Les Pyrénées-Atlantiques veulent récupérer les 30 millions d’euros de la LGV


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/04/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

Un homme, une femme. Un homme, une femme… Le Parlement de Navarre n’a encore jamais vu cela. Jeudi, les représentants de ses 27 cantons prennent place côte à côte dans le respectable édifice qui fait face aux Pyrénées. Une parité dont se réjouit Marie-Pierre Cabanne, la porte-parole du groupe de gauche, en rappelant que, jusqu’alors, le beau sexe n’était représenté que par huit personnes.

Il n’y a pas que Bordeaux, Paris et BruxellesTradition oblige, la première séance de cette assemblée bicéphale s’ouvre sous la conduite de Bernard Dupont, élu du Nord Béarn et âgé de 71 ans.  Il va saisir l’occasion pour rappeler les grands principes qui seront suivis par la majorité de droite et du centre. C’est à dire la priorité donnée à l’action sociale mais aussi à la réussite scolaire et à l’emploi des jeunes dans un département où un chômeur sur quatre a moins de 26 ans. Sans oublier le soutien apporté aux entreprises, ou encore le maintien des personnes âgées à domicile.

Parce que, estime-t-il, « ce n’est pas seulement de Bordeaux, de Paris et de Bruxelles que l’on doit tout attendre, mais essentiellement de nos initiatives locales ».

Jean-Jacques Lasserre élu sans surpriseLe ton est donné. Mais il faut d’abord élire un président. Jean-Jacques Lasserre est candidat  pour la majorité sortie des urnes, et Marie-Pierre Cabanne (PS) pour le groupe de gauche.

  Alain Iriart, l’Abertzale représentant la plateforme Heuskal Herria Bai (« Vivre, travailler et décider au Pays Basque ») doit cependant intervenir pour que le président de séance, un tantinet oublieux, prenne en compte sa candidature. On appelle ça un lapsus.
Le vote est mené rondement. Sur 54 votes, dont un bulletin blanc, Jean-Jacques Lasserre obtient 31 suffrages, la candidate socialiste 20 et Alain Iriart 2 voix.

 « C’est un grand honneur » commente l’intéressé. Avant de souligner  son attachement à un pays « riche de ses singularités », marqué par son indépendance intellectuelle, ainsi que par la volonté d’être acteur de son destin.

 Alain Iriart, élu de EHB , ici sous le regard de l'ancien préfet Marc Cabane, aujourd'hui élu Modem de Pau

Gare aux « régions boulimiques »Il ne s’agit pas là d’une formule de style. Car le nouveau président annonce  d’emblée la couleur. Quel que soit le domaine qui les concernera, les Pyrénées-Atlantiques n’ont pas du tout l’intention qu’on vienne leur tenir la main. Elles n’accepteront pas « l’asphyxie progressive qui menace les départements ».  Suivez les regards du côté de régions « boulimiques », aux dimensions tentaculaires, voire « surréalistes ».

Par ailleurs, dans un pays où il importe de se rapprocher d’un électorat que la crise économique et le chômage déstabilisent – ce qui a tendance à le pousser vers les extrêmes –  le président Lasserre veut voir le département jouer efficace.

Les premières mesures sont donc annoncées : le nombre des vice-présidents passe de 15 à 4. Le rôle centralisateur joué par les Maisons du Département va être revu.  « On responsabilisera les territoires et nos collaborateurs dans tous les domaines ».

Un audit financier sera commandéSur le plan budgétaire, les mots d’ordre sont  la prudence et la rigueur. Un audit sera ainsi demandé pour décrire avec précision la situation financière du Département, et ses perspectives de développement. « Nous serons également attentifs à la moindre dépense. Il faut chercher des économies partout ».

Quant aux millions d’euros consacrés à la LGV Tours-Bordeaux  (un projet pour lequel Jean-Jacques Lasserre a toujours refusé de voir les Pyrénées-Atlantiques  payer sans garanties), « on essaiera de les stopper et d’engager une procédure de remboursement » . Même si, reconnait-il, « ce sera très difficile ». 30 millions ont déjà été versés, 69 restent à débourser.

Coller au terrainL’accent mis sur la politique sociale et l’intérêt porté à l’aménagement des collèges ainsi qu’à l’orientation professionnelle des élèves sont évoqués dans la foulée. Il en va de même pour des dossiers comme le très haut débit, le logement, le transfrontalier et l’économie, en particulier dans sa dimension touristique, que l’on veut suivre de près.

Autant de domaines où le président souhaite voir le Département retrouver toute sa place, et coller au terrain. Cela, afin de « prendre en compte au maximum les spécificités locales ». Car, insiste-t-il, « il est hors de question de laisser l’application de ces politiques publiques à la seule Région ».

« Bonne chance »« Bon nombre de vos propositions correspondent à des actions déjà en cours »  remarque Marie-Pierre Cabanne, au nom de l’opposition. Ce qui ne l’empêche pas de douter de l’efficacité d’une politique menée en fonction des « spécificités locales » chères à Jean-Jacques Lasserre. « En fait, vous allez dire aux maires que vous serez moins équitables entre les territoires ».

Marie-Pierre Cabanne, porte-parole du groupe de gauche

Le groupe de Gauche, qui souhaite « bonne chance » à la majorité, entend donc faire preuve de vigilance. En espérant que les projets lancés par Georges Labazée ne soient « ni rabotés, ni rétrécis ». Tout cela devant être mené « sans clientélisme ».

Le regard de l’Abertzale Alain Iriart veut, lui aussi, se montrer vigilant. Par exemple sur la LGV, et même si la tournure prise récemment par ce projet, retoqué par la commision d’enquête, ne manque pas de le réjouir. Ou encore sur le dossier d’intercommunalité unique du Pays Basque pour lequel « l’année 2015 » sera décisive.

« J’ai présenté ma candidature à la présidence de façon symbolique » explique-t-il. « Je veux souligner par ce geste l’importance des voix qui se sont exprimées en faveur des candidats EHB. »

Les présentations sont faites, et les premières cartes abattues. Pour que personne n’ignore rien de ce qui se passe, tous les conseillers départementaux feront partie de la commission permanente, annonce Jean-Jacques Lasserre.

Reste à élire les quatre vice-présidents évoqués un peu plus tôt. Il s’agit, dans l’ordre, de Max Brisson (UMP, Biarritz, chargé des finances) , Denise Saint Pé (MoDem, Orthez, chargée de l’administration), Charles Pelanne (UDI, Luy et Coteaux du Vic-Bilh, chargé des routes et de l’aménagement du territoire) ainsi que de la paloise Josy Poueyto (MoDem, chargée du social et de l’éducation). Le groupe de gauche va s’abstenir.

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