La Chine numérique vue par Aquitaine Europe Communication

Quinze jours après leur retour en France, Marcel Desvergne, Président de l’AEC, Alain Veyret, Directeur des territoires numériques de l’IDATE, Thierry Gellé (Vice-président CUB), Christophe Carayon (Communauté de Communes de Maremne Adour Côte-Sud) et Thierry Ulmet (AEC), membres de la délégation partie à la recherche de la civilisation numérique chinoise, ont livré ce 6 juin leurs impressions sur ce voyage à Pékin et Shangaï. Dans ce pays XXL, tout ou presque semble les avoir dépaysé. Les chiffres d’abord, 1,3 Md d’habitants, 477 M d’internautes et 860 M d’utilisateurs de téléphones mobiles… La gouvernance du numérique ensuite : une planification fixée par l’Etat, « ayant l’avantage de la prospective » selon les intervenants, mais qui n’interdit pas un capitalisme à outrance entre des sociétés restant pourtant toutes sous le contrôle majoritaire de l’Etat.

Un internet sur mesure, mais des usages identiques
Au total, le moins surprenant pour eux a été de constater que les besoins et usages sur le web sont très semblables à ceux des internautes occidentaux. D’où l’idée portée par Marcel Desvergne d’une civilisation numérique mondiale et unique. Entre réseaux sociaux, plateformes mobiles, musique, web en temps réel, jeux vidéo et un commerce en ligne très développé : « les besoins sont les mêmes qu’en occident ».
Mais, détail d’importance, l’internet Chinois est « taillé sur mesure » au pays : terminaux étrangers bloqués par le gouvernement, matrice spécifique écartant les concurrents occidentaux, spécificité de la langue, de l’écriture… Autant d’éléments qui distinguent l’internet chinois de celui que nous connaissons.

« Devenir le premier laboratoire du monde »
Cet « écosystème numérique » particulier et particularisé permet un favoritisme poussant les entreprises chinoises à l’innovation. « De premier atelier du monde, il aspire à être le premier laboratoire du monde », rapporte Thierry Ulmet. Dans ce but, les entreprises ne lésinent pas sur les moyens et le gouvernement conditionnant les subventions au nombre de brevets déposés. Chez le géant Huawei : la moitié des 110 000 employés sont dédiés à la R&D, chez ZTE (mobiles) 33 000 brevets sont jusqu’à présents déposés.
Autres organisations de poids pour l’innovation : les parcs scientifiques. Sur le modèle de la Silicon Valley, ils couvrent toute la chaine de l’innovation. Exemple : le Shangai Advanced Research Institute qui rassemble université, laboratoires, incubateur, pépinière, structure de capital risque et des services marketing. Budget du seul incubateur : 50 M€… un chiffre à la mesure de l’enjeu : prendre la place des Etats unis.

Bannir la contre-façon sur le web
Mais, avant d’y parvenir la Chine veut « gagner en crédibilité ». Un grand nettoyage est donc organisé sur le web contre la contrefaçon : « Alibaba, l’e-Bay chinois, a confié à 2000 employés le rôle de contrôler les boutiques en ligne. Résultats : 410 sites ont été fermés en quelques mois !» De même en contractant avec les trois principales majors de musique au monde, Top100.com propose près de 3,5 millions de fichiers musicaux téléchargeables gratuitement et tous légaux ! Leur modèle économique repose sur la publicité qu’il se partage à égalité avec les maisons de disque. Une idée, qui pourrait en inspirer d’autres…
Au total, la mission a pu identifier de nombreuses opportunités pour les entreprises aquitaines à commencer par la recherche et la formation mais aussi pour les entreprise spécialisées dans les jeux vidéo, l’édition numérique, l’industrie culturelle ou encore la sécurité informatique. Un voyage destiné aux PME régionales du numérique semble d’ores et déjà prévus au mois de septembre : avis aux volontaires.

Photos: AEC

Solène Méric