Jean Grenet : rude bataille républicaine à Bayonne


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 24/05/2012 PAR Olivier Darrioumerle

Il sait que sa réélection va être difficile, mais il n’est pas Nicolas Sarkozy. « On n’a pas été nombreux à se lever contre le bouclier fiscal », lance-t-il avant d’énumérer les lois pour lesquelles il voterait volontiers, comme une réforme territoriale qui irait dans le sens de la décentralisation, et des principes sur lesquels il ne reviendra pas : le vote des étrangers ou la remise en question des tribunaux pour les mineurs délinquants. Républicain il est, comme son père. À la différence près qu’Henri Grenet ne voulait pas entendre parler de l’enseignement de la langue basque. Jean, quant à lui, porte des projets de loi à l’Assemblée pour la reconnaissance des langues régionales. Il a toujours été opposé à un département basque, mais il travaille à la construction d’une gouvernance basque via l’élaboration d’une « collectivité locale spécifique ». Une coquille vide pour l’instant.

 Il assure avoir relevé le défi par conviction au moment où la Droite va à volo. « Je ne suis pas un déserteur », clame-t-il. Investi par le Parti radical Valoisien, le Nouveau Centre, la Gauche Moderne et l’UMP, il raconte comment JF Copé lui a dit « Si tu ne gagnes pas, personne ne gagnera. ». L’ombre du père plane sur son choix. Quand il parle de ses convictions il fait référence à son père. « Mon père m’a insufflé l’amour de la vie politique.» Mais il nie avoir eu un plan de carrière durant sa vie. « Je n’ai pas été chirurgien, puis président de l’Aviron bayonnais pendant 14 ans pour devenir député… Si à 20 ans on m’avait dit ce que j’allais devenir, j’aurais explosé de rire. »

Face au défi, Jean Grenet a hésité. Il ne s’était prononcé avant le résultat de la présidentielle. Lorsqu’il veut parler du « score » dans sa circonscription le mot « choc » a envie de sortir de ses lèvres. Il contient le lapsus. Jean Grenet aura du mal à battre la vague rose qui doit le sanctionner pour ce qu’il n’est pas, un sarkoziste. Il confie avoir beaucoup d’amis à gauche avec qui déjeuner à l’assemblée, ainsi que certains ministres dans le gouvernement actuel dont il préfère taire les noms. «Je n’irai pas à l’Assemblée avec une kalachnikov ! », conclut-il. Car Jean Grenet n’est fâché avec personne.

Après le souci de son élection, son principal sujet d’inquiétude est l’inexpérience du nouveau gouvernement auquel il devrait avoir affaire le cas échéant. 29 des 34 ministres ne l’ont jamais été. Ni le président, François Hollande, ni le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, n’avaient assisté à un Conseil des ministres. « Je peux vous dire que lorsqu’une personne n’a pas l’expérience ou la compétence demandée, c’est l’administration des technocrates qui se charge des dossiers, un balai de petits marquis comme des palissades… »

Des palissades plus hautes que celles de l’époque où son ami et ancien sous-préfet de Bayonne, Pierre-André Durand, était directeur de cabinet de Christian Estrosi, ministre de l’industrie. « Les dossiers étaient examinés… », glisse-t-il. Avec des socialistes au gouvernement, ses réseaux pourraient être bloqués. Mais Jean Grenet assure qu’il ne sera pas paralysé. « Ils ne me prennent pas pour un fou furieux, nous avons un socle commun : nous sommes des républicains.»  

« Je vais devant les ministres pour convaincre et obtenir des subventions » 
Jean Grenet n’a pas honte de dire qu’il est un homme de lobbying. Il sait que sa ville est connue pour sa convivialité, et depuis 2002, il s’est constitué un réseau à Paris, . Un monde qu’il juge impitoyable.  « Il faut avoir beaucoup d’entregent, connaître des personnes du système pour entrer dedans. Si t’es envoyé par un parti, tu fais une voix de plus pour lui et puis c’est tout… »

Sous son mandat, le Tribunal de Bayonne est devenu pôle d’instruction. Il reconnait que son amitié avec Rachida Dati n’y est pas pour rien. François Fillon, dont la mère est de Mauléon, « un ami » dit-il, a tranché à l’époque où il n’aurait dû rester qu’une succursale de la Banque de France dans les Pyrénées-atlantiques. Même cas pour la CAF de Bayonne qui devait être démantelée au bénéfice de celle de Pau. « Nadine Morano a été très courageuse pour convaincre les dirigeants nationaux de conserver deux CAF dans le même département. C’est un cas unique en France ! » , raconte-t-il avec beaucoup de reconnaissance.

« Sûr que je ne suis pas un sémaphore à l’assemblée, présent uniquement pour voter les lois ! , tempête-t-il avec la force de son tempérament. Et que celui qui a écrit que j’étais le grand absent de l’Assemblée vienne me le dire en face ! Je vais devant les ministres pour convaincre et obtenir des subventions. Il faut aller soutenir les projets auprès de l’Etat et je pèse de tout mon poids pour que les communes de ma circonscription ne soient pas oubliées. »

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