Le Grand Entretien: Jean-François Fountaine maire de La Rochelle « on ne vas pas singer Bordeaux, on a nos spécificités »


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 16 min

Publication PUBLIÉ LE 05/06/2016 PAR Joël Aubert et Anne-Lise Durif

@qui! – Quelle est la relation entre l’Aquitaine et La Rochelle ? Ce lien qui avait été créé autrefois dans ce duché  d’Aquitaine entre la région et ses villes, a-t-il encore du sens aujourd’hui à La Rochelle ?
Jean-François Fountaine
 : – Je pense que oui. Ici, on est en lien avec ce qui se passe à Bordeaux et en Aquitaine en général. À commencer par notre système d’information, que nous avons en commun avec le reste de l’Aquitaine. Par exemple, le journal Sud-Ouest est le quotidien d’information de l’Aquitaine, mais aussi de La Charente-Maritime. Chaque matin, les évènements majeurs de l’Aquitaine et de Bordeaux sont connus des Rochelais. En revanche, ils ne savent pas ce qui se passe à Nantes, à Niort ou à Poitiers, puisque c’est un autre journal local. Ce qui a pu poser quelques difficultés à l’époque de la région Poitou-Charentes, puisque les gens d’ici ignoraient à la fois l’affaire locale en cours ou une question touchant à l’économie.

Nous avons également cette continuité historique dans la relation à la vigne et au vignoble, au vin en général, par l’intermédiaire du cognac, notamment. Et puis, en termes de paysages, d’architecture, nous sommes plus proches de l’Aquitaine que de Nantes. Le sport est aussi un point commun : La Rochelle est davantage tournée vers le sud que vers le nord. Le foot n’a jamais eu une place énorme, ici, alors que le rugby fait partie depuis plus d’un siècle de l’histoire des Rochelais. […] Sur ces vingt dernières années, c’est la première fois qu’on se stabilise en Top 14. C’est extrêmement important comme identité.

Autre élément qui nous a rapprochés dernièrement : les infrastructures. Il est infiniment plus facile pour un Rochelais de se rendre à Bordeaux, grâce à l’autoroute en continu, que de se rendre à Nantes. D’ailleurs, on le voit bien avec la baisse de fréquentation de notre territoire par les Nantais. Le trajet est casse-pieds à faire.

Mais il y a bien d’autres éléments qui nous rapprochent, comme la politique maritime. On voit bien que la Rochelle devient un peu le grand port de Bordeaux: les plaisanciers bordelais viennent à La Rochelle… On est un peu le port ouvert, alors qu’Arcachon est plutôt le Neuilly bordelais. En terme de stratégie urbaine également : à La Rochelle, on recommence à découvrir la politique bordelaise en la matière. Beaucoup de choses ont été réalisées à Bordeaux ces vingt dernières années et certaines nous intéressent, comme la réhabilitation des rives. Certes, avec le port de La Rochelle, nous partons de moins loin : il est toujours resté joli. Mais nous avons besoin de le requalifier, de le tirer vers le haut : aujourd’hui, nous avons encore du bitume sur les quais du port de La Rochelle, c’est encore traité pour la voiture. Nous comptons changer cela dans les années à venir. Le modèle bordelais me séduit également pour d’autres raisons. Par exemple, nous avions des services municipaux qui étaient dispatchés dans diverses maisons bourgeoises de la ville… J’ai donc lancé le projet de créer une cité municipale, pour les rassembler, et j’ai découvert qu’à Bordeaux, une cité semblable venait de se terminer.

Bordeaux? Une vraie petite métropole européenne

@qui!  – Comment les Rochelais vivent la Grande Région, qu’en attendent-ils ?
J.F F
– Bien. Qu’est-ce qu’on attend d’une Grande Région ? On attend une grande métropole. Avec Bordeaux, on est dans une dimension d’une vraie petite métropole européenne, qui nous apporte un certain nombre de services que l’on ne peut pas avoir nous-mêmes, un « supplément » lié à la taille et à la qualité urbaine de Bordeaux, que ne nous offrait pas Poitiers : un aéroport, un opéra, une offre économique et culturelle. Poitiers-La Rochelle, c’est plutôt un match entre égales. Je suis beaucoup plus à l’aise dans une région avec une métropole – mais ça aurait pu être Nantes, j’aurais dit la même chose. L’essentiel, c’est qu’il y ait une locomotive. De manière générale, les territoires ont besoin d’une métropole locomotive. Dans ce discours catastrophique que tiennent beaucoup d’hommes politiques en disant « Il faut sauver le milieu rural », certains se trompent complètement : ce qui sauve le milieu rural, c’est la ville. On peut avoir une vie en milieu rural à condition d’avoir des offres et des services à proximité… On ne va pas faire des hôpitaux ou des offres culturelles sur des territoires où il y a peu de monde. On a besoin d’avoir des villes fortes pour avoir un péri-rural de qualité.

