Limoges Métropole bascule à droite avec l’élection de Guillaume Guérin


Limoges Métropole
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 08/07/2020 PAR Corinne Merigaud

Guillaume Guérin, ex-premier adjoint de Limoges Métropole sous la mandature précédente de Jean-Paul Duret et actuel maire adjoint de Limoges en charge des finances, accède à la présidence de Limoges Métropole (208 000 habitants). A 33 ans, le patron départemental des Républicains est élu à une large majorité raflant 47 voix contre 26 au candidat socialiste Gaston Chassain, maire de Feytiat qui était vice-président en charge de l’économie à la communauté urbaine, tandis qu’un bulletin nul a été glissé dans l’urne. Vingt communes font partie de Limoges Métropole ce qui représente 74 élus communautaires. Grâce au score de la droite à Limoges, 30 sièges étaient déjà assurés pour Guillaume Guérin, lui donnant une bonne longueur d’avance, il ne lui manquait que huit voix pour remporter la majorité absolue. Mais il pouvait aussi compter sur les douze voix apportées par Fabien Doucet (droite), le nouveau maire de Panazol, Sébastien Larcher (centre), le nouveau premier magistrat de Couzeix et celles de Gilles Bégout (ex PS), réélu à Isle soit 42 voix possibles sachant que onze maires ont été élus sans étiquette. Avec 47 suffrages, Guillaume Guérin a donc fait le plein des voix et rallié même au-delà de son camp.

Volonté d’ouverture

En guise d’apaisement et d’ouverture après une mandature agitée qui avait vu s’affronter durant cinq ans l’ancien président de l’agglo Gérard Vandenbroucke (PS) et Emile Roger Lombertie il a, en début de séance, proposé aux élus de gauche une co-gestion leur offrant six vice-présidences sur les quinze à savoir, la première vice-présidence, les finances, les transports, l’écologie, l’alimentation et l’attractivité touristique et commerciale à condition qu’ils ne présentent pas de candidat. Bien que Gaston Chassain ait également appelé au consensus et à l’ouverture, sa candidature a rebattu les cartes. Cinq vice-présidences devraient finalement revenir à la gauche, un seul candidat étant proposé pour chacune, en l’occurrence à Bernard Thalamy, Gilles Bégout, Emilie Rabeteau, Pascal Robert et Gaston Chassain.  « Les gens qui nous ont élus ne comprendraient pas qu’ils ne soient pas représentés » soulignait-il dans son discours de candidature. Guillaume Guérin a dit « regretter que la main tendue à gauche n’ait pas été acceptée. » Pour le poste de premier vice-président, Guillaume Guérin a proposé la candidature de Bernard Thalamy, maire d’Aureil qui est la plus petite commune de Limoges Métropole (1004 habitants), une candidature entérinée par 50 voix. La deuxième vice-présidence revient à Emile Roger Lombertie (50 voix), la troisième à Gilles Bégout (maire d’Isle, 50 voix), la quatrième à Fabien Doucet (maire de Panazol, 50 voix), la cinquième à Gilles Toulza (adjoint à Couzeix 52 voix), la sixième à Catherine Mauguien-Sicard (adjointe à Limoges, 52 voix), la septième à Jean-Luc Bonnet (maire du Vigen, 50 voix), la huitième à Gaston Chassain (maire de Feytiat, 40 voix). La neuvième  à Émilie Rabeteau (maire de Condat-sur-Vienne, 44 voix), la dixième àJean-Marie Lagedamont (adjoint à Limoges, 52 voix), la onzième àPascal Robert (maire de Verneuil-sur-Vienne, 63 voix), la douzième à Sarah Gentil (adjointe à Limoges, 48 voix) la treizième à Philippe Janicot (maire de Boisseuil, 54 voix),la quatorzième à Sylvie Rozette (adjointe à Limoges, 50 voix) et la quinzième à Vincent Léonie (adjoint à Limoges, 44 voix).

Le conseil communautaire est donc largement renouvelé avec neuf nouveaux vice-présidents mais on est encore très loin de la parité puisque seulement quatre femmes sont élues. 

