Les SDF sont-ils des citoyens comme les autres ? Une journée d’étude sur l’exclusion et la citoyenneté organisée à l’IRTS


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Publication PUBLIÉ LE 19/11/2010 PAR Isabelle Camus

En ce 18 Novembre, l’amphithéâtre de l’Institut Régional du TravailSocial d’Aquitaine ressemblait plus à une assemblée républicaine qu’à une simple salle de cours. Une soixantaine d’étudiants à banderoles accueillaient  d’entrée  les participants pour manifester leur inquiétude auprès des élues en présence, la députée Michèle Delaunay et Emmanuelle Ajon, conseillère municipale et régionale,  secrétaire générale du secours populaire.  Leur revendication  ? Alors qu’ils sont obligatoires pour valider leur cursus,  trouver des stages dans les structures sociales et de santé relève désormais de la mission impossible. La faute à la non budgétisation par l’Etat  d’une gratification incombant dès lors au Conseil Général et aux associations, incapables de la financer dans son intégralité.

Dignité, équité,responsabilité
Cette mise en lumière d’une réalité pour le moins ubuesque quand les besoins dans le champ social n’ont jamais été si grand,  devait être suivie d’une vidéo qui  donnait le ton en traitant de la candidature aux électionsmunicipales, à Paris, de Jean-Marc Restoux…SDF en campagne. Hélène Thomas, professeur à l’IEP d’Aix enProvence, finissait de réveiller l’assemblée en démontrant combien onavait progressivement glissé du « liberté, égalité, fraternité » au  » dignité, équité, responsabilité ».  Une évolution, pour la sociologue, aux effets néfastes  tant au niveau de la notion  des prises en charge  que dans la conception mêmede la citoyenneté. « On parle aujourd’hui de  citoyenneté palliative qui réduit lessouffrances et non plus  de  celle  qui les abolit ».
PatrickVidalinc, ancien SDF, militant de l’association « Paroles de citoyen » à Reims, témoignait  de son vécu « d’accueilli » en centre d’urgence etéclairait  de son expérience la formation des futurs travailleurs sociaux. A  Lucile Delmas etGeneviève Collinet de la FNARS, fédération d’associations de solidarité, d’expliquer lanécessité pour les  usagers de participer à l’élaboration et à la miseen place des politiques publiques.

Un bilan par l’expérience
Al’heure de la sieste, Florence Lamarque, formatrice à l’IRTS  et organisatrice du colloque, démontrait à travers deshistoires imaginaires et vécues, combien parfois, la seule liberté dechoix pour les personnes SDF était de refuser les prises en chargeproposées. Gérard Bodin, le directeur du SAMU de Un colloque mélant travailleurs sociaux et élus (Emmanuelle Ajon)Bordeaux  expliquait, sur la base d’une enquête de Médecins du monde, à quel point les inégalités se creusaient dans notre société :  » L’espérance de vie la plus haute dans la rue en France est la même que dans le tiers-monde ». Enfin, Bart Win,travailleur social en Belgique, compensait  la dureté des chiffres  en évoquant la nécessité du « donde soi»dans l’accompagnement des personnes « sans chez soi »  témoignage deson propre vécu avec des squatters.

Un cortège d’expériences clôturé par le concept du « care » de Michèle Delaunay, « le prendre soin ». A la fois proposition et élément de réponse à la question de la place du SDF dans la cité, une vision différente  de la politique, que l’on pourrait  illustrer par cette formule du philosophe Michel Foucault : « la marge fait partie de la page »…

Isabelle Camus

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