Limoges Métropole va participer à une société coopérative


Après Pau, Limoges est la deuxième ville néo-aquitaine à rejoindre le dispositif de La Ceinture Verte pour renforcer sa ceinture maraîchère

L’espace test mis en place à Verneuil-sur-Vienne pour mettre le pied à l’étrier à des maraîchers.Limoges Métropole
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Publication PUBLIÉ LE 19/04/2021 PAR Corinne Merigaud

Avec son deuxième plan alimentaire territorial, la communauté urbaine Limoges Métropole compte favoriser l’installation de maraîchers sur son territoire afin de créer une filière en circuits courts. Pour insuffler cette dynamique, elle ambitionne de participer à la création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). La première réunion publique, organisée le 8 avril, a jeté les bases de cette structure qui pourrait voir le jour en juin.

La communauté urbaine Limoges Métropole s’est engagée depuis 2014 dans un projet de renforcement de sa ceinture maraîchère péri-urbaine et d’accompagnement des producteurs locaux avec le développement de débouchés locaux, prioritairement en restauration collective. En novembre 2017, un premier plan alimentaire territorial a été lancé en collaboration avec plusieurs partenaires. Un second sera voté à la fin du semestre pour une durée de deux ans.

La crise sanitaire et les confinements successifs ont montré l’intérêt grandissant des habitants pour l’approvisionnement en produits frais et de qualité en circuits courts. Ce constat, renforcé par les obligations de la Loi Egalim, plaide en faveur de la relocalisation alimentaire au plus près des consommateurs. Pour relever ce challenge, Limoges Métropole compte participer à la création d’une société coopérative d’intérêt collectif qui favorisera l’installation de maraîchers et répondra ainsi aux besoins d’augmentation des volumes de production légumière et fruitière sur le territoire. L’établissement public a choisi de s’associer avec le groupe coopératif Ceinture Verte avec l’objectif de fonder une SCIC par actions simplifiées à capital variable. Ce modèle économique innovant, mis en place depuis quelques mois par les agglomérations de Pau et Valence, permettra de faciliter l’accès au foncier aux porteurs de projet tout en sécurisant les approvisionnements en produits maraîchers frais. La demande étant aujourd’hui supérieure à l’offre, les consommateurs pourront dans quelques mois se fournir en circuits courts. La réunion publique du 8 avril a permis de présenter le projet de SCIC en invitant habitants du territoire, partenaires et professionnels du secteur.

Un engagement de 150 000 € dans la SCIC

Lors du prochain conseil communautaire de Limoges Métropole, une participation de 150 000 € à la création de la SCIC sera soumise au vote. « La SCIC amène de l’agilité face à la complexité et la lourdeur administrative de la communauté urbaine, assure Bernard Thalamy, 1er vice-président de Limoges Métropole en charge des circuits courts, par exemple pour mettre en place un réseau d’irrigation, il faut passer par les marchés publics ce qui va retarder de six à huit mois. Nous avons choisi de nous appuyer sur la Ceinture verte qui propose un modèle avec deux hectares par maraîcher, 2 000 m² de serres, un système d’irrigation, un local pour stocker le matériel et un accompagnement sous forme de tutorat. L’objectif est d’installer dix maraîchers par an sur le territoire et au-delà car des terrains sont peut-être disponibles hors communauté urbaine tandis que les consommateurs sont plutôt dans la communauté urbaine. Il ne faut pas se créer de frontières. » Dans le cadre du plan alimentaire territorial, Limoges Métropole travaille déjà en synergie avec la Communauté de communes Elan autour d’Ambazac, ce qui offre des opportunités d’installation sur ce secteur.

Le statut spécifique de la SCIC permet à des collectivités, communes, entreprises, particuliers et institutionnels d’abonder au capital pour être adhérent. Les maraîchers deviennent automatiquement adhérents. Les membres fondateurs qui abonderont fortement au capital de la société, à l’instar de Limoges Métropole, en détiendront 50% avec un pouvoir de décision plus important.

L’espace test mis en place à Verneuil-sur-Vienne pour mettre le pied à l’étrier à des maraîchers.Limoges Métropole

L’espace test mis en place à Verneuil-sur-Vienne pour mettre le pied à l’étrier à des maraîchers.

