Les deux Charentes se penchent sur le réseau ferroviaire


Anne-Lise Durif
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/09/2017 PAR Anne-Lise Durif

Si les travaux devraient démarrer dès novembre sur l’axe Royan-Saintes, la modernisation de la signalisation va être reportée sur l’axe Angoulême-Saintes, comme l’a annoncé à cette occasion SNCF Réseau. En cause, le « manque de personnels spécialisés dans la signalisation » pour faire les travaux, selon SNCF Réseau. Un argument qui a fait bondir le président de Région Alain Rousset, appelant à faire le nécessaire, quitte à se tourner « vers le privé », pour résoudre le problème au plus vite. Car il y a urgence à moderniser ce nœud ferroviaire de Saintes, également carrefour des lignes venant de Niort, La Rochelle et Poitiers, vers Bordeaux. L’autre urgence, c’est celle de trouver de nouveaux financements. « Sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, il y a 3,2 milliards de travaux à réaliser. Dans ces 3 milliards, il y a 1,2 milliard sur le réseau régional et à l’intérieur, six cent millions sont à réaliser d’ici 2022 sans quoi nous devrons fermer des voies ». Il porte tout particulièrement son attention sur l’axe Limoges-Angoulême ou Limoges-Poitiers, qui connaît de grosses difficultés de circulation. «Les financements du CPER ne suffiront pas […] Je l’ai dit à deux reprises à la Ministre des Transports, nous avons besoin de nouveaux modèles économiques pour que le renouveau du ferroviaire soit soutenable sinon nous allons passer notre temps à reporter les projets […] Je ne voudrais pas que dans dix ans, moi ou mes successeurs soyons obligés d’annoncer la fermeture de deux ou trois lignes.» Plusieurs possibilités d’autofinancement ont donc été soulevées, comme un prélèvement sur la  taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), c’est-à-dire pétroliers, « qui serait à mon sens suffisant pour couvrir les frais », selon Alain Rousset, ou encore une nouvelle Eco-taxe, qui pourrait prendre la forme d’une vignette comme en Suisse. Mais La France n’est pas la Suisse, a rappelé le préfet de Région Pierre Dartout, et il faudra faire bien attention au système de taxation choisi pour « éviter l’écueil juridique, notamment par rapport à législation européenne, et ne pas taxer que les camions étrangers, sinon ça ne passera pas.»

 De nombreux élus des deux départements, conseillers ou non, se sont réunis pour cette session extraordinaire autour du président et du préfet de Région

Trois questions à :

Dominique Bussereau, président du Département de Charente-Maritime

@qui! : Au niveau du réseau ferré et de ses infrastructures, on a l’impression qu’il y a des priorités un peu partout… Il y a urgence ?

Dominique Bussereau: Il y a le feu à la fois sur les grandes lignes – il faut poursuivre la LGV vers Toulouse, et nous avons aussi un accord avec l’Espagne pour un raccordement jusqu’à la frontière à l’horizon 2022 – et il y a des lignes en très mauvais état. On en a cité quelques-unes ce matin : Bergerac-Libourne, Angoulême-Limoges, Poitiers-Limoges, et chez nous, des tronçons très mauvais entre Saintes, Saint-Jean-d’Angély et Beauvoir- sur-Niort, entre Saintes et Niort, entre Saintes, Pons, Jonzac, Montendre et Bussac, entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon. Et puis il y a des projets d’avenir, c’est-à-dire la modernisation de tronçons qu’on a déjà améliorés, à savoir Angoulême-Saintes et Saintes-Royan. Les changements de voies vont intervenir entre novembre et avril sur cette dernière. Durant cette période, il n’y aura d’ailleurs plus de train mais des cars pour assurer la desserte. L’objectif est de faire en sorte que cette façade Atlantique qui est une des zones les plus visitées de France soit aussi dans le réseau TGV – raisonnablement bien sûr, il ne s’agit pas de faire des TGV tous les jours en plein hiver entre Paris et Royan. Cela répondra également aux besoins de Saintes et de Cognac. Je rappelle que les maisons de cognac travaillent avec le monde entier et qu’à Montparnasse il n’est pas rare de voir des wagons remplis de vendeurs chinois, à qui on fait prendre des autocars à Angoulême pour aller jusqu’à Cognac… Bref, il y a des besoins très nets. Nous avons réaffirmé ces besoins lors de cette session par une motion votée à l’unanimité, disant que les financements, les étapes et l’achèvement à 2023 doivent être maintenus.

@! : Alain Rousset a exprimé la nécessité de trouver d’autres moyens de financement que l’Etat. Quelles sont les solutions ?

D.B.: Nous avons un problème en France de financement des infrastructures. Aujourd’hui les Allemands dont nous nous étions inspirés pour la création de l’Eco-taxe avec leur LKV Maut, ont environ 4 à 5 milliards de recettes par an, qu’il nous manque de notre côté malgré l’augmentation de la taxe sur le diesel. Taxer le diesel n’était d’ailleurs pas une bonne idée, car ce sont les plus humbles qui l’utilisent. Alors que l’idée de l’Eco-taxe, c’était de faire payer les camions. Et le montant de la taxe était sur la facture du donneur d’ordre, c’est-à-dire des grandes enseignes, et non pas des petits transporteurs locaux. Après l’Eco-taxe, Alain Rousset a eu une idée que je partage avec lui depuis des années : avec les nombreux passages en Nouvelle-Aquitaine des camions portugais, espagnols ou marocains, on doit tout à fait pouvoir créer un système de taxe euro-compatible dans l’esprit de la LKV Maut. Les suisses sont hors de l’Europe, donc ils peuvent faire payer tous les étrangers de la même manière, nous on ne peut pas le faire : les règles doivent être les mêmes pour tous les citoyens de l’UE. Nous avons aussi à prendre en compte les routes départementales parallèles, dont certaines permettraient un report de trafic. Bref, il faut travailler sur la question, ce que nous allons faire durant les Assises de la Mobilité (lancées le 19 septembre, ndlr). La ministre des Transports Elizabeth Borne m’a nommé au comité d’orientation des infrastructures, qui va travailler pendant et après les Assises de la Mobilité sur tous les projets d’infrastructures. Il nous faudra être imaginatifs pour trouver des ressources nouvelles pour financer les grandes infrastructures de notre pays.

@! : Cette session extraordinaire des deux Charentes étaient l’occasion d’évoquer les rapprochements à venir entre les deux départements. Quels sont-ils ?

D.B.: Nous avons déjà mis en commun une agence de promotion touristique, une vélo-route commune (la Flow Vélo) mais aussi des coopérations techniques, comme des achats publics communs (les deux départements ont notamment mis en place début 2017, une convention de partenariat avec l’Union des Groupements d’Achat Public (UGAP) pour une durée de 4 ans), comme des vêtements de travail, des véhicules et du matériel type télécopieurs et ordinateurs. Très prochainement, ce sera l’aménagement du fleuve Charente, qui devrait permettre la navigation et le développement des circuits autour du fleuve entre Angoulême et Rochefort. [Les deux Charentes, associées à la Vienne et aux Deux-Sèvres, devraient notamment évoluer vers un Syndicat Mixte commun, dans le cadre de l’application de la nouvelle compétence Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (Gemapi) par les collectivités locales.] Nous allons également former en commun nos pompiers aux feux d’alcool, lorsque le nouveau centre de formation de Jarnac sera ouvert. Nous avons également d’autres réflexions en cours autour de la lecture publique ou encore la création d’un centre archéologique commun.

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