Interview- Bernard Cazeau, sans le département il y aurait un fossé géant entre Communes, Intercommunalités et Régions


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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 20/09/2014 PAR Joël AUBERT

@qui! –  Bernard Cazeau on est maintenant fixé quant au calendrier des élections départementales. Elles auront lieu en mars…
Bernard Cazeau – ( rire) Il vaut mieux connaître la date… On a eu plusieurs dates : juin, septembre, décembre…aujourd’hui nous savons que ce sera en mars, d’ailleurs comme cela aurait dû tomber . Je pense que le Conseil constitutionnel a dû donner son avis et que cela a été fixé à la date prévue. Maintenant, aussitôt après les élections sénatoriales (ce 28 septembre) on va partir en campagne, aider nos candidats pour essayer de conserver le département, où, aujourd’hui nous avons 80% des élus.

@! – Cette élection est marquée par la création de nouvelles circonscriptions cantonales et l’institution de la parité. Vous avez trouvé des candidates en nombre suffisant prêtes à s’engager ?

Vive la paritéB. C. – Oui ça ne pose aucun problème. Il y a beaucoup de femmes qui du fait de la parité, sont parties dans les élections, et notamment dans les muncipalités. Je suis étonné du nombre de femmes maires que je rencontre, des femmes jeunes ou jeunes retraitées. Nous allons trouver des femmes pour ces élections au département ; il faudra faire des choix. Quand vous pensez, qu’aujourd’hui, malgré tous les efforts que j’ai faits précédemment nous n’avons que quatre femmes sur 50 conseillers généraux… J’apprécie d’ailleurs, beaucoup, le travail qu’elles font ; elles sont plus pragmatiques s’intéressent au terrain, à la vie locale.

@! – Rappelez nous combien il y aura de cantons demain en Dordogne…
B. C. – Il y avait 50 cantons avec chacun un conseiller général, il y en aura 25 avec deux conseillers, une femme et un homme

@! – Plus de débats en vue sur le nouveau découpage de ces cantons ?
B. C. – Il y a eu une volonté nationale de la part de l’UMP de porter l’affaire devant le Conseil d’Etat. Mais comme ce n’est pas suspensif certainement qu’ils seront déboutés. En Dordogne notamment tout le monde disait son accord…A une ou deux exceptions près, tous les principaux élus étaient d’accord. On peut se poser des questions sur cette volonté de faire des recours.

@! –  S’agissant de la réforme territoriale, on est encore en attente de précisions sur ce que sera le noyau dur des compétences du département qui va donc rester le département en zone rurale.

Une affaire urbain-ruralB. C. – C’est la seconde loi ; la première a été consacrée aux Régions et au département jusqu’en 2020. Cela nous l’avons arraché car la haute fonction publique était derrière le projet de disparition. De toute façon cette réforme n’est pas politique au sens politicien ; dans tous les partis il y a des pour et des contre. C’est une affaire urbain-rural… Les grands élus des grandes villes se voient devenir les potentats . Même le Grand Bordeaux n’ira pas au delà Libourne. Du moins ça m’étonnerait ; s’il y va il aura du travail… Il y aura le Pays Foyen , le Blayais, les Landes girondines…Il faudra bien qu’il existe une structure de péréquation.

200 millions pour l’action sociale en Dordogne@! – Quelles compétences alors pour le département ? L’aide sociale, l’APA l’autonomie, la prestation handicap, le RSA…
B. C. – Le RSA ça pourrait rester à l’Etat ; le montant augmente de 8 à 10% par an et l’Etat ne compense pas. Donc ça m’étonnerait qu’il le reprenne. Pour nous, en Dordogne qui avons un budget de 500 millions – dont 400 millions de budget de fonctionnement et 100 millions d’investissement – 200 millions vont à l’aide sociale. À l’action sociale. Cela en souligne l’importance.

Bernard Cazeau et Joël Aubert

@! –  Peut on imaginer que demain les intercommunalités d’une part les Régions d’autre part puissent faire face à pareil niveau de dépenses ?
B. C. – Je peux vous démontrer à tout moment qu’entre les communes, disons les communautés de communes et la Région il y a un fossé qui doit être comblé. Sinon ça fonctionnera mal. Et le citoyen qui demande de plus en plus de la proximité ne va pas être content. Et pourtant c’est à lui que l’on dit s’adresser. Dans cette réforme je ne parle pas d’économies ; les économies c’est un mythe. La haute fonction publique a essayé de faire passer la réforme au nom des économies.
Prenons un exemple. Ce n’est pas seulement affaire de niveau de dépenses mais surtout d »organisation. Quand une grand mère me demande l’APA, la prestation autonomie, pour rester chez elle, j’envoie un médecin pour voir ce qu’il lui faut. Vous voyez Alain Rousset faire cela depuis la Région… ils feront de l’a peu près, nous on l’aidera à rester à son domicile jusqu’à 90, 95ans.