Naissance d’une entente métropolitaine de Niort à Rochefort…

@qui!  – Comment La Rochelle peut-elle se positionner par rapport à cette grande métropole, en terme culturel, économique, etc. ?
J.F F
  – Nous avons des spécificités de toutes les natures : économiques, culturelles, qu’il faut qu’on entretienne. Nous ne devons pas nous amuser à singer Bordeaux. Nous avons nos spécificités, il faut continuer à les cultiver. Je suis en train de mettre en place, avec les collègues de Niort et de Rochefort, ce qu’on appelle une « entente métropolitaine ». Nous sommes en train d’élaborer une charte qui rassemble les communautés de La Rochelle, de Niort, de Rochefort, de Fontenay-le-Comte en Vendée, le Val de Sèvres et les deux Aunis. Notre objectif est d’avoir un discours concerté sur un certain nombre de points importants, pour peser auprès de la Grande Région. Je ne parle pas de discours « commun » volontairement, parce que nous pouvons avoir des visions un peu différentes sur certains sujets, des nuances liées à nos spécificités locales. Mais nous devons parler d’une même voix. Quand le préfet de Région ou le président de Région veut un éclairage sur les besoins de notre territoire, si le maire de La Rochelle veut l’inverse du maire de Niort ou de Rochefort, ils risquent de se dire : « ils sont gentils, mais qu’ils se mettent d’accord et ensuite on verra comment on peut répondre à leurs besoins. » Lors de groupes de travail, nous avons donc défini neuf priorités sur lesquelles nous devons avoir un discours concerté : sur les dossiers de l’enseignement supérieur, sur les dossiers qui touchent à l’urbanisme, aux grands équipements… Par exemple, sur les dossiers d’infrastructures : l’ensemble de ces partenaires considère que le petit aéroport de la Rochelle est utile au territoire. Autre exemple : sur le dossier de la LGV, l’État et beaucoup d’autres ont complètement oublié que la LGV a une branche ouest qui arrive à La Rochelle et qui dessert Niort, Fontenay-le-Comte… Or, nous avons besoin de cette offre, qui va nous mettre Bordeaux à deux heures d’ici, à la place de trois.

Au-delà de la nécessité d’avoir un discours concerté, nous avons besoin de travailler ensemble pour faire évoluer nos territoires. Par exemple, suite à la fermeture des agences de direction du Crédit Agricole à Niort et à Saintes pour s’installer à Lagord, dans l’agglomération rochelaise, le nouveau maire de Niort m’a dit : « Écoute, ça ne nous convient pas, mais ça nous ouvre les yeux sur le fait que Niort et La Rochelle doivent travailler ensemble. » Il considère que l‘avenir de Niort passe avec La Rochelle. Nous sommes flattés de cette démarche, évidemment. Mais quand on regarde bien la situation de Niort, sur certains aspects, elle est plus enviable que celle de La Rochelle. Le taux de chômage niortais est très inférieur au nôtre et leur niveau moyen de revenu est très supérieur. La Rochelle a un double visage, je le dis souvent : il y a La Rochelle qui rit, sur le Port, mais il y a aussi La Rochelle qui souffre, avec un taux de chômage très élevé dans un certain nombre de quartiers. Il ne faut pas penser qu’ici tout est beau, tout est formidable, même s’il y a de belles choses. Niort a aussi toutes ses qualités et Rochefort a aussi d’autres atouts. D’où c’est cette volonté de travailler ensemble… D’autant qu’il y a des économies fortes, dans notre bassin : le ferroviaire, avec Alstom, est notre première industrie, alors que nous avons peu d’aéronautique, qui est en revanche très présente à Rochefort et à Niort…

Jean-François Fountaine maire de La Rochelle

L’autre domaine dans lequel il y a matière à travailler de façon concertée, c’est au niveau de l’enseignement supérieur. Le nouveau président de l’université de La Rochelle a une volonté d’aller vers la création d’une communauté universitaire qui soit tournée vers le sud, Bordeaux et la Grande Région. Je prends un exemple abordé dans le cadre de la charte métropolitaine : l’université de La Rochelle possède aujourd’hui un pôle qui travaille sur la notion de risques. De leurs côtés, à Niort, Les Mutuelles, qui représentent la plus importante force économique des assureurs mutualistes, ont voulu développer un pôle universitaire sur l’étude de risque. Nous avons bien évidemment intérêt à les marier pour qu’il y ait, éventuellement, une antenne de l’Université de La Rochelle à Niort et que les études sur la notion de risque soient faites, main dans la main, entre Niort et La Rochelle. Ce n’est que du bon sens.

