nous amener à bosser, à renforcer certaines positions. Nous allons étaler dans le temps certains de nos projets, en imaginer d’autres ». Le maire a ensuite précisé qu’il était trop tôt pour tirer une leçon de la crise. Cependant il paraît inquiet pour la ville et l’agglomération châtelleraudaises tournées vers l’industrie. « Des points forts sont apparus durant cette crise : favoriser le télétravail, lutter contre la fracture numérique, réindustrialiser et réorienter l’industrie sur certains secteurs stratégiques, certains métiers ». Jean-Pierre Abelin compte limiter la casse industrielle et commerciale en relançant un chantier d’attractivité du territoire et en préparant un plan de soutien au commerce local.

Jean-Pierre Abelin enchaîne un troisième mandat à la mairie de Châtellerault.

Après ce discours, place au vote des adjoints. Ils seront onze. Le nombre maximal. Didier Simonet, candidat PCF à la mairie de Châtellerault, est intervenu pour faire remarquer qu’il n’accepte pas ce nombre d’adjoints, pour lui trop élevé. « Nous pensions réduire ce nombre de moitié et le ramener à six, précise-t-il dans son intervention avant de commenter. Avec la crise économique qui nous attend, ce n’est plus raisonnable d’entretenir une armée mexicaine ». Plusieurs objectifs à cette baisse parmi ceux avancés, une économie d’argent. Jean-Pierre Abelin lui a rétorqué : « La première réunion municipale n’est pas un lieu de débat, la préconisation est qu’elle doit durer le moins longtemps possible. Je répondrai au prochain conseil municipal. Il y a une argumentation un peu populiste dans votre discours… » Ce sont donc bien onze adjoints qui ont été élus par le conseil municipal à la suite de ce premier débat, avec quelques contradictions. Autre vote, celui du maire délégué de Targé, commune associée à Châtellerault depuis 1972, c’est Stéphane Raynaud, seul candidat qui a été élu.

Masqués et à distance, les 39 conseillers municipaux ont élu Jean-Pierre Abelin, maire de Châtellerault

Questions de l’opposition 

Mais comme tout conseil municipal, et même si celui-ci se devait d’être le plus court possible, il y a tout de même eu un temps d’échanges. Françoise Méry, qui se présente elle-même de l’opposition citoyenne de gauche écologiste, est revenue sur l’élection et son abstention record de 66,5%. « Nous sommes tous et toutes élus sur une base démocratique très faible. 33,5% de votants, ce qui pose un véritable problème de représentativité et de légitimé et nous devons bien le reconnaître avec humilité. Durant les six prochaines années, il vous reviendra de vous rappeler et surtout de prendre en compte que seulement un électeur sur six a voté pour vous pour que vous appliquiez avec objectivité vos décisions durant ce mandat, nous y veillerons ». Celle qui est arrivée deuxième aux élections municipales propose d’ailleurs de participer à un groupe de travail pour l’après crise. « Nous accepterions de participer à un groupe de travail dédié à l’après crise et destiné à trouver des moyens efficaces et novateurs de soutenir et redynamiser l’ensemble des acteurs économiques, culturels, associatifs, sportifs de la ville, voire de l’agglomération ». Avant d’enchaîner en lançant deux ou trois remarques sur la gestion du Covid-19 et notamment sur la distribution des masques à Jean-Pierre Abelin. « Nous sommes la deuxième plus grosse ville du département et l’une des dernières à procéder à la distribution de masques », reproche-t-elle. Réponse immédiate de la part du maire. « Je ne peux pas laisser sans réponse les dernières interrogations. Je me réjouis que vous puissiez participer à un groupe de travail, on va voir sous quelle forme, entre les élus de la ville et les élus de l’agglomération je pense qu’il faut avoir l’ensemble des intervenants et des responsables pour réfléchir sur la crise, les conséquences et les propositions qu’on peut faire pour améliorer la situation. Sur les masques je suis stupéfait de votre question et elle prouve que vous ne savez pas qu’elle a été la politique de la ville. On a réuni des masques et des blouses au niveau des entreprises du bassin. On en a redonné à beaucoup de gens dans des situations difficiles, à des soignants et à tout le personnel des communes de l’agglomération ». Un peu d’agacement se fait sentir.

D’autant plus que David Simon (La République En Marche) demande la parole, alors que la séance devait se conclure. Après un bref échange de politesse, entre le maire et lui, David Simon est revenu sur des propositions pour relancer le commerce en centre-ville, citant l’exemple de bons d’achat qui ont été mis en place, notamment à Tours (Indre-et-Loire) ou à Vitry-le-François (Marne). Lui aussi a proposé d’intégrer ce groupe de travail sur l’après crise. Jean-Pierre Abelin lui a répondu, et ce fut son dernier mot, à savoir que Châtellerault était « en train de travailler sur un programme pour la bonne santé des commerces et le retour du commerce local. Nous avons plusieurs propositions que nous sommes en train d’évaluer pour répondre à ces problèmes. Les premières devraient être mises en oeuvre début septembre. »

Un conseil inédit 

Après, plus d’une heure quarante de séance d’installation du nouveau conseil municipal, les débats sont clos. Une installation inédite, dans un lieu différent que d’habitude à huis clos, sans public ni journaliste mais diffusé sur la page Facebook de la mairie de Châtellerault. Une nouvelle formule qui risque d’être reprise sans doute pour la prochaine réunion du conseil municipal qui devrait se tenir le 18 juin. En attendant, à ce jour, plus de 3 000 personnes ont regardé (pas forcément entièrement) cette séance du conseil municipal. Cela fait bien sûr plus de public touché que lors des traditionnelles séances dans la salle du conseil. Cependant, les journalistes locaux ont eu un peu de difficultés pour faire leur travail, poser des questions, recueillir des réactions auprès des élus à la fin de la séance. Il y a sans doute quelques adaptations à trouver encore. 

Dans la Vienne, 240 communes ont installé leurs nouveaux conseillers municipaux et maires entre le 23 et le 28 mai. Le 2nd tour des élections municipales organisé le 28 juin prochain concernera 25 communes le 28 juin. Et deux villages reste toujours sans candidat : Berthegon et Cherves. 

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