Interview, Jean Petaux : « Juppé m’a toujours dit : « le seul homme politique que craint Sarkozy, c’est moi » ».


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/06/2014 PAR Nicolas César

Aqui ! : Avez-vous été surpris qu’Alain Juppé déclare sa candidature maintenant ?
Jean Petaux :
 Je ne suis pas surpris de la soi-disant sortie d’Alain Juppé, car depuis trois ans il  a multiplié les petits cailloux, à l’image de son soutien à François Bayrou contre Sarkozy et Copé. Il a fait l’analyse qu’il y a une fenêtre d’opportunité qu’il n’a jamais eue pour la présidentielle. Pour cela, son premier objectif était une réélection sans aucune difficulté à la mairie de Bordeaux. Ensuite, Alain Juppé a été surpris par l’ampleur de la victoire de la droite à la CUB. Les clés du camion lui sont tombées  dans les mains dès le premier tour. Ce qui lui permet maintenant de concentrer son énergie sur la présidentielle. Il a déclaré sa candidature plus vite que prévu, en raison du séisme Bygmalion et de la chute de Copé.

@ ! : Comment Alain Juppé se prépare-t-il dans la perspective de la présidentielle de 2017 ?
J.P :
Alain Juppé a constitué une véritable antenne à Paris, de pré-campagne de primaires. Il a entamé le processus régulier de « retour aux affaires », selon l’expression du général De Gaulle. En outre, dès la prise de pouvoir intérimaire à l’UMP, il a expliqué que le président de l’UMP ne devait pas être candidat à la primaire. Il a crée un profil, qui l’exclut volontairement. Alain Juppé m’a toujours dit : « le seul homme politique que craint Sarkozy, c’est moi ». Je ne suis pas sûr que Nicolas Sarkozy renverse la table s’il est dans la course. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, aujourd’hui il y a cinq affaires dans lesquels l’ancien président de la République est cité. Et l’une d’entre elles pourrait bien aboutir. Nicolas Sarkozy n’en a pas fini avec ses épisodes judiciaires. Et, d’autres éléments peuvent jouer. Qui contrôlera le fichier des primaires ? Par expérience, l’équipe d’Alain Juppé est très vigilante sur ce point.  Enfin, l’âge d’Alain Juppé n’est pas un problème. En avril 2017, il n’aura pas 72 ans. Et, en fin de mandat, il aurait 76 ans et demi.

@ ! : Pourquoi Alain Juppé a-t-il déclaré publiquement qu’il allait téléphoner à Nicolas Sarkozy ?
J.P :
Il l’a fait pour le mouiller et lui dire « ne crois pas que tu pourras faire cavalier seul ». Dans le même esprit, Alain Juppé a dit : « l’UMP peut mourir » pour dramatiser et mouiller tout le monde. Aujourd’hui, Alain Juppé apparaît comme le plus profilé pour la présidentiable dans le triumvirat. La stratégie de François Fillon est difficile à gérer, tandis que Jean-Pierre Raffarin semble avoir d’autres ambitions, plus parlementaires, en l’occurence la présidence du Sénat.

@ ! Comment expliquez-vous la popularité actuelle d’Alain Juppé, alors qu’il était si impopulaire en 1995 pendant les grandes grèves ?
J.P :
Le passé n’est pas un élément rédhibitoire en politique en France. La société française pratique le pardon. Le Juppé de la grève de 1995 n’est pas oublié, mais cela donne de l’épaisseur au personnage. Il a été condamné, mais apparaît comme la victime. Pour autant, quelqu’un qui caracole en tête à deux ans des élections n’a aucune garantie de gagner la présidentielle.

@ ! Aujourd’hui, Alain Juppé n’est pas aussi populaire que Nicolas Sarkozy parmi les militants, n’est-ce pas un handicap ?
J.P :
Effectivement. C’est un problème. Alain Juppé est plus populaire auprès des Français que de son propre parti, qui s’est droitisé sous l’ère Sarkozy. C’est pourquoi, Alain Juppé veut des primaires ouvertes.

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