« Education et Démocratie » : la conférence régionale sur le système éducatif


Conseil Régional d'Aquitaine
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2011 PAR Aymeric Bourlot
Ils sont près de 5 000 chaque année, des jeunes aquitains qui arrêtent leur cursus en cours de formation ou sans avoir validé leur diplôme. Malgré des efforts financiers constants (l’éducation reste le premier pôle de dépenses de l’Etat) pour améliorer les structures et les équipements afin qu’ils répondent aux nouveaux modes d’apprentissage on constate que les inégalités demeurent, empêchant bon nombre de jeunes de trouver leur voie et de préparer sereinement leur avenir professionnel et leur épanouissement en tant que citoyens.
Afin d’évoquer les perspectives et les mesures à prendre pour l’ensemble des acteurs de l’éducation, de l’orientation, de la formation et de l’insertion en matière d’enseignement, le colloque de la Région réunissait plusieurs personnalités importantes. Parmi euxAgnès Van Zanten, Sociologue, Directrice de recherche au CNRS, Vincent Merle, Professeur titulaire au Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris, Luc Paboeuf, Président du Conseil économique social et environnemental régional d’Aquitaine (CESER) ou François Dubet, sociologue et professeur à l’Université Bordeaux II. Autant de spécialistes et d’observateurs avisés chargés de débattre et d’animer des conférences thématiques abordant le décrochage scolaire, les ruptures dans les parcours de formation, le renouvellement des élites, l’apport des nouvelles technologies ou encore la justice scolaire. Le tout dans un souci d’échange permanent avecles nombreux participants, qu’ils soient étudiants, professeurs, éducateurs, formateurs ou simplement citoyens intéressés par toutes ces problématiques.

Des approches différentes mais complémentaires
Intervenant lors de la conférence « Du projet démocratique aux difficultés d’assurer l’entrée dans la vie active : l’école confrontée à la massification», Vincent Merles’interroge sur «l’articulation école – formation – emploi» et affirme que «le système scolaire doit apprendre à reconnaitre d’autres formes d’apprentissage et d’autres formes d’excellence». Pour cela il préconise de «ne pas sceller la réussite d’une personne à un classement, à des notes, ou à l’obtention d’un diplôme» mais de créer à l’inverse «une dynamique d’apprentissage, permettant au système éducatif d’être moins formel et plus pratique» autrement dit «à privilégier les compétences aux savoirsacadémiques». S’il estime que le développement de l’alternance et la «pédagogie par projet »doivent être des mesures à envisager et à développer il craint que ces dispositifs deviennent caricaturaux. «Il faut combattre la pensée magique selon laquelle mettre un jeune dans une entreprise va tout résoudre, mais établir de vrais projets et les accompagner. Il ne faut pas non plus réduire l’apprentissage et l’insertion rapide en entreprise à une solution s’adressant uniquement aux élèves en difficulté. Avec ce système on dévalorise les filières professionnelles, alors que les périodes de formation doivent être valorisées et se banaliser dans tous les cursus»

« Déscolariser la société »

Autre conférence, autre intervenant, analyse tout aussi intéressante. Celle de François Dubet dont l’intervention sur le thème «Les conditions de l’efficacité de la justice scolaire» a le mérite de compléter celle de Vincent Merle et de l’élargir, en apportant un éclairage différent sur la question. Développant l’idée selon laquelle «la manière dont une société considère le système scolaire influence ce dernier» il affirme que «certaines sociétés accroissent l’ampleur du lien entre les inégalités sociales et les inégalités scolaires tandis que d’autres la diminuent ». S’attardant sur le cas de la France, «un pays peu inégalitaire socialement mais très inégalitaire scolairement» il critique le choix politique qui a été fait de «mettre plus d’argent dans le secondaire que dans le primaire» et constate que «Le climat scolaire français est détestable, nos étudiants sont les plus pessimistes d’Europe, ils n’ont pas confiance en eux, en ce qu’on leur apprend, en l’avenir et ne se sentent pas aidés par les institutions».
Triste tableau contre lequel il entend lutter par des mesures «simples et efficaces sur le long terme» à savoir l’instauration d’un tronc commun plus long («vecteur d’égalité»), une scolarisation individualisée faisant progresser tout le monde (qui nécessite plus d’effectifs et moins d’élèves par classe) mais surtout une «déscolarisation» de la société qui donne selon lui «trop d’importance à l’école et accorde un rôle excessif aux diplômes» au profit d’une «diversification des voies d’accès au monde du travail supposant une reconnaissance de toutes les formes de mérite et une conception moins abstraite de la formation».

Credit image : Conseil Régional d’Aquitaine

Aymeric Bourlot

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