Interview – Roland Cayrol: le cumul des mandats est de plus en plus inacceptable


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/09/2012 PAR Joël AUBERT

@qui! –  « Tenez enfin vos promesses! » Dans votre dernier livre vous pointiez du doigt l’invraisemblable cumul des mandats avec l’espoir que ça change. On n’en prend pas le chemin…
Roand Cayrol –
Ça commence mal ! Et ça va être difficile. Pourtant c’est un des enjeux simples les plus importants, les plus significatifs de la vie politique française. Nous sommes une démocratie unique au monde dans laquelle le cumul c’est la règle…80% des députés ont un mandat local, ça n’existe nulle part ailleurs ; aucun autre pays qu’il s’agisse de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne et même de l’Italie n’admettrait que le maire d’une ville, le président de la Région soit en même temps parlementaire.
C’est de plus en plus inacceptable, d’autant que la politique est devenue quelque chose de complexe qui suppose des connaissances juridiques, financières, technologiques de plus en plus ardues.
Le métier de maire, de maire adjoint, le métier de député, de sénateur, de responsable de département ou de région, chacune de ces fonctions exige un temps plein…. ou alors ça veut dire qu’on ne l’exerce pas vraiment.

@! – Les parlementaires français prétendent que le mandat local leur donne un ancrage démocratique.
R.C. – En vérité c’est une plaisanterie. Lorsqu’ils retournent dans leur circonscription les parlementaires pratiquent un ou deux jours de serrage de mains, d’inaugurations diverses …Tout est fait pour les photographes de la presse locale ; on fait semblant de participer à des réunions ou on est de simples visiteurs.
Il serait bien plus efficace et plus démocratique d’avoir un esprit d’équipe dans lequel le local, le régional, le national, l’européen se rencontreraient, se succéderaient pour exercer les responsabilités plutôt que le cumul au profit d’un seul qui ne peut qu’exercer mal ces fonctions.
Aujourd’hui, il paraît très compliqué de faire voter une mesure comme l’interdiction du cumul, entre la fonction de parlementaire et de président d’un exécutif, alors que le vrai mot d’ordre devrait être : un homme, une femme : un mandat; que ce soit une présidence d’exécutif ou pas.

@! – Les sénateurs qui souvent semblent les plus rétifs à l’idée du non cumul défendent l’idée que le Sénat est le représentant des collectivités locales et donc qu’un mandat local est nécessaire pour connaître la réalité locale.
R.C. – Il n’y a pas de mandats parlementaires différents pour les sénateurs et les députés ; et s’il est vrai que le sénateur représente les collectivités locales, aujourd’hui tout citoyen peut être élu sénateur ; il n’a pas nécessité à être l’élu d’une collectivité locale et à le rester. La logique de la séparation s’applique particulièrement dans ces cas-là. Les sénateurs et les députés sont, selon la Constitution, élus pour faire la loi et contrôler l’activité gouvernementale. Ils ne sont pas les représentants nationaux des intérêts des collectivités territoriales.

Propos recueillis par Joël Aubert

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