Ile de Ré : Nicole Belloubet promet 600 000 € pour restaurer La Citadelle


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/07/2019 PAR Anne-Lise Durif

@qui! : Pour quelle raison êtes-vous venue visiter la prison de Saint-Martin-de-Ré ?

N.B: Je suis venue pour voir cette Maison Centrale dont j’entends parler depuis que j’ai été nommée ministre, car je ne me rendais pas compte de la dissociation en deux parties entre la Centrale et la Citadelle – je pensais que c’était plus près – donc c’est important de mesurer les distances. Je m’aperçois que c’est un bâtiment qui a une valeur historique extraordinaire, en lien avec celle du bagne, donc dans l’histoire de l’administration pénitentiaire c’est un bâtiment qui a du sens. Dans l’ensemble, je constate que c’est un bâtiment ancien mais bien entretenu. Il y a bien sûr des travaux à faire et c’est ce que nous sommes venus dire avec cette réfection prévue du mur d’enceinte sur 40 mètres linéaires pour un investissement à minima de 600 000 €. Il y a sûrement d’autres éléments à reprendre. J’ai demandé au directeur régional de l’administration pénitentiaire que l’on fasse un diagnostic de l’ensemble de l’enceinte pour voir où ils y auraient  des priorités. Concernant l’intérieur, il y a bien sûr des améliorations à apporter. Au fond, la dissociation de ce bâtiment sur deux lieux fait que nous devons doubler les différentes prises en charge : cuisine, l’unité médicale, etc. Des travaux importants ont été fait, notamment à La Citadelle, en aménageant le gymnase, des cours intérieures, qui, je crois, amène un peu d’apaisement dans la gestion de la détention, même s’il reste des choses à faire, comme dans tous les établissements pénitentiaires.

@!: Vous avez été interpellée durant la visite par les professionnels de la justice sur des manques concernant l’hospitalisation des détenus, pour les soins mais aussi la prise en charge psychiatrique… Quelle réponse apportez-vous ?

N.B: Ici il y a deux unités médicales à l’intérieur de l’établissement, qui assure la prise en charge médicale des détenus au quotidien. Les juges d’instruction et d’application des peines m’ont fait part de deux manques. D’une part d’un centre de semi-liberté dans le département, car il n’y a que deux places à Rochefort, qui n’est pas un Central. C’est un point sur lequel nous allons réfléchir. Nous allons déjà mettre en place deux structures d’accompagnement vers la sortie, qui sont des structures d’accompagnement en fin de peine, à Poitiers et à Gradignan. Elles m’ont alerté sur l’intérêt qu’il y aurait à avoir un centre de semi liberté et également sur l’intérêt d’une structure médicale de prise en charge régionale du point de vue des pathologies psychiatriques. Nous devons y réfléchir. C’est un dialogue à mener avec l’ARS et confronter nos capacités à y répondre. De manière générale en France, nous avons des difficultés dans la prise en charge psychiatrique. C’est la raison pour laquelle la semaine dernière avec la ministre de la Santé nous avons présenté une feuille de route sur la Santé, et en particulier la santé mentale.

@!: La prison de l’île de Ré, comme ailleurs, connaît régulièrement des agressions de surveillants. Il y avait eu un mouvement de ces derniers en l’hiver dernier, qu’avez-vous mis en place depuis ?

N.B: J’ai dialogué avec quelques-uns des surveillants que j’ai croisé. Et mon conseiller avait reçu les organisations syndicales longuement. Ce qui m’a été dit concernant la sécurité, c’est que l’équipement s’améliore, comme de nouveaux gilets adaptés. Ils m’ont fait part de l’intérêt d’avoir des pistolets à impulsion électrique – au moins pour les gradés, ou des capsules de gaz incapacitants. C’est une demande issue du mouvement social de janvier dernier et nous nous sommes engagés à mettre en place des groupes de travail pour expérimenter de nouveaux outils qui permettent aux surveillants de se protéger. L’expérimentation va démarrer bientôt dans un certain nombre d’établissements mais pas dans celui-ci. Nous ne pouvons pas développer ce type d’outils sans expérimentation car une arme peut aussi être retournée contre son possesseur, donc il faut voir précisément qui  les utilisent et dans quelles conditions. En fonction nous déploierons ces équipements.


Le point de vue des juges

La juge Candice Gratecos, vice-présidente chargée de l’application des peines au tribunal de grand instance de La Rochelle, a interpellé la ministre sur l’absence de centre d’accueil psychologique pour détenus. Elle explique :

« Il n’y a pas de service médico-psychologique régionale (SMPR) qui permette d’héberger ceux qui ont les pathologies les plus lourdes au sein de l’établissement, et donc il est impératif systématiquement de les envoyer dans d’autres établissements possédant des SMPR, comme Poitiers, Vivonne ou Gradignan. Le problème, c’est que les détenus de Saint-Martin de Ré sont là pour exécuter une très longue peine, ils sont habitués à être au sein d’une maison centrale, ils y sont des années, ils y travaillent, et s’ils sont amenés à partir dans un autre établissement pour une hospitalisation, ils perdent leur ressource. Généralement, ils sont en rupture familiale et n’ont pas d’autres revenus que ce qu’ils gagnent par leur travail en détention. Au vu de l’importance du public accueilli ici (332 détenus) dans l’absolu, il serait judicieux qu’il y ait un service médico-psychologique régional au sein même de la maison centrale avec une équipe médicale pluridisciplinaire qui soit en mesure de traiter localement les personnes qui veulent rester. Par exemple, nous avons des personnes qui souffrent parfois de problèmes psychiatriques même jeune ou des personnes très âgées qui montrent des signes de démence sénile qui nécessiterait une prise en charge plus importante, malgré la bienveillance et l’investissement des professionnels de Santé qui interviennent ici. »

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