L’iconique député, Jean Lassalle, ne se représente pas


Le député représentant d'une certaine ruralité Jean Lassalle ne brigue pas le renouvellement de son mandat mais se réserve le droit de faire de la politique autrement.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/05/2022 PAR Cyrille Pitois

Jean Lassalle a annoncé ce lundi 2 mai, qu’il ne serait pas candidat comme député de la 4e circonscription basco-béarnaise, des Pyrénées-Atlantiques. Mandat qu’il avait conservé en 2017, alors qu’il était donné perdant face à Loïc Corrégé (LREM). Retrait d’autant plus inattendu après son succès relatif à la dernière élection présidentielle. Il propose à son frère Julien, berger retraité de 61 ans, de tenter sa chance après une première expérience « pour la ruralité » aux élections régionales de 2021. Jean Lassalle annonce aussi devoir subir une prochaine opération à cœur ouvert.

« Ce n’est pas que je n’aime plus la politique : je ne l’ai jamais autant aimé et j’aime passionnément ma circonscription, » indique ce lundi matin Jean Lassalle au micro de nos confrères de La République des Pyrénées. Créant la surprise, il a précisé au cours d’une conférence de presse en petit comité, les raisons de son retrait : « Mon rôle est de tenter de faire autre chose tellement la situation est grave pour nous comme elle est grave pour la France et le monde. Ce pays s’effondre sous nos yeux. Je suis persuadé que je dois mener ma lutte différemment », a assuré le Béarnais. « J’ai envie de donner de l’espoir. À l’heure où tous les partis sont à reconstruire, j’ai réuni une quinzaine de jeunes autour de mon parti Résistons et j’ai l’espoir d’en faire des députés. Pour moi, ce sera une autre façon de faire de la politique : je vais apprendre à ces jeunes ce que c’est que défendre les autres et de les aimer ».

Le député est aussi visé par une enquête pénale pour avoir mis en scène son abstention, devant l’urne de la mairie de Lourdios Ichères, lors du second tour de la présidentielle 2022. Une situation qui a incité le Conseil constitutionnel a invalidé les votes de toute la commune pour le second tour. « C’est une décision inique et à mon avis illégale. Moi et ma commune avons été déshonorés. Je me battrai de toutes mes forces pour me défendre dans cette affaire. »

93 années de mandat

Le scrutin législatif risque de perdre des couleurs, en Pyrénées-Atlantiques. Le député fortement marqué par la montagne, le monde rural et le Béarn authentique, s’est hissé au rang de personnalité nationale et pas seulement grâce à sa double candidature à la Présidence de la République (435 301 voix en 207 et 1 101 387 voix en 2022).

Terriblement authentique dans sa logique, Jean Lassalle a passé sa carrière politique à surprendre là où on ne l’attendait pas, avec une liberté de parole peu commune dans ce milieu, quand on prétend durer. Entre la mairie de Lourdios Ichère (40 ans de mandat) où il est élu l’un des plus jeunes maires de France à l’âge de 21 ans, le conseil général puis départemental (1982-2015) et l’Assemblée nationale (2002-2022), il totalise 93 années de mandats électoraux locaux et nationaux.

Chez d’autres la routine aurait pu s’installer. Pas chez lui. Son parcours politique évolue de l’UDF au Modem, avant de créer en 2016 son propre mouvement Résistons, pour s’opposer « à un modèle qui s’est imposé à nous et qui brise notre société un peu plus chaque jour. » Il prend ses distances avec ce qu’il a servi depuis tout jeune, suspecté de pencher de plus en plus à droite. Son alliance objective avec l’autre personnalité incontournable du département, François Bayrou, fond comme neige au soleil de la vallée d’Aspe.

Engagements forts et paradoxes incessants

Difficile à suivre dans ses prises de position et ses discours, la marque Jean Lassalle, c’est le terrain. Il est capable de mener une grève de la faim jusqu’à mettre ses jours en danger, pour sauver une usine de son département. Il est capable de parcourir la France, godillots aux pieds, béret sur la tête et sac sur le dos, pour rencontrer les Français de tous les territoires excentrés. Il est capable d’accueillir le Ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, en chantant en Gascon dans l’hémicycle pour réclamer une gendarmerie. Il est capable de fédérer les maires de montagne de toute la France pour faire entendre leurs difficultés spécifiques. Aucun défi ne le rebute. Même pas celui de se présenter à deux reprises à la Présidence de la République, candidatures pour lesquelles il obtient haut-la-main les fameuses 500 signatures.

Souvent moqué, il a le mérite de dépoussiérer la vie politique, de casser les codes et les protocoles sans jamais rien lâcher de ce qui lui semble essentiel pour ses concitoyens. Les vidéos retraçant ses talents de conteurs, de chanteurs ou de danseurs, font le buzz sur la toile, le faisant passer pour un clown. En même temps qu’il s’efforce de se rendre disponible pour presque tous les enterrements de sa circonscription. Maniant la langue avec richesse et un brin de désuétude, il est aussi le candidat à la présidentielle avec lequel les Français ont le plus envie de boire une bière, selon un sondage réalisé à l’occasion de la Saint-Patrick.

Subtil et foutraque, respectueux et provocateur, stratège et spontané, républicain et libertaire, attachant et désinvolte, on pourrait aligner à n’en plus finir tous les paradoxes que Jean Lassalle a laissé voir pendant son parcours.

En annonçant ce lundi qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat de député, il a aussi révélé qu’il devait subir prochainement une opération à cœur ouvert.


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