Martine Lignières-Cassou, députée socialiste et nouvelle maire de Pau, en colère au sein de son parti


Elle a la taille, l'expression, la tonicité d'un bout femme à laquelle on ne la fait point. L'oeil est vif. Le parcours politique? Même pas peur et tout juste. Portée par une génération qui s'engouffrait en politique pour changer le monde, Martine Li

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/10/2008 PAR Marie Paule Memy

@qui! : Le premier ministre François Fillon affirme que les fonds destinés à faire face à la crise financière ne seront pas répercutés sur contribuables. Selon vous, qui paiera ces apports de fonds publics ?
Martine Lignières Cassou : Sur les 360 milliards d’euros dont parle le gouvernement, 320 viendraient d’emprunts. Or l’emprunt, c’est de la fiscalité différée sur le contribuable de demain. L’Etat va se substituer aux banques en empruntant des capitaux dont il dit qu’il les échangera ensuite contre des actifs de bonne qualité. Est ce que ça marchera ? On ne peut en être sûr, c’est un pari sur le fait que les Etats sont capables de rassurer et de ramener la confiance sur les marchés financiers. Nul n’est sûr du résultat.

Crise financière : « elle accroît la défiance »

@! : Alors que l’on insiste sur la chute spectaculaire du CAC 40 ces dernières semaines, l’économiste Jean Gadrey énonce de façon apparemment provocatrice que le CAC 40 est en très forte hausse. Depuis 1988, souligne t-il, l’indice a boursier a progressé de 120%, le salaire moyen de 15% et le SMIC de 5%. Un commentaire ?
M. L. C. : C’est une grande injustice. Cela corrobore le ressenti des peuples européens et rend la situation insupportable, cela nourrit la frustration sociale . Cette crise vient accroître la défiance politique, ce qui est dangereux pour la démocratie qui repose aussi, il faut le rappeler sur la confiance en la représentation politique.

@! : Cette crise financière peut elle avoir une incidence sur la crise énergétique et environnementale?
M. L. C. : J’aimerais qu’elle soit l’opportunité d’aller davantage vers une croissance verte qui ménage les ressourcesde la planète… Mais je crains le contraire et qu’elle fasse reculer la prise en compte des exigences environnementales. Je vois bien quelles sont les réactions des industriels européens face à la suppression des quotas d ‘émission de CO2 autorisés. Je crains que par contrecoup on ait une aggravation de la crise sociale.

« Le PS joue un jeu suicidaire, je suis en colère »

Martine Lignières-Cassou@! : Comment percevez-vous le climat à Pau après les déchirures pré et post municipales ?
M. L. C. : Le recours intenté a été rejeté par le tribunal administratif. Maintenant les oppositions vont pouvoir s’organiser . Je m’attends à ne pas être épargnée ! Je crois qu’ils ressentent encore comme profondément injuste le fait de s’être faits battre comme ça par une nana !

@! : Quels sont à vos yeux les dossiers fondamentaux aujourd’hui pour Pau et l’Aquitaine ?
M. L. C. : Les lignes ferroviaires soulèvent des enjeux très forts, qu’il s’agisse du projet de Ligne à grande vitesse Bordeaux-Espagne, ou de la ligne Pau-Canfranc. Pau est la deuxième agglomération d’une région dont le développement s’est fait à l’ouest sur une ligne atlantique. Le Béarn doit se renforcer et jouer comme un contrepoids, pour un meiileur équilibre régional. La LGV est un des moyens d’y parvenir.

@! : La participation des collectivités locales n’est toutefois toujours pas calée?
M. L. C. : A l’est, les collectivités ont été impliquées à hauteur de 700 millions d’euros. Pour Tours-Bordeaux, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, on nous sollicite à hauteur de 1700 millions d’euros. C’est sans précédent. Et les critères de répartition entre collectivités ne sont pas clairs. L’Etat aurait pu être plus utile en recherchant des modes de financement inventifs. Pourquoi ne pas mobiliser l’épargne des caisses de retraite, des mutuelles, des compagnies d’assurance? Voilà des organismes qui placent des capitaux à l’étranger ou en Bourse. Et qui ne sont même pas sollicités. Il n’y a pas de réflexion stratégique de la part de l’Etat sur le montage financier de ce dossier qui manque du coup d’un vrai pilote.
En complément de cette liaison, je persiste à soutenir, aux côtés du président du conseil régional Alain Rousset, la réouverture et la remise en état de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc vers l’Espagne. Ne perdons pas de vue que la traversée du Pays Basque par la LGV risque s’avérer épineuse.
Ces deux infrastructures doivent confronter Pau comme porte des Pyrénées. Elle est la seule agglomération de cette taille à pouvoir assurer l’identité pyrénéenne le long de la chaîne, d’ouest en est.

@! : Et dans l’agglomération Paloise?
M. L. C. : Il y a un énorme chantier de reconquête de l’espace urbain sur des friches industrielles. Le bassin Palois a cette chance d’avoir une gouvernance qui tient la route avec son agglomération. Nous avons un stade d’eau vive, décidé par André Labarrère, en plein coeur d’agglo, et 50 à 60 hectares de friches industrielles au pied du boulevard des Pyrénées qu’il va falloir transformer avecdes logements, des commerce, du tertiaire. C’est un chantier énorme qui peut être une chance de faire aussi évoluer le coeur de ville qui s’est affaibli tant sur le plan de l’habitat que des espaces publics. Nous devons aussi développer le transport en site propre, les déplacements vélo, gérer cet étalement de la ville que Pau a connu ces dernières années, comme toutes lesvilles.

Propos recueillis par Marie-Paule Mémy

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