Le Pays basque est-il entré dans une nouvelle ère?


F.D.
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/01/2017 PAR Felix Dufour

L’interview de Michel Iriart, le maire de Biriatou, la ville frontalière, dans les colonnes de « Sud Ouest » le 5 janvier pour résumer ce que pense la majorité des 300 000 habitants du Pays basque sur la mise en place de cette Communauté unique qui a suscité une levée de boucliers de la part des maires de la défunte et puissante Agglomération Côte basque Adour réunissant Bayonne, Anglet, Biarritz, Bidart et Boucau. « Cette communauté est très importante car elle est une reconnaissance institutionnelle du Pays basque dans le cadre de la République. On peut regretter la précipitation dans laquelle il a fallu se lancer. Une intercommunalité cela se réfléchit. Comment harmonise-t-on les compétences, Comment les gère-t-on. Il me semble qu’il aurait été plus judicieux  de fixer la date de 2021 afin qu’au prochain renouvellement municipal l’installation se fasse une fois le travail de débroussaillage effectué. »

La spécificité du Pays basque a été une revendication demandée unanimement depuis des décennies à travers, entre autres un Conseil des élus de cette entité qui n’a rien à voir avec un Béarn voisin qu’unit dans le marbre de l’administration française le Conseil général – devenu départemental — des Pyrénées Atlantiques. C’est cette opportunité de reconnaissance identitaire qu’a saisie en 2014 le préfet du 64, Pierre-André Durand, ancien sous-préfet de Bayonne. Une occasion rêvée. Une brèche dans laquelle s’est engouffré le « tout jeune » président de l’agglomération Côte basque Adour, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne élu à l’unanimité par ses pairs (Michel Veunac – Biarritz-, Emmanuel Alzuri – Bidart-, Claude Olive – Anglet- et Françis Gonzalez – Boucau), président de l’ACBA au lendemain des élections municipales de 2014. L’ancien avocat du barreau, également président du Conseil des élus, allait passer la surmultipliée pour se faire celui de l’EPCI  et avaler un premier projet qui gommait la réalité de la population dans la composition de la future représentativité et la nébuleuse de la gestion de la nouvelle usine à gaz. Résultat, nous nous en sommes fait largement l’écho, Jean-René Etchegaray était mis en minorité par les cinq maires de l’ACBA – et remplacé par le maire d’Anglet- tandis que chaque chacun des Conseils municipaux des 158 communes des dix communautés d’agglomération votait – à une large majorité — pour cet EPCI. Le front du refus auquel s’étaient jointes des communes du Pays basque intérieur réussissait malgré tout à faire revoir la copie de la représentativité. La frange littorale, ECBA et sud Pays basque et la ceinture de Bayonne représente 150 000 des 300 000 habitants de la nouvelle communauté. Des recours enfin, et en vain,  pour faire capoter le projet finissaient de plomber l’ambiance.

Un conseil exécutif …et  huit pôles territoriaux

Alors depuis, le 1er janvier, quelle est la nouvelle gouvernance de cette Communauté du Pays basque qui compte plus de 300 000 habitants: elle sera constituée d’un Conseil communautaire de  233 élus. 25 élus dont le président – lehendakaria en euskara —, 15 vice-présidents (anciens présidents des anciennes agglomérations), 9 conseillers délégués prépareront les délibérations et assureront l’administration de la Communauté.  Sous ce directoire, seront maintenus  8 pôles territoriaux (2 ont disparu), au côté de 69 élus d’un Conseil permanent chargé de la gestion des attributions déléguées par le Conseil communautaire et parallèlement des commissions obligatoires et facultatives. Parallèlement, deux instances consultatives seront maintenues, le Biltzar, Conseil des maires du Pays basque, une instance de coordination entre la Communauté et les communes, et Le Conseil de développement, représentant de la société civile, qui a d’ailleurs apporté sa contribution à la construction de cette nouvelle communauté.

Le 23 janvier, dans un amphithéâtre de la Faculté de Bayonne, les 233 membres du Conseil communautaire se réuniront pour élire le président dont il ne fait pas de doute qu’il s’agira, par reconnaissance de services rendus, de Jean-René Etchegaray. Hitza Hitz (parole donnée), jusqu’à ce jour le maire de Bayonne est d’un mutisme assourdissant sur son rôle futur au cœur – ou à la tête — de la communauté.

Une mise en place jalonnée de fractures politiques

Le maire de Biriatou aura bien résumé la pensée générale. Cette mise en place à la hussarde pourtant pavée de bonnes intentions aura causé bien des fractures au sein de conseils municipaux. Particulièrement au sein de la puissante agglomération bayonnaise avec des coalitions, comme à Bayonne ou à Biarritz, qui risquent d’exploser aux prochaines élections municipales. Lésions politiques ou de règlements de compte personnel comme à Anglet où le maire Les Républicains, dans le rab proposé dans la représentativité des grosses agglos avait ouvert la porte à son opposition. Et c’est une PS qui aura barré la route à sa colistière, Sandrine Derville, vice-présidente du Conseil régional. Une erreur de casting.

Comme cette Communauté basque devra tenir compte pour se construire de manière solide de la mixité culturelle basco-gasconne et littorale, avec deux gros pôles territoriaux, comme on les appelle désormais de cette agglomération. Enfin, politiquement parlant, si chacun a une sensibilité d’un Pays basque unique et indiscutable, il n’y a pas 300 000 abertzale (patriotes, en euskara) en son territoire.

Avant de quitter la présidence de l’ACBA, le maire d’Anglet a réussi à finaliser le gros chantier de mobilité de l’ACBA: le futur et impressionnant tram’bus qui ira de Boucau à Bidart. En transférant, en tant que président du Syndicat mixte des transports, sa gestion de Transdev à Keolis, avec la bénédiction de la ville de Tarnos, dans le Seignanx- impliquée jusque-là dans ce syndicat et qui désirait intégrer – sans trop d’illusions – cette communauté basque.. Petit cadeau avant de prendre la route, Claude Olive a maillé le réseau de circulation de l’ex future « Ville des Villes » dont rêvait, dès son élection à la présidence de l’ACBA…Jean-René Etchegaray. Bien de l’eau de l’Adour est passée depuis sous les ponts de Bayonne et d’une certaine manière le Pays basque est entré dans une nouvelle ère. Mais il devra jouer groupé.

 

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