Luc Paboeuf : CESER Aquitaine : « En ces temps d’incertitude, nous avons encore plus besoin de débats pour construire l’avenir »


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 07/06/2014 PAR Nicolas César

@qui ! Pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte ont été créés en France les CESER ?
Luc Paboeuf : C’était en 1974, Le fait régional était alors nouveau. La création de la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) a été créée en 1963. L’objectif était de rééquilibrer le territoire. A l’époque, il y avait une concentration des des industries du territoire dans le Nord et l’Est (mines, métallurgie…). Pour y parvenir, les départements n’avaient pas la taille critique. On a commencé à créer des échelons régionaux de l’emploi avec les CODER (commissions de développement économique régional) qui associent élus et représentants socioprofessionnels en 1964. En 1974, lors de la création des régions, les CESR (comités économiques et sociaux régionaux) regroupent alors uniquement les représentants socioprofessionnels et associatifs. Mais, leur rôle est essentiel. Ils sont un contre-poids face aux barons locaux pour légitimer le fait régional. En échange, il y avait la promesse de faire émerger la société civile. 

@! : Quel est l’enjeu pour les CESER aujourd’hui ?
L.P :
Nous sommes actuellement dans une logique de co-construction de la représentation des problèmes. La démocratie ne peut plus reposer que sur la délégation de nos jours. L’enjeu est que demain nos 119 conseillers du CESER Aquitaine soient aussi associés à la construction des solutions aux problèmes. Surtout, que désormais, avec la diffusion de l’information par Internet, le citoyen devient un peu expert. Or, aujourd’hui, nous sommes en recul sur la citoyenneté sous couvert de crise… Le travail des institutions européennes, par exemple, apparaît peu lisible pour le grand public et donne le sentiment d’une confiscation du pouvoir par une technocratie. 

@! : Qu’avez-vous pensé justement de la méthode pour lancer la réforme territoriale ?
L.P :
La méthode est caricaturale. C’est le fait du prince qui nous dit : « voici la carte »… Et, au plus haut niveau, on a l’impression que l’on ne sait pas où on va. Plus on est dans des moments d’incertitudes, plus on a besoin de débat pour construire l’intérêt général. C’est pourquoi, j’ai souhaité cette année des réflexions avec des universitaires sur les nouvelles formes d’émergence de la citoyenneté active. Auparavant, les appartenances étaient très articulées (ex CGT et communiste…), maintenant, on peut avoir des appartenances plurielles, voire contradictoires. Problème, nous manquons de lieux pour construire l’intérêt général. Pourtant, nous avons besoin d’une société dialogique pour réinventer ce monde. Je crains qu’avec cette réforme territoriale, le troisième volet de l’acte 3 de la décentralisation sur les solidarités et la démocratie locale ne voit jamais le jour, alors qu’à mes yeux, c’est le plus important.

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