Le « Grenelle des banlieues » débute à Bègles, en Gironde


Photigule
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2011 PAR Aymeric Bourlot

Quelle politique pour la banlieue ? La question est la même depuis plus de 30 ans, mais les réponses qui y ont été apportées pour améliorer la vie dans les quartiers se sont montrées pour la plupart inefficaces. Comme l’a rappelé Noël Mamère, maire de Bègles et député écologiste, dans son discours d’ouverture « on ne peut pas se contenter de mettre le couvercle sur la marmite ou de gommer la question des banlieues. Il faut s’attaquer aux racines de ce mal français ». Un combat qui passe par une réflexion en profondeur. Pour cela, tables rondes, échanges, ateliers et débats étaient au programme de cet après midi consacré à la banlieue. Le tout animé par le sociologue Mehdi Hazgui.

 

Combattre les préjugés
Partant d’une idée commune selon laquelle la banlieue est un thème prioritaire de la campagne de 2012 et que cette question doit être vue autrement que par le prisme sécuritaire, le débat s’engage. Première analyse, celle de Laurianne Deniaud, Présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), qui reproche à l’ensemble des partis politiques – PS en tête – « de traiter  la question des banlieues uniquement quand il y a un problème ». Une analyse partagée par la conseillère régionale d’Aquitaine, Naïma Charaï, qui parle des « préjugés » sur la population de banlieue et dénonce la faiblesse des politiques culturelles de banlieue, se limitant souvent à des cours de hip-hop ou des terrains de basket. Les réactions sont vives. « Pour s’en sortir il faut refuser de s’inscrire dans le moule construit pour les jeunes des banlieues » affirme le comédien Douada Diakaté. « Le malaise des jeunes est alarmant » déclare de son côté Mohamed Amanissi, boxeur pessacais: « ils accumulent les contrats précaires et le chômage et  les banques les refusent ».
« Rien n’a changé en banlieue depuis 30 ans » explique Saber Gharbi, membre de l’association Quartier Sans Cible, qui regrette que « ce soient des gens qui ne viennent pas de banlieue qui parlent et décident pour nous » avant d’ajouter « le traitement médiatique de la banlieue ne montre que le négatif alors que l’immense majorité des habitants de banlieue fait énormément d’efforts pour ne pas qu’on voit la banlieue sous le prisme de la délinquance ou de l’islam ».  

 

Mettre en place la mixité sociale
Des clichés qui viennent, selon Bolewa Sabourin, animateur du réseau « Cités en Mouvement », d’un premier problème qui est celui du vocabulaire. « N’ayons pas peur d’appeler un Noir un Noir ou un Arabe un Arabe, ne mettons pas de codes ou de sous entendus derrière ces mots, ne pensons pas de manière individuelle et remettons le « nous » au centre des préoccupations car le problème est vécu par tout le monde». Habitant la région parisienne Bolewa Sabourin vit la banlieue au quotidien, comme l’ensemble des invités du colloque, et il croit lui aussi à « l’énorme potentiel » de ce qu’il veut appeler avant tout « les quartiers populaires ». Ainsi, il encourage chacun, les jeunes en particulier, à s’exprimer et à s’engager sur le plan politique pour défendre leurs idées et mettre la banlieue au centre du débat politique en lui assurant une représentativité.
« Sur le plan national, plus de 4 millions de personnes vivent dans les banlieues » détaille Jean Touzeau, Maire de Lormont et Vice-président du Conseil Général de Gironde, qui rejoint l’avis de Bolewa Sabourin et affirme la nécessité de « s’appuyer sur leurs propositions ». Des propositions qui doivent être plus visibles grâce à une « une vraie mixité », marquée par la construction de logements sociaux hors des banlieues, permettant d’éviter la formation de « ghettos », mais aussi par une bonne accessibilité à la culture pour les habitants de banlieue.

 

Mixer les populations, arrêter les stigmatisations, changer les regards sur la banlieue en montrant le positif, construire des équipements sportifs et culturels dans les quartiers populaires, lutter contre la banalisation des discriminations sociales en termes d’emploi et de logement, combattre les préjugés, mieux former la police, séparer religion et politique, voilà certaines des grandes propositions recueillies lors du colloque de Bègles. Listées sous forme de charte à l’attention des candidats à la présidentielle ces idées sont autant de solutions possibles pour résoudre le grand problème des banlieues, trop longtemps ignoré.   

Credit Image : Photigule
Plus d’informations sur les sites http://quartiersanscible.fr et http://www.citesenmouvement.fr

Aymeric Bourlot

 

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