Dans cette idée de lier recherche et entreprises, à La Rochelle, nous sommes également en train de développer une zone d’activité économique, appelée Atlantec. Deux centres de l’université, qui travaillent sur l’isolation et la préservation du patrimoine bâti, sont en train de mettre en place une structure de vulgarisation scientifique, appelée TIPEE, pour mettre la recherche scientifique à portée des entreprises. Une association va être créée pour inciter des entreprises qui travaillent dans ce secteur à s’installer. C’est une grosse démarche, à la fois environnementale, économique et scientifique. J’espère pouvoir convaincre la Région d’être un de nos partenaires. Alain Rousset m’a demandé sur ce dossier, comme sur beaucoup d’autres, un petit peu de temps, le temps de mettre les choses en place à la Région…

La Rochelle va devenir le grand port de l’Aquitaine

@qui!  – L’aspect maritime est un autre point commun avec la région bordelaise et les côtes aquitaines en général. Comment La Rochelle se positionne dans ce paysage, en terme d’économie et de politique maritime ?
J.F F
  – Le grand port naval à La Rochelle est une économie, aujourd’hui, qui est en train de prendre un élan puissant. L’État a vraiment joué le jeu en plaçant le port de La Rochelle en port autonome, puis en grand port maritime. Il l’a accompagné avec des investissements et, aujourd’hui, ce secteur-là, à La Rochelle, génère de l’emploi, de l’activité et des activités périphériques. Nous étions le second port d’import en termes de céréales, Nous allons très probablement devenir le premier. Nous avons aussi de grands groupes, comme Soufflet, qui construit de grands silos. Nous avons aussi une entreprise spécialisée dans la recherche pétrolière, Reel (Imeca-Reel, ndlr), qui termine de construire une usine à La Rochelle. L’économie autour du port, en termes d’activités complémentaires, marche plutôt bien. Dans ce domaine, la complémentarité avec Bordeaux n’existe pas tellement : Bordeaux, bien sûr, son point fort, c’est tout ce qui découle des anciennes raffineries, avec Bassens et tout cet espace-là, mais les autres activités sont modestes. J’en ai discuté avec Alain Juppé et Alain Rousset, il est clair que tout monde pense que La Rochelle va devenir le grand port de L’Aquitaine… Pourquoi ? Parce que de nombreuses marchandises arrivent par La Rochelle. Le port du Verdon va continuer son activité sur les questions pétrolières, essentiellement, mais, du fait de son enclavement et des enjeux environnementaux, les autres activités n’ont pas un avenir immense.

Au niveau de l’économie de la pêche, La Rochelle est devenue un Rungis de la mer, un marché de gros du poisson. C’est-à-dire qu’on en débarque moins qu’avant, environ 2500 tonnes, mais 12 000 tonnes passent par la plateforme de gros. On devient aussi le port de mise en marché des huîtres et des moules, puisqu’on peut les stocker et les expédier. Ici, la pêche reste des petits métiers, en termes de volume et d’emploi. Le port de pêche local, c’est vraiment La Côtinière, à l’île d’Oléron, mais sans La Rochelle, La Côtinière ne pourrait pas vivre, car la mise en marché aujourd’hui se fait à La Rochelle. Nous allons garder une activité pêche, mais on ne va pas raconter qu’on va faire un grand développement sur ces métiers-là. Par contre, développer des grosses plateformes commerciales d’échanges, oui.

@qui!  – La plaisance est en actuellement en plein développement… Avec la Grande Région, deux grands pôles de construction, à Bordeaux et à La Rochelle, coexistent. Cela appelle-t-il du travail partagé ?
J.F F
: – Ce travail partagé existe déjà. En fait, on est trois pôles, avec La Vendée, puisque CNB, un des constructeurs présents à Bordeaux, c’est aussi Bénéteau (dont le siège est en Vendée, NDLR). Globalement, les fournisseurs, les architectes, sont déjà en lien entre eux, les uns, les autres. Par ailleurs, dès qu’il y a de beaux bateaux à mettre au port, CNB les emmène à La Rochelle, puisque CNB est sur la Gironde et que c’est compliqué. Donc, dès qu’il faut les faire essayer à des clients, les finir, faire une mise au point, ils viennent dans le bassin, ici. Ce pôle plaisance renforce le pôle nautisme sur cette grande région, qui existe depuis longtemps : il ne faut pas oublier que la plaisance moderne s’est développée à Pessac, à côté de Bordeaux, il y a longtemps. Ça s’est développé ensuite en Vendée, à La Rochelle, à Arcachon… Aujourd’hui, c’est un domaine en recherche de salariés. Mais c’est un secteur très cyclique, qui surréagit. Quand l’économie va, la plaisance va très bien, quand l’économie va mal, la plaisance va très mal.

