José Bové en Béarn : « Député européen, c’est un sport de combat »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/05/2014 PAR Jean-Jacques Nicomette

Il a toujours sa bouffarde, son franc-parler, et le sens de l’image. « Député européen, c’est un sport de combat » assure José Bové, candidat d’Europe Ecologie les Verts aux élections européennes dans le sud-ouest. Il l’a démontré ce lundi en Béarn en mettant, comme à son habitude, le doigt sur quelques sujets qui font mal.

Route Pau-Oloron : « 400 millions pour rien » C’est par exemple le cas du débat engagé sur le projet de nouvelle route destinée à relier l’agglomération paloise à Oloron. « Une caricature !  Ce sera le tronçon routier le plus cher de France » a-t-il estimé à Arbus aux côtés de l’association Code-Béarn, opposée à cet aménagement. « Il n’y a pas que Notre-Dame des Landes ou l’axe Lyon-Turin. Il existe plein de micro-projets de ce type. On nous dit qu’il faut faire des économies. Mais d’un autre côté, on est prêt à dépenser 400 millions d’euros pour trente kilomètres. Derrière ça, il y a bien sûr le fantasme de l’autoroute jusqu’à Saragosse. Alors que l’on devrait plutôt relancer le ferroviaire pour remettre en circulation la voie menant en Espagne. »

Industrie chimique : de la transparence, SVPDans la foulée, l’eurodéputé s’est rendu sur le bassin de Lacq en compagnie du conseiller général écologiste David Grosclaude et des membres de l’association de protection de la nature SEPANSO. Devant les portes de la plateforme de Lacq, l’accent a été mis sur une autre exigence : la transparence dont les industriels doivent faire preuve en matière de protection de l’environnement. Avec un contre-exemple à l’appui : les importantes quantités de tétrachlorure de carbone diffusées pendant des années par l’usine Arkema de Mont. Mais aussi, déplorent les écologistes, les arrangements pris, tant au niveau de l’Etat que de Bruxelles, pour chercher à gommer le problème.

«Nous ne sommes pas contre la chimie. Mais nous réclamons de l’information» dit David Grosclaude. De là, à décocher également une flèche au groupe Total, il n’y a qu’un pas. Le refus de l’industriel de payer la taxe générale sur les activités polluantes pour certains effluents industriels rejetés à plus de 4000 mètres sous terre étant dénoncé par les défenseurs de la nature.

La guerre des lobbiesHier, la perche était tendue à José Bové pour l’amener à parler du combat qu’il mène contre les lobbies de tout genre. Des groupes de pressions qui, déplore-t-il, ont développé une stupéfiante capacité à infiltrer les instances européennes. Ce qui ne les empêche pas, de temps à autre, de pouvoir être contrés.

 « Je suis parvenu à faire démissionner la présidente  de l’agence européenne de sécurité alimentaire, qui travaillait dans le même temps pour l’ILSI, le plus gros lobby agroalimentaire mondial » rappelle ainsi l’eurodéputé, qui vient de signer un livre sur cette face cachée des instances de décision (« Hold-up à Bruxelles, les lobbies au cœur de l’Europe », ed. La Découverte).

« L’Europe est la solution, pas le problème »Cette réalité est-elle toutefois de nature à éloigner un peu plus les citoyens d’une Union européenne avec laquelle ils prennent déjà beaucoup de distance ? A cet égard, la réponse du candidat est claire : « Ce qui vaut pour l’Europe vaut pour le national. La question qui se pose aujourd’hui est celle de la déontologie du politique. Les gens sont en colère car ils ont l’impression que les politiques ne servent pas l’intérêt général. Ils attendent d’avoir des élus qui s’engagent. C’est pour cela que je suis pour le mandat unique, pour la limitation de sa durée, et pour l’obligation de rendre des comptes. »

« L’Europe est la solution, pas le problème » ajoute José Bové. « Il ne faut pas confondre son projet, celui qui nous a permis de vivre en paix et d’avoir une stabilité, avec les politiques qui s’exercent en son sein, et dont la majorité sont libérales. Nous avons une bataille à mener pour changer ces dernières. Nous avons gagné sur les OGM, sur le bœuf aux hormones. On peut avancer. »

Quitte, explique-t-il également, à s’élever contre la manière dont certains Etats ne respectent pas le droit européen. Le débat suscité dans les Pyrénées-Atlantiques par l’enseignement des langues régionales , et la circulaire préfectorale rappelant aux maires qu’il leur est interdit d’aider directement les écoles privées, lui en fournit un exemple. « La France n’a pas signé la charte  sur les langues minoritaires établie par l’Europe. Elle est dans l’illégalité. Un maire qui n’accepte pas ce qu’on lui impose peut passer outre. S’il est attaqué, il ira devant la cour européenne de justice, et il gagnera. »

Les populistes épinglésQuant aux « populistes de gauche comme de droite, qui ne voient que le drapeau national », le candidat écologiste les met dans le même panier. Tout comme il réfute l’argument selon lequel l’abandon de l’euro constituerait un remède miracle.

« Cela voudrait dire dévaluer, et donc perdre 30 à 40% de notre pouvoir d’achat. Pour les personnes aux faibles revenus qui, elles, n’ont pas les moyens d’aller en Suisse, ce serait une baisse de l’épargne dans les mêmes proportions. N’oublions pas non plus qu’un euro fort fait dégringoler le coût des importations. Enfin, hors de la monnaie unique, les emprunts nationaux prendraient une dimension phénoménale. Les gens qui prônent la sortie sont des cinglés. »

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