« Le miroir aux alouettes » : une campagne des régionales ronronnante


Il est de bon ton de se plaindre qu'en politique, on préfère les « petites phrases » aux discussions de fond sur les programmes. Les élections régionales pourraient être le moment privilégié d'une autre façon de « parler politique » : enjeux de proxi

Didier Poveda
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 01/02/2010 PAR Vincent Goulet

Alors que, pour une foisla polarisation de la vie politique entre l’UMP et le PS pouvait être évitée, la logique médiatique de la personnalisation se perpétue, comme s’il s’agissait d’un réflexe irrépressible. En Aquitaine, la campagne vient à peine de commencer que déjà le président sortant et son principal challenger monopolisent l’attention des journalistes reléguant les autres listes aux seconds voire aux troisième rôles. Ainsi, le 29 janvier, Sud Ouest et France 3 montrent un Alain Rousset et un Xavier Darcos des plus détendus lors de leur « premier débat » organisé à l’IEP de Bordeaux. Un débat qualifié de courtois, proche de la « discussion intellectuelle ». Il est vrai que la situation sociale et écologique est des plus riantes en Aquitaine, avec la crise du logement qui s’approfondit, les salariés de l’usine ex-Ford de Blanquefort qui tremblent toujours pour leur avenir, les autoroutes asphixiées par les camions et un bassin d’Arcachon de plus en plus pollué… Sud Ouest sous-entend qu’il y en aura d’autres débats de ce genre d’ici mars. Espérons qu’ils seront d’une eau moins tiède et que les autres têtes de listes seront cette fois-ci invitées plutôt que d’être reléguées en pages intérieures.

Où sont passé les Verts, le Front de Gauche et le FN ?
Un rapide comptage des articles depuis une quinzaine de jours dans le journal régional confirme une bonne exposition du candidat du PS, suivi par celui de l’UMP. Arrive en troisième position Jean Lassalle du Modem, une « forte personnalité » qui sait donner du piquant à la vie politique. Pour les autres listes, il faudra attendre pour des articles de fond, bien que l’on sache déjà que Gérard Boulanger est la tête de liste pour le Front de Gauche, Monique de Marco pour Europe Ecologie et Jacques Colombier pour le Front National. Seraient-ce des candidats trop peu médiatiques ? On se demande alors d’où vient cette précieuse qualité : du caractère ou du physique du candidat ? De leur charisme ou de leur nom (voir « l’affaire » Marie Bové) ? Ou simplement du manque d’imagination pour rendre accessibles des candidats pourtant déjà bien implantés en Aquitaine ?

A force de laisser croire que tout est joué par avance, que la gauche et la droite ne se distingue que par des nuances et que toute façon le politique n’a plus guère d’emprise sur les réalités économiques et sociales, on va finir par désespérer l’électeur. Qu’à cela ne tienne, le disque du lendemain d’élection est déjà prêt : la bonne vieille rengaine du taux d’abstention.

 

Vincent Goulet


[Dans « le miroir aux Alouettes » d’Aqui.fr, Vincent Goulet, docteur en sociologie, décortique une fois par mois le traitement médiatique d’un événement particulier.]

Photo : Didier Poveda

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