Les administrateurs de l’ENM demandent au directeur de revoir le projet de réforme de l’école


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/04/2008 PAR Nicolas César

Aqui! L’instauration de tests psychotechniques au concours d’entrée de l’ENM est une des propositions les plus critiquées par les administrateurs de l’école, pour quelles raisons ?
Olivier Joulin :
Nous souhaitons que le directeur de l’ENM abandonne cette idée d’apprécier la personnalité des candidats à l’ENM au travers d’un test psychotechnique. D’une part, parce qu’il est très facile de se préparer à ces tests. D’autre part, car statistiquement, un cas pathologique sur deux seulement est détecté. De plus, je pense que le concours n’est pas le meilleur moment pour apprécier la personnalité d’un candidat. L’examen accentue le côté narcissique de certains candidats et le côté dépressif de ceux qui sont stressés par l’enjeu. Quelque part, cela remet aussi en cause la légitimité du juge, mais qui va nous assurer de la légitimité du psychologue. Qui va le désigner ?

@! Peut-on envisager malgré tout la présence d’un psychologue au sein du jury de l’ENM ?
O.J :
Oui, à mon sens, il est envisageable d’introduire un psychologue dans le jury au concours d’entrée à l’ENM. Par ailleurs, il est souhaitable que l’examen oral à l’ENM évolue dans sa forme pour devenir en quelque sorte un entretien d’embauche. Il s’agirait moins d’apprécier les connaissances juridiques du candidat, que sa personnalité et ses motivations. Cet oral pourrait donc se faire en présence d’un psychologue. Il me paraît nécessaire également de réaliser un « bilan de compétences » à l’issue de la formation. Cela se fait déjà à l’ENM. Cet entretien n’est pas évalué, mais permettrait aux auditeurs de justice de réfléchir à son cheminement, à ses qualités. Il s’agit de guider le futur magistrat dans ses orientations. Cela manque aujourd’hui à l’ENM. Un tel « bilan de compétences » aurait peut-être permis d’éviter des drames comme Outreau. Le juge Burgaud aurait peut-être pris conscience au cours de cet entretien qu’il n’avait pas forcément les qualités pour être juge d’instruction.

@! : Une de vos principales inquiétudes concerne la filiarisation de la formation à l’ENM, qu’est-cela changerait-il ?
O.J :
Aujourd’hui, nous formons des magistrats polyvalents à l’ENM, car un magistrat doit savoir tout faire. Au début de leur carrière, les jeunes juges sont nommés dans de petites juridictions, où le matin, ils peuvent être juge des affaires familiales et l’après-midi, juge d’instruction. Or, dans ce projet réforme, les auditeurs de justice n’apprendront plus tous les métiers de magistrat dans le détail. C’est une erreur. On a ainsi reproché au juge Burgaud de ne pas travailler assez avec le juge pour enfants. Mais, pour cela, il faut que le juge d’instruction connaisse les autres métiers de magistrat. Je pense que Jean-François Thony (directeur de l’ENM) n’a pas suffisamment d’enracinement judiciaire dans la magistrature et qu’on ne lui laisse pas assez de temps pour mener à bien cette réforme de l’ENM. Aujourd’hui, c’est le pouvoir politique qui pilote cette réforme de l’ENM, mais il faudrait réfléchir aussi sur cette question. N’est-ce pas plutôt au Conseil supérieur de la magistrature de conduire cette réforme ?

Interview : Nicolas César


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