Interview – Pierre Pouget : la terre semble dépasser la pierre comme valeur refuge


Luc Viatour
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/10/2008 PAR Joël AUBERT

@qui! : Votre observation longue du marché foncier, en particulier régional, vous permet-elle aujourd’hui de répondre à la question suivante: la crise naissante de l’immobilier va-t-elle peser sur le prix des terres agricoles?

Pierre Pouget :A ce jour, nous n’appréhendons pas de comportement particulier qui traduirait de manière très tangible une relation forte entre la crise naissante de l’immobilier et la valeur du foncier agricole. Certes, depuis plusieurs mois, les banquiers sont plus longs dans leur prise de décision et sans doute plus exigeants quant à l’analyse économique des projets qui leur sont présentés par les candidats à l’achat de foncier, mais en même temps, la terre semble dépasser la pierre en terme de« valeur refuge ». Le prix des terres semble, pour l’instant , bien plus impacté par les cours des denrées agricoles sur les marchés européens ou mondiaux, mais également par les perspectives de récoltes. c’est le cas, en particulier, des viticulteurs cette année dont le moral ne les encourage pas à investir, tant les volumes constatés au moment des vendanges sont faibles.


@! : Quels conseils peut-on donner aux épargnants qui seraient tentés d’acquérir, maintenant, des propriétés rurales?

P.P. : Quel conseil ? Bien des facteurs objectifs confirment que c’est le bon moment pour investir dans les biens ruraux et notamment le foncier agricole. Comparés à nos proches voisins européens, à potentiel agronomique semblable, nous avons le foncier agricole le moins cher. Le prix des vignes a semble-t-il atteint son prix plancher et le prix des bois ne pourra que s’accroitre, dans un contexte sans doute pas très éloigné de monétarisation de sa fonction écologique. Dans ce contexte de perte de repères, notamment sur le moyen terme, le foncier reste bien, ainsi, une des rares valeurs refuge.


@ ! : Est-ce que la Safer, dans une période d’incertitude économique, peut continuer à jouer son rôle de régulation du marché foncier régional

P. P. : Au moment où bien des acteurs de la vie publique font l’amer constat des conséquences d’un libéralisme effréné, les instruments de régulation, voire même de contrôle, semblent revenir à la mode. Dans cette situation où les spéculateurs de tous horizons peuvent jeter leur dévolu, y compris sur les espaces agricoles et ruraux, la Safer offre aux acteurs des territoires qui en assurent sa gouvernance deux atouts d’une grande importance dans le contexte du moment : celui d’une observation parfaite du marché foncier permettant ainsi d’objectiver chacune des situations données, mais également celui d’une intervention, par la préemption, permettant de corriger les dérives en matière de prix ou d’usage du foncier. Mais la Safer reste un outil…au service des politiques foncières des acteurs des territoires. A ces mêmes acteurs de saisir ainsi toutes les potentialités que leur offre l’outil !

Photo :Luc Viatour

Propos recueillis parJoël Aubert

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