Une ascension rapide

En quelques années, Guillaume Guérin a tracé son chemin pour accéder aux postes clés de la ville. Ce proche de François Baroin avait milité au syndicat étudiant UNI puis rejoint la campagne du candidat UMP aux législatives Alain Marsaud en 2007. Il lui succédera à la tête de la Fédération UMP de la Haute-Vienne à seulement 26 ans. Ce passionné de pêche et de chasse a milité pour la candidature d’Emile Roger Lombertie aux municipales de Limoges en 2014, celui qui a fait basculer à droite la « Rome du socialisme » détenue depuis plus d’un siècle par la gauche. Il s’installe alors dans le poste de premier adjoint, il est également élu au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. En mars 2019, il a accédé au poste de premier vice-président à la Communauté urbaine pour assurer la fin du mandat aux côtés de Jean-Paul Duret après le décès de Gérard Vandenbroucke. En octobre dernier, il a été nommé secrétaire général adjoint des Républicains.

Guillaume Guérin ignorait jusqu’à ce matin si un candidat allait se déclarer à gauche malgré les tractations qu’il a menées ces dernières semaines.« J’avais rencontré l’intégralité des maires et j’ai, contre l’avis de certains de mes amis politiques, proposé un accord très large d’entrée avec six vice-présidences. J’offrais à la gauche la première vice-présidence, les finances et le budget, le pôle voirie transports, le pôle environnement, l’attractivité touristique et l’attractivité commerciale, je n’avais pas l’impression de me moquer d’eux. J’étais assez fier qu’on puisse aller vers une co-gestion, ils ont voulu se compter.» L’objectif était de trouver un consensus sur la présidence et les postes de vice-présidents et secrétaires. Il a dû sortir la règle à calcul. « Avec 26 voix sur 74, ça fait 35 % de représentativité sur 15 vice-présidences, soit 5 sièges, ils ont perdu un siège dans la bataille en vous voulant y aller, c’est un peu ridicule. Ils ont perdu le tourisme mais je leur ai maintenu les autres vice-présidences comme l’écologie pour Emilie Rabeteau, ingénieur environnemental, qui est à la bonne place à ce poste, et je fais fi de son bord politique. On part finalement sous des auspices pas trop mauvais. La victoire est plus large qu’en 2014 où il y avait deux voix d’écart. Je suis satisfait du score maintenant il faut qu’on travaille car il y a des enjeux majeurs que ce soit en terme économique ou pour la voirie.»

Le premier enjeu sera de faire de la pédagogie pour amener les élus vers une co-gestion de l’EPCI, une collectivité qui selon lui doit rester en dehors de toute lutte partisane pour l’intérêt commun. Le nouveau président a prévu de commander un audit financier et administratif avant de lancer de nouvelles actions. Sa priorité sera d’assurer le développement économique de la Communauté urbaine avec Limoges comme tête de pont. « Des villes de la région sont passées à des alliances vertes et très à gauche constate-t-il, des chefs d’entreprises du tertiaire s’interrogent sur les conséquences de l’arrivée de M. Hurmic à Bordeaux et s’inquiètent sur les normes pour leur implantations futures. Je vais dire aux chefs d’entreprises qu’ici le foncier n’est pas cher, de même que le coût de la vie, nous avons une qualité de vie exceptionnelle. Pour cela, il faut être totalement desservi en numérique. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire venir des entreprises et créer des emplois sur ce territoire. Certains chefs d’entreprises de villes de ce territoire regardent au sud, ce serait bien qu’ils regardent de temps en temps au nord.» Il compte faire un plan de marketing territorial pour attirer des porteurs de projets.

Si Limoges a perdu son statut de capitale régionale, l’élu régional estime que la Grande Région n’a pas pour autant oublié Limoges. «L’idée est de savoir comment tirer le meilleur de cette nouvelle grande région assure-t-il, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a alloué des aides, subventions et avances remboursables sur ce territoire comme jamais, c’est le jour et la nuit par rapport à ce qui se passait avant ! » En outre, le chantier du BHNS (Bus à haut niveau de service) lancé par son prédécesseur devrait être maintenu en fonction des résultats de l’audit financier. Il annonce enfin qu’il n’y aura pas de vacances pour les vice-présidents en charge des travaux de réhabilitation des quartiers de Beaubreuil et du Val de L’Aurence afin d’obtenir des financements auprès de l’ANRU.

Après le basculement écologiste de Bordeaux et Poitiers, Limoges est désormais la ville la plus importante de Nouvelle-Aquitaine détenue par la droite.

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