Un projet « climat, océan, littoral »

@qui !  – Pensez-vous qu’il y a des politiques maritimes, notamment sur des questions environnementales, des problématiques à mettre en commun ?
J.F F
: – Peut-être. À La Rochelle, nous avons le projet de créer un centre que l’on va appeler « climat, océan et littoral ». Pourquoi ? D’abord, parce que notre ville a été envahie par l’océan à deux reprises, dans l’histoire récente ; que nous avons des laboratoires qui travaillent sur le littoral à l’université de La Rochelle ; que le navire France 1 (visible au musée maritime de La Rochelle aujourd’hui, NDLR) était un navire d’observation météorologique au milieu du golfe de Gascogne. Nous avons une légitimité à étudier en quoi l’océan est un énorme régulateur de climat et que si l’océan en venait à ne plus avoir ce rôle régulateur, ce serait une vraie catastrophe. Donc j’ai envie d’en faire un centre à La Rochelle, pour que les travaux menés par les scientifiques soient valorisés, qu’on les fasse connaître. C’est un projet qui va prendre un peu de temps, parce que ce sont des sujets lourds. Nous ne voulons pas aller sur le terrain de ce que fait déjà Toulouse, qui est une référence en termes d’études sur le climat, mais, par contre, sur le lien océan et climat, là, il y a un fil à tirer. Je ne sais pas s’il y a d’autres sujets comme ça en Aquitaine… Après, sur la mer comme lieu ressource, de nutrition, etc., oui, il y a sûrement des sujets de concertation, mais, est-ce que nous avons les meilleurs laboratoires du monde là-dessus ? La ville de recherche océanique française par excellence, c’est Brest.

Alain Rousset m’a également beaucoup parlé de croissance bleue, il a fait campagne là-dessus… Je me suis dit « tiens, il fait ça pour te faire plaisir », mais il y avait une sincérité dans les propos. En quoi cela va-t-il se traduire ? J’attends de voir. Je ne crois pas trop à l’éolien offshore, ça coûte très cher. On en fait un peu, mais c’est de l’électricité qui coûte un milliard. On ne l’a jamais dit aux gens, mais s’ils payaient le courant au prix qu’il revient, ils paieraient leur électricité dix fois plus cher qu’aujourd’hui.

Jean-François Fountaine maire de La Rochelle

 Tourisme: une marque pour le territoire

@qui!  – Venons-en au tourisme, maintenant. Entre ses 700 km de littoral et ses sites patrimoniaux, le centre d’art pariétal de Lascaux qui va ouvrir, la région a un potentiel phénoménal, il y a sûrement un grand projet touristique régional à concevoir… Qu’en pensez-vous ?
J.F F
– Évidemment, le potentiel est là. La première difficulté, c’est de donner une marque à ce territoire. Aujourd’hui, sur l’ensemble du territoire, la marque dominante, c’est Bordeaux. Vue de l’autre bout de la planète, L’Aquitaine n’est pas une marque commerciale très puissante, en terme touristique. Quand vous voulez vendre le territoire à l’autre bout du monde, ou faire venir des touristes américains, la marque la plus forte de notre territoire, c’est Bordeaux. À côté, La Rochelle est une marque sympathique, un peu connue, mais pas gigantesque, et on mène actuellement un travail de marketing territorial pour définir ce qui va être notre ombrelle. Personnellement, si je devais raisonner de manière très rationnelle, j’écrirais La Rochelle avec en dessous, en souligné, Bordeaux. Mais avant de décider quelle sera la marque ombrelle de La Rochelle, il faut d’abord attendre que la Grande Région ait choisi son nom. En tout cas, il y a une porte d’entrée par Bordeaux, notamment pour des territoires auxquels je crois beaucoup pour le développement de notre tourisme : le Canada et le Québec. L’Aquitaine est jumelée avec le Québec, et la ville de Bordeaux avec la ville de Québec, donc cette mouvance Aquitaine-La Rochelle-Québec marche bien. Nous avons également une volonté de renforcer notre cible touristique vers le réseau des villes hanséatiques, ces villes qui faisaient autrefois commerce du sel et du vin et qui se sont trouvées entraînées par la Réforme. D’ailleurs, nous fêterons l’an prochain l’anniversaire de la naissance de La Réforme, il y a 500 ans. Là, par contre, ça intéresse moins Bordeaux et l’Aquitaine, qui ne sont pas dans le réseau des villes hanséatiques, ou peu. Pour les pays scandinaves, ou une ville comme Lübeck en Allemagne, avec laquelle nous sommes jumelées, La Rochelle, ça a du sens.