La commune d’Aureil, la plus petite de Limoges Métropole, va montrer l’exemple en votant un budget de 3 000 € pour adhérer à la SCIC et favoriser l’installation de trois maraîchers. Son maire Bernard Thalamy a déjà trouvé le terrain. S’il n’a pas encore les candidats à l’installation, il reste confiant. « Chaque chose en son temps mais nous pouvons compter sur les maraîchers qui sortiront de l’espace test de Verneuil-sur-Vienne après leur engagement de trois ans et la SCIC se chargera ensuite de les recruter. » Par ailleurs, dix-huit personnes préparent cette année un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole au lycée agricole des Vaseix tandis que quarante avait candidaté à cette formation. « Il y a donc un vivier à capter sachant qu’à peine la moitié s’installe à cause des problèmes qu’ils vont rencontrer constate Elodie Blanchard chargée de mission ceinture maraîchère et circuits locaux, nous pouvons les capter soit à travers l’espace test à l’issue de leur formation, soit directement dans la SCIC s’ils sont prêts à s’installer. » Les débouchés semblent assurés face à la demande croissante des consommateurs suite à la crise sanitaire, demande qui devrait se confirmer de manière durable. « Il n’y aura pas de problème pour les débouchés et aucune concurrence entre maraîchers estime Bernard Thalamy, nous avons déjà évoqué l’idée de faire des coopérations avec de la pré-transformation de produits par exemple. »

Pour installer dix maraîchers par an, vingt hectares seront à trouver. Les premiers repérages de foncier disponible se sont révélés positifs avec de bonnes pistes à Bonnac-la-Côte, Le Palais, Aureil et Panazol. Un appel est lancé sur d’autres communes.

L’exemple à suivre de Pau et Valence

Depuis sa création voilà un an, deux sociétés coopératives ont été créées par les agglomérations de Pau et Valence qui ont chacune permis l’installation de quatre maraîchers avec une prévision de cinquante à Valence en cinq ans et une ambition de cent à Pau. « A Limoges, on devrait débuter avec cinq personnes la première année pour arriver à un rythme de quinze par an explique Pierre Pezziardi, cofondateur de la Ceinture Verte. Dans le maraîchage, il faut investir 100 000 € sinon on n’est pas agriculteur, on bricole. Cela nécessite de construire des serres et un réseau d’irrigation. La SCIC va emprunter 100 000 € et ce n’est pas un petit porteur de projet, hors cadre familial, très peu crédible qui fera la démarche. Les cotisations du maraîcher permettront de rembourser ce crédit. » L’agglomération de Pau a investi 100 000 € et avec la mise de fond d’investisseurs solidaires et d’habitants, ces derniers détenant 40% du capital. La SCIC a été lancée avec 350 000 € de fonds propres dont l’apport de communes et autres partenaires (chambres d’agriculture, lycée agricole…). Chaque commune qui entre au capital est invitée à verser un euro par habitant. « Avec un capital de 400 000 €, l’effet levier est multiplié par cinq ce qui permet d’emprunter deux millions et de financer déjà une vingtaine d’exploitations sachant que la SCIC est à capital variable » précise-t-il.

Les investissements nécessaires à l’installation rebutent les candidats les plus déterminés alors que beaucoup seraient prêts à s’installer. Il faut savoir qu’à Limoges 90% de la consommation de légumes provient de l’expédition, seulement 10% de la production est locale. « Pour relocaliser 10% de cette production, cela représenterait 150 fermes de 2 ha calcule-t-il. On sait que 50% des exploitants vont partir à la retraite dans les prochaines années, du foncier va se libérer mais les fermes sont énormes et inabordables pour de nouveaux entrants. Nous essayons d’être une porte d’entrée dans le secteur pour de nouvelles têtes. » L’assemblée constitutive de la SCIC pourrait avoir lieu en juin avec l’arrivée du premier maraîcher en septembre. Pour tenir ce calendrier, le recrutement du futur directeur ou directrice de la société coopérative est lancé avec un préalable, être bien implanté localement.

Quant aux maraîchers, ils seront accompagnés pour qu’ils parviennent rapidement à un chiffre d’affaires de 40 000 € leur permettant de se dégager un SMIC. « Ce n’est qu’un premier pallier, nous ne faisons pas de promesses, assure Pierre Pezziardi, nous travaillons par étapes. Certains arrivent à dégager 100 000 € de revenus et font travailler deux ou trois personnes ».


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