@! – Pour cela il va falloir qu’on vous conserve une fiscalité dynamique…
B. C. – Les moyens on les a ; déjà Sarkozy nous a enlevé la taxe professionnelle. Nous n’avons plus d’une année sur l’autre les bonus qu’on avait quand on progressait Depuis deux ou trois ans on a un budget qui est le même.

@! – Comment faire des économies. M. Vallini, secrétaire d’Etat, a quand même avancé 25 milliards d’économies.
B. C. – Il dit n’importe quoi, je l’ai connu quand il était président de Conseil général et disait, alors que ce n’était pas possible. Et en plus il a dit 25 milliards dans 20 ans

Lascaux IV:  le grand projet régional@! – Revenons, un instant sur votre budget départemental.. 100 millions pour l’investissement, c’est considérable et parfois décisif. Prenons l’exemple de Lascaux IV par exemple, du centre d’art pariétal en cours de construction.
B. C. – Tout à fait. La Région et l’Etat m’avaient accompagné. C’était 15 millions chacun, c’était l’Etat sous Sarkozy. Le préfet de Région Stéfanini m’avait juré que ce serait en effet un tiers, un tiers, un tiers. Mais par la suite vous savez ce qu’il s’est passé… Comment on traite ses amis. Et crac on retire – l’Etat -10 millions ; heureusement on a compensé avec l’Europe. Enfin je l’ai encore en travers de la gorge…Lascaux c’est une grande affaire ! Que des gens ne comprennent pas toujours.

@! – En Dordogne ?
B. C. – Oui des gens qui trouvent que ce sont des dépenses inutiles. Dès que je leur ai démontré par A plus B que ça allait vraiment rapporter, ils n’en parlent plus c’était le cas sur les réseaux sociaux, là où on ne signe pas et donc peut dire n’importe quoi.
Aujourd’hui, quel est le grand projet régional ? C’est Lascaux. Il n’ y a pas d’autre projet du niveau de Lascaux. Il y a eu le Centre mondial du vin à Bordeaux et maintenant il y a Lascaux.

@! – Un projet culturel, touristique et donc économique ?
B. C. – 400.000 visiteurs à 10 euros en moyenne cela fait quatre millions d’euros.Pour le fonctionnement il en faut deux. Il en reste deux. Avec cela je vais développer le tourisme plus tout l’indirect. On se bat ainsi pour que l’on crée des hôtels des restaurants.

@! – Le département, là, dans un domaine où il existe un patrimoine extraordinaire une fréquentation touristique qui ne se dément pas a joué un rôle majeur. Est-ce que demain ce sera encore possible? Imaginons : on est en 2020. La Région aurait pu être leader ?

Lascaux III à Bruxelles au Musée RoyalB. C. – Si la Région le voulait. Mais qui à Bordeaux y aurait pensé ? Ils pensent plutôt au vin qu’ à Lascaux… N’oubliez pas que nous avons fait Lascaux II, le fac similé de la grotte éponyme, voilà trente et un ans et qu’il y a dix millions de visiteurs qui l’ont vue. Nous avons fait Lascaux III récemment, l’exposition itinérante, qui est un ambassadeur et porteur de projet. Actuellement , à Montréal, elle connaît un gros succès. Nous allons à Bruxelles mi-novembre. Au Musée Royal de Belgique, ça va faire du bruit. Nous avons intéressé aussi de grosses entreprises à Lascaux IV. Voilà huit jours je faisais visiter au patron d’EDF, Henri Proglio et à toute son équipe à la fois Lascaux II et l’atelier des facs similés. Les entreprises s’intéressent à nous puisque nous avons déjà 500.000 euros du Crédit Agricole, 500.000 d’EDF et 300.000 de Maïsadour. Cela veut dire aussi que nous démontrons ce que nous sommes capables de faire, dans le monde. Nous serons présents à l’avenir dans plusieurs reconstitutions de grottes qui ne pourront pas rester ouvertes car plus il y aura de monde pour les visiter et moins elles pourront le rester.

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