Lassalle et Bayrou : les chemins caillouteux de la présidence


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/03/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

C’est dit, ou presque. Ces jours derniers, le député Jean Lassalle, qui est également le maire de Lourdios-Ichère, modeste village de la vallée d’Aspe, a répondu  de façon à la fois subtile et prudente à une question posée  par « La République des Pyrénées » sur son éventuelle candidature à la présidence. « Je vois ce qu’il conviendrait de faire pour ce pays » a-t-il indiqué.

Jeudi, l’ancien berger qui est condamné à avaler de solides doses de médicaments depuis la grève de la faim menée jadis dans les couloirs de l’Assemblée Nationale est allé un peu plus loin en visitant le salon de l’agriculture, à Paris.

« Je veux rencontrer ceux qui souffrent »Même en prenant des gants, il a enfoncé le clou. Oui, il pourrait bien être candidat. Cela, en raison de « l’état dans lequel sombre jour après jour notre pays et devant l’incapacité des partis traditionnels à pouvoir essayer tout simplement de reprendre langue avec le peuple souverain ».

« Je veux rencontrer ceux qui souffrent dans ce pays, comme j’ai commencé à le faire avec ma marche autour de la France  » a-t-il confié.  » La moitié d’entre eux ne votent pas. Le quart de ceux qui restent votent désespéré … Il faut d’abord que j’écoute . Je voudrais essayer de remettre sur la table les dossiers dont on ne parle plus et qui plombent nos politiques, qui font que l’on jure au mois de mai et que l’on se parjure en juin ou juillet, systématiquement « .

Aujourd’hui,  » l’humain fout le camp de partout » ajoute Jean Lassalle.  » J’ai besoin de voir ces hommes et ces femmes et, s’il y a moyen, de préparer avec eux un projet pour retaper ce pays magnifique qu’est la France ».

Les couleuvres s’avalent difficilementDans un univers médiatique où le buzz règne en maitre, cette déclaration venant d’un parlementaire qui est aussi le vice-président du Modem, a fait l’effet d’une trainée de poudre. Tout en déclenchant une réaction désolée de François Bayrou. « Ce que Jean Lassalle refuse, c’est que l’on puisse rechercher une entente avec quelqu’un qui n’est pas de notre étiquette, en l’occurrence Alain Juppé » a commenté ce dernier à BFM-RTL. « On ne peut pas continuer à avoir une candidature nouvelle tous les jours. Le poison de la politique, c’est la division ».

François Bayrou :

A l’évidence, pour l’intéressé, les couleuvres sont tout aussi difficiles à avaler.

Lorsque le président du Modem, qui préférait le choix à l’indécision, avait par exemple annoncé son intention de déposer un bulletin au nom de François Hollande dans l’urne des présidentielles de 2012, Jean Lassalle n’avait pas caché son désaccord. A ses yeux, il s’agissait là d’une erreur. Un terme plus fort avait été employé.

Une plaie restée ouvertePlus récemment, le soutien apporté par le même Bayrou à Virginie Calmels, candidate LR, adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux, et désignée tête de liste aux régionales pour croiser le fer avec le socialiste Alain Rousset, est lui aussi resté en travers de la gorge du parlementaire pyrénéen. D’autant plus que la manière n’y était pas.

« J’ai été candidat putatif pendant les trois premiers mois de la campagne. Jusqu’à ce que mon désaveu tombe à la fin du deuxième tour des élections départementales » a-t-il rappelé dans un entretien accordé dernièrement à « La Semaine du Pays Basque ».

L’affaire avait en effet été mal vécue. Remonté comme une pendule aspoise, le député avait d’abord affirmé en 2015 à  Aqui.fr qu’il serait « tête de liste, sinon rien ». Puis il était rentré dans le rang. Mais la plaie était restée ouverte.

Homme de terrain opposé à un adversaire socialiste qui connait lui aussi le pays et les gens, « j’aurais gagné » estime-t-il aujourd’hui.

Trois tentatives, cela suffitUne dernière déclaration qui témoigne bien de  la pugnacité et de l’indépendance d’esprit du député des Pyrénées-Atlantiques n’est pas non plus passée inaperçue. Car, désormais, Jean Lassalle ne croit plus aux chances élyséennes de François Bayrou.

Le Béarn est terre de rugby. Un essai ne se transforme pas plusieurs fois. Trois tentatives manquées, cela suffit,estime-t-il. D’autant plus que la position adoptée par son ami palois manque, selon lui, de clarté.

Comment séduire l’électorat en lui expliquant que l’on se présentera si un autre n’y va pas ? Un autre, c’est à dire Alain Juppé, dont le député des Pyrénées-Atlantiques, qui sait aussi avoir la dent dure, doute des capacités de chef d’Etat. Sur un terrain de football cette fois-ci,  on appelle ça un tacle.

Le caillou dans la chaussure« Gardez moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge » disait Voltaire.

Elu maire de Pau en 2014 avec le soutien actif de militants UMP, François Bayrou avait été poignardé six ans plus tôt par la même formation qui allait aussi  lui faire perdre son siège de député en 2012, à l’occasion d’une triangulaire.

Mais les temps changent et il affirme aujourd’hui ne pas « être en affrontement » avec des alliés qu’il a d’ailleurs intégrés dans son équipe municipale.

Fidèle à ses convictions, il garde le cap qu’il s’est fixé : réformer le pays en rassemblant aussi bien au centre qu’à droite et à gauche. Tant il est vrai qu’à ses yeux, les seules bases électorales des socialistes et des Républicains ne suffisent pas pour susciter l’adhésion des Français.

La voie est difficile. Elle lui a déjà fait traverser quelques déserts. C’est dire s’il se passerait bien d’un caillou dans la chaussure. Ceux de la vallée d’Aspe ne sont pas les moins agaçants.

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