En tout cas, aujourd’hui, le temps n’est plus à ce que l’on fasse les choses tout seul. Par exemple, je réfléchis à ce qu’on puisse organiser de grands événements maritimes, comme de grands rassemblements de voiliers. Pas tous les ans, bien sûr, mais tous les quatre ans, par exemple… Et pour faire venir de grands voiliers, il faut leur offrir un programme. On ne vient pas avec un grand voilier du Canada uniquement à La Rochelle. Donc, il faut organiser un grand programme coordonné avec Bordeaux, La Rochelle, voire Brest, pour leur dire : en mai, c’est une étape à Bordeaux ; juin, c’est La Rochelle, et juillet c’est, par exemple, Brest. Ce sont des programmes de cette nature qu’il faut qu’on mette en place, en concertation.

En tout cas, notre objectif à terme est de renforcer le tourisme urbain, embellir la cité, avoir une offre d’hôtellerie plus haut de gamme, on va contribuer à avoir plus d’éléments qualitatifs pour avoir du monde sur notre ville et du rayonnement.

1.avec Pierre Follenfant

EXTRAITS DE L’INTERVIEW d’ANNE-MARIE COCULA

Les villes ont un rôle éminent à jouer

@! – Limoges, Poitiers, La Rochelle, Angoulême, Agen, Pau, Bayonne… ne doivent pas, dites-vous, renoncer à leur histoire comme une abdication par rapport à une métropole qui serait tutélaire, envahissante...
A. M. C. – Non, au contraire elles doivent la revendiquer; ce que je crois et cela existe déjà sur le plan de l’éducation et de la culture dans l’Aquitaine actuelle. Elles doivent, ces villes, avoir un rôle éminent à jouer et prendre toutes leurs places en se situant, non pas dans une forme de ruralité qui ne correspond pas à leur histoire, mais en se situant, par rapport à ce qui fait leur spécificité, leur originalité. Et, en cela, je trouve que le concept de métropole est pour le moins maladroit. Il réveille dans nos têtes, l’idée qu’ une métropole, que la métropole, c’est Paris et, qu’ à partir de ce moment-là toute métropole va devenir l’équivalent de ce qu’ a été Paris à travers les siècles… Car la centralisation a été monarchique, révolutionnaire, impériale (1° et Second Empire) ; elle a été républicaine. (III° République) . Pire, en rompant avec les provinces d’ancien régime qui étaient l’héritage des temps féodaux, qui avaient les empreintes de l’aristocratie, en créant les départements, la centralisation a été considérablement accrue. Le département est, d’abord, un territoire de centralisation ; parce qu’il définit un chef-lieu et parce qu’il brise ce réseau urbain dont nous parlions. Et il donne à la tête et nomme un préfet et des sous-préfets qui sont les représentants de l’État

Il est clair qu’avec la loi la plus récente, qui redécoupe les régions, en conservant les départements et en faisant en sorte que leurs compétences soient largement conservées, la centralisation n’est pas abandonnée. Il ne faut se faire aucune illusion. Il n’ y a pas eu dans l’histoire des départements – 1790 – de découpage d’un département On n’a pas décidé, un jour ou l’autre, de dire on coupe en deux un département.

Ne pas confondre Capitale et Métropole

@! – Revenons sur la capitale de la grande région
A. M. C. – Oui, la grande région a une capitale, mais il ne faut pas la confondre avec les institutions de la Métropole. Elle a une vocation régionale. La vocation métropolitaine s’arrête aux frontières de la métropole ; moi j’ai préféré la Communauté urbaine, la CUB ; elle conservait cette relative autonomie aux plus grandes villes de la Gironde qui sont collées à Bordeaux. Maintenant ce n’est plus le cas ; il suffit de regarder le sigle choisi par la métropole avec cette espèce de feu d’artifice qui part dans tous les sens et aboutit à un point, dont le centre est Bordeaux. À partir de ce moment-là, le voyageur de passage, le touriste n’a aucune idée de ce qui est autour de Bordeaux. C’est dommage.

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