Municipales à Bordeaux: d’un quartier à l’autre des mots entendus …


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/01/2008 PAR Joël AUBERT

Comme tous les samedis, le 26 janvier dernier était jour de marché sur la place Saint-Michel.
Passage obligé de toute campagne bordelaise, l’endroit recevait ce jour-là la visite de Fabien Robert, candidat Modem soutenu par Alain Juppé aux cantonales de mars prochain. Entre une friterie ambulante et un étalage de fripes, une de ses fidèles fait la course aux voix et distribue des tracts à des badauds souvent indifférents. Loin du découragement, elle affiche un sourire confiant : « Bien sûr que nous pouvons gagner ! Les gens ont plein de choses intéressantes à nous dire. » Ecoutons-les, justement.

Le logement au centre des préoccupations

Julie et Guillaume, futurs architectes de 26 et 27 ans, font partie de ces 20% d’étudiants qui résident dans le quartier : « Ça fait deux ans qu’on y habite et on adore sa vie et ses couleurs. » Favorables au plan de développement urbain en cours, ils ne veulent pas pour autant de « hausse des loyers ». Ils annoncent sans surprise qu’ils vont « voter à gauche » aux prochaines municipales. Isabelle et Jean, quarantenaires qui sont arrivés à Saint-Michel alors qu’ils étaient eux-mêmes étudiants, semblent d’accord : « Bien sûr que nous sommes pour la réhabilitation. Certains logements sont dans un état complètement insalubre. Mais il faut faire de l’appartement familial, ni du studio, ni du deux-pièces, qui obligeraient les gens à déménager, ni du béton, comme on en voit trop ailleurs ». Eux aussi aimeraient voir « la couleur politique de la municipalité changer ».

« On s’en fout des municipales »

Du côté des pro-Juppé, Denise, qui vient acheter « des légumes meilleurs et moins chers qu’ailleurs », aimerait tout de même « plus de propreté et de sécurité » dans le quartier.
Mais tous ne se sentent pas autant concernés par ces prochaines échéances électorales.
Ali, 20 ans, fils d’immigrés tunisiens, a toujours vécu à Saint-Michel. Il ne cache pas sa désillusion : « Les élections municipales, je ne savais même pas que c’était pour bientôt. Juppé, on ne l’a jamais vu ici. Pourquoi j’irais voter ? » Son de cloche identique chez Boudjema et Manolo, retraités habitant le quartier depuis les années 60 : « On s’en fout des municipales, lâchent-ils, entre colère et résignation. Ici, il y a plus de voleurs et de drogue qu’avant. Ça fait plus de quarante ans qu’on est en France et qu’on travaille, et les politiques s’en foutent pas mal ». Des mots chagrins, qui résonnent comme le rappel évident mais nécessaire de deux enjeux majeurs pour le scrutin municipal : l’écoute des habitants et leur confiance envers le politique.

 
Rue Sainte-Catherine : on vote Juppé
 
 
 

Jeudi 24 janvier. Il est 13 heures, la rue Sainte Catherine regorge de monde comme à son habitude. Les derniers moments des soldes attirent les consommateurs de toute la région, comme cet homme d’environ 70 ans qui attend son épouse, devant une boutique. « Les municipales ? Je ne suis pas Bordelais. Nous venons d’Angoulême. J’y connais rien à part Juppé !» Même réponse de cette jeune femme chargée de paquets « Désolée, je viens de Marmande, c’est à 1h30 d’ici ». La campagne électorale, désormais, bat son plein. « J’ai vu ça vaguement dans les journaux. Je n’irai pas au meeting, j’ai autre chose à faire. Mais je voterai, bien sûr, » explique Laetitia 32 ans en formation.
« J’en ai entendu parler sur M6. De toute façon je ne voterai pas. Ca ne me branche plus la politique. Et je compte quitter Bordeaux » témoigne Rachid, 28 ans, sans profession.
« Bien sur que je sais pour qui je vais voter ! » s’exclame Maurice 76 ans en fauteuil roulant. « Je vote pour Juppé. Je suis très satisfait de son bilan. La ville a vraiment changé. ». Même réponse pour Julien, 34 ans, banquier, dans la file d’attente de la Brioche Dorée. « Je suis plutôt satisfait. L’aménagement urbain a changé radicalement. Pour ma part, c’est l’essentiel !. J’ aimerais un plus grand développement économique, mais ce n’est pas ce qu’on peut attendre d’une municipalité ».
Marie, 19 ans, étudiante à l’IEP de Bordeaux fait des pronostics: « Je pense que Juppé sera élu, car Rousset n’est pas assez connu localement. » Isabelle, comptable, 57 ans partage son opinion« Juppé, n’est pas un personnage que j’aime particulièrement mais pour la ville de Bordeaux, il est bien. On sent qu’il l’aime ».

Un bilan positif pour Alain Juppé ? C’est l’opinion partagée de la quinzaine de personnes rencontrées. « Le tram c’est super et l’inscription à L’Unesco aussi. Mais ce que je regrette, ce sont les rues sales. Regarder la rue Sainte Catherine, on peut voir des crottes de chiens » explique Céline 29 ans. Son compagnon Didier acquiesce. Tous les deux travaillent France Telecom. « Je suis très satisfaite du bilan d’Alain Juppé » ajoute Céline. « Mais certaines rues ne sont pas assez sécurisées. Sur le cours Victor Hugo, il y a toujours des jeunes errants, et leurs chiens, qui nous interpellent. C’est très désagréable ».

Léo Peressonet Charlotte Lazimi

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