Municipales à Bordeaux : l’équipe de campagne de Nicolas Florian lance les hostilités


RB
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 06/12/2019 PAR Romain Béteille

« On doit à Alain Juppé de gagner ces élections, c’est une forme d’hommage » a précisé ce matin Ludovic Martinez, directeur de cabinet de l’ancien et de l’actuel maire de Bordeaux au moment de lancer officiellement, face à la presse, la campagne du du maire sortant. Dans les nouveaux locaux de campagne situés à quelques foulées de la mairie (19 rue Vital Carles), les adjoints étaient nombreux, moins pour présenter un programme, pas encore établi mais qui devrait voir le jour en janvier qu’une philosophie de campagne au sein de laquelle ce début d’année devrait marquer une étape décisive. Pas de rupture de calendrier face à une opposition qui s’agite (on a appris ce vendredi que Bordeaux Maintenant et Matthieu Rouveyre quittaient les négocations avec les verts, évoquées un peu plus tôt par la candidate PS Emmanuelle Ajon), donc, mais un bilan commun défendu par des têtes connues : Fabien Robert, Alexandra Siarri, Pierre de Gaétan Njikam et la conseillère municipale et sénatrice de Gironde Nathalie Delattre.

« Un système qui ne s’ouvre pas est un système qui meurt » 

Interrogée sur les absents (au premier rang duquel Jean-Louis David, qui a démissionné fin novembre « en désaccord avec les orientations de la campagne électorale » mais aussi Élizabeth Touton, Michel Duchène, Didier Cazabonne et Pierre Lothaire, qui ne rempilent pas non plus), l’équipe parle d’une « décision personnelle. Jean-Louis David, comme d’autres, a fait son examen de conscience par rapport à une organisation dont il était informé. Il ne s’est pas reconnu dans ce changement, mais si on ne s’ouvre pas, on est condamnés à s’étouffer nous-mêmes », a ainsi précisé Ludovic Martinez.

« La conception de la politique qu’à Nicolas Florian, c’est de considérer que c’est un sport d’équipe », a poursuivi Fabien Robert. « Une équipe sortante seule qui va défendre un bilan et porter de nouvelles idées résonne en autarcie. Il faut aussi renouveler les personnes pour renouveler les idées. C’est un enjeu et on l’a à l’esprit ». Patrick Espagnol en tant que directeur de campagne et Julia Mouzon en charge de l’élaboration du futur projet municipal, incarnent une partie de ce renouvellement, dans le sens où ils ne sont pas des élus de la majorité municipale. Le premier a ainsi directement été associé à la réflexion autour de Bordeaux 2050; c’est un préfet honoraire, ancien directeur de la sécurité du groupe EDF et délégué interministériel contre le trafic de drogue sous Nicolas Sarkozy. La seconde est une diplômée de Polytechnique et de l’École d’économie de Paris, elle a travaillé au Ministère des finances sur les politiques de l’emploi et créé en 2011 une entreprise dédiée à la formation de femmes élues au niveau européen. Le maire de Bordeaux, lui, était absent, mais l’essentiel des propos des élus était clairement là pour défendre un bilan conjoint dont l’essentiel est contenu dans un fascicule de 28 pages qui servira évidemment de fer de lance lors des prochains mois qui s’annoncent sportifs. « Actuellement, les négociations d’arrière cuisine nous confortent dans l’idée que nous sommes cohérents. Ce n’est pas une déclaration de force, c’est une réalité portée par un bilan », a ajouté Ludovic Martinez. 

Bilan de santé

« Bordeaux est une ville en plein essor où l’on s’épanouit et avec une bonne santé financière malgré une division par deux des dotations de l’État à la ville » selon Fabien Robert. Le dernier rapport d’orientations budgétaires avait d’ailleurs été l’occasion d’enfiler la veste du candidat pour Nicolas Florian en affirmant que les impôts locaux n’augmenteraient pas lors du prochain mandat. « Nous avons une politique d’investissements élevée comparé à d’autres villes : 350 euros par habitants par an contre 250 en moyenne dans d’autres villes de taille comparable. Notre endettement sera d’environ 8 ans en 2023, le seuil d’alerte est à douze, notre dette est donc soutenable et assumable », a ajouté le premier adjoint en évoquant le volet fiscal et le seuil d’endettement de la ville, actuellement de 3,59 ans (255 millions d’euros) contre 11,21 ans en 2016 et 7,86 ans en 2014. Et si l’actuelle enquête préliminaire du Parquet de Bordeaux sur des prêts sur gage effectués par le Crédit Municipal de Bordeaux, dénoncé comme ayant une « vocation dévoyée » par l’adversