Interview : Alain Rousset: Quand la Région gère les crédits européens…


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2014 PAR Joël AUBERT

@qui! – La Région, gestionnaire de crédits européens importants: en ces temps où l’Europe est montrée du doigt n’est-ce pas une évolution importante? Qu’est-ce ça représente?

Alain Rousset – Cette revendication, je la porte depuis de longues années comme tous les présidents de région, comme dans tous les pays européens.. Comment gérer les fonds structurels au service du développement ? Ces fonds, en gros, pour l’Aquitaine c’est un peu plus de un milliard d’euros sur sept ans, dont 600 millions d’euros, simplement, sur le FEADER c’est à dire le développement rural. Une date à retenir: c’est le 12 septembre 2012, lors d’une réunion des présidents de Région avec le président de la république qu’a été acté ce transfert. Deuxième date : fin 2012-13 la négociation par le président de la république des crédits européens, et notamment de ceux destinés à l’agriculture. Une augmention considérable  a été obtenue sur deux grands thèmes fléchés par l’Etat. Certes, la Région doit, d’une certaine manière, rentrer dans des clous que le gouvernement a négociés, que le ministre de l’agriculture a négociés avec les organisations professionnelles;  c’est à dire les indemnités compensatrices de handicap naturel (ICHN)  et l’installation des jeunes agriculteurs.

@aqui ! – Ces aides sont  importantes pour l’économie de montagne de la région ?

A. R. –  Oui, dans les Pyrénées-Atlantiques et plus encore en Midi-Pyrénées qui a 50% de la chaîne pyrénéenne et en plus une partie du Massif Central. Ces deux politiques, indemnités compensatoires de handicap naturel et installation des jeunes agriculteurs font entre 70 et 80 % des crédits. On pourrait se dire: Qu’est ce que la Région a à gagner alors que 80% des crédits sont déjà fléchés ? Si ce n’est de dépenser de l’argent en instruction… En réalité le gain est triple.

D’abord parce que nous avons, ici,  la maîtrise technique de dossiers cruciaux pour l’Aquitaine; à commencer par l’installation des jeunes agriculteurs, en facilitant la simplification des procédures. L’audit que nous avons conduit au sein de la Région montre que l’installation des Jeunes Agriculteurs est d’une complexité qui en ralentit la réalisation. Et, d’une certaine manière, je suis très heureux puisque la Région intervient, de pouvoir accompagner l’installation de centaines de Jeunes pour les aider, qui à reprendre les fermes de famille, qui à s’installer…..

Ensuite, parce que cette gestion décentralisée c’est la reconnaissance d’une responsabilité de proximité pour mener une stratégie agricole qui n’est pas vue que de Bruxelles, ni Paris. Comment j’installe des jeunes, comment je forme des jeunes ou des moins jeunes d’ailleurs,  des « hors cadres familiaux », quelqu’un qui veut changer de métier en cours de vie, cette catégorie là qui subit le plus d’échecs, d’ailleurs par manque de formation? Comment je maintiens l’emploi agricole? La Région a la compétence de formation, en cohérence avec celle du développement économique. On ne peut pas assurer le développement économique sans des hommes, des femmes, formés qui reprennent les entreprises ou en créent de nouvelles; la problématique est la même dans le monde agricole que dans le monde industriel.

Enfin, et c’est le troisième point  de satisfaction: la Région est partenaire de l’Europe, dans une stratégie de développement qui prend en compe les différences, l’adaptation aux réalités territoriales. Tous les territoires européens et français ne sont pas homogènes: l’agriculture d’Auvergne de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur n’est pas la même que celle d’Aquitaine. De quelle façon on accompagne la replantation de la forêt? 60 millions d’euros sont fléchés sur la forêt. Beaucoup de choses ont été faites. Une grande partie des bois issus de la tempête a été évacuée et les terrains ont été nettoyés; il faut replanter à l’hectare près, à l’arbre près, tant la forêt, le bois, tant la cellulose seront, demain, au cœur du projet économique d l’Aquitaine et de la chimie verte….Il y a aussi des actions sur le verdissement, sur le foncier, le développemment rural en général. Bref, une compétence nouvelle qui est totalement synchrone, cohérente, avec les actions que nous menons. Le Conseil régional, avec ces moyens nouveaux, va pouvoir être plus efficace pour le développement de son territoire et l’innovation.

@qui ! – Cette prise de responsabilité du FEADER, du Fonds de Développement rural est-elle de nature à encourager cette politique de l’installation que vous défendez?…

A .R . – L’idée est bien de faire entrer la notion d’innovation dans l’ensemble de l’agriculture d’Aquitaine. Préparer l’avenir de l’agriculture d’Aquitaine, c’est d’abord permettre le renouvellement des générations et maintenir l’emploi agricole, c’est à dire concevoir un mode d’exploitation soutenable, rentable, respectant les contraintes environnementales et n’ayant pas sur la tête la réduction du foncier, l’inquiétude d’accidents climatiques… Maintenir l’emploi c’est aussi développer de nouvelles formes d’agricultures comme les serres. Ne pas opposer l’agriculture de proximité, l’agriculture bio et l’agriculture traditionnelle mais penser une convergence. S’il est une activité qui conçoit que rien n’est plus important que de laisser un territoire, un terroir à ses enfants c’est l’essentiel, c’est bien celle-là. Le projet c’est de permettre, aussi, que des revenus complémentaires liés à l’énergie ( le solaire sur le bâtiment, les méthaniseurs), au tourisme à la ferme, se développent.

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