La France a besoin d’une politique étrangère


Editions Fayard
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 25/04/2007 PAR Joël AUBERT

L’a-t-on assez dit et laissé dire que l’Occident avait gagné la bataille de l’Histoire? Que l’effondrement de l’Empire soviétique annonçait les jours radieux de la démocratie mondiale? Hubert Vedrine qui a de la politique étrangère une longue connaissance, nourrie de ses années à l’Elysée auprès de François Mitterrand puis de ses cinq années en tant que ministre de la cohabitation, croit plus utile que jamais de faire des mises au point. D’inviter à un peu plus de réalisme et de trouver, en particulier, le moyen de relancer la construction européenne mise à mal par les référendums français et hollandais.

Le tournant néo-conservateur

D’ailleurs, et ce n’est pas le moindre des mérites de cet essaique de le souligner, l’Europe et les Européens par leur ingénuité n’ont pas compté pour rien dans cettebéatitude des lendemains de guerre froide. Le grand rêve de la Société des Nations puis des Nations unies allait enfin voir le jour, et, tous nous n’imaginions plus qu’une guerre faite au nom de la communauté internationale puisse être autre chose qu’une guerre propre. Sans mort et sans conséquences politiques funestes. Souvenons-nous de celle entreprise par Bush père et ses alliés pour rétablir le Koweit dans sa souveraineté, face à l’Irak. Le début des années 90, marqué par des grands-messes et la certitude qu’une gouvernance mondiale était à pied d’oeuvreparaissait tout à fait compatible avec la vision que Clinton avait de la puissance américaine et de la façon de l’exercer.
Vedrine aime d’ailleurs à rappeler que c’est lui qui lança le néologisme « d’hyperpuissance » pour désigner une Amérique dont le rôle et le poidsétaient alors « sans précédent ». Il est vrai quecette Amérique là, sa vision du monde l’idée qu’elle se faisait de sa médiation impérieuse, dans des conflits comme celui du Proche Orient, était guidé par un idéal supérieur. Mais dans ses profondeurs puritaines naissait le courant « néo-conservateur »révolutionnaires-réactionnaires » comme préfère le nommer Vedrine; les élections parlementaires de 1994 marquaient un tournant dont l’actuel président des Etats-Unis est le produit.

L’Europe du concret

Croire aujourd’hui que le multilatéralisme serait l’antidote à l’insupportable hégémonie américaine, participe de la naïveté originelle. La mondialisation et l’extrême financiarisation de l’économie, en aggravant les fractures de pays à pays, et pas seulement entre ceux du Nord et ceux du sud, rendent aléatoires les progrès réels de cette gouvernance rêvêe, comme est illusoire l’ambition fédéraliste des « Européistes ». Vedrine, avec pragmatisme croit que l’Union, pour s’en sortir doit tenter de travailler de façon concrète à des projets qui rassemblent, plutôt que de s’enfoncer dans un dilemme institutionnel dont, malgré la volonté actuelle de l’Allemagne, elle ne sortira pas grandie. Et il prend pour exemple la nécessité de construire une politique énergétique européenne. Un petit traité comme alternative au Traité constitutionnel mort-né? Ce serait une manière de pis-aller. En tout cas, la France doit retrouver, ici, sa part d’initiative et la parole que, selon Hubert Vedrine, le monde attend qu’elle tienne, au lieu de se complaire dans les chimères et la nostalgie.

J.A.

Livre publié aux Editions Fayard
Prix de vente conseillé : 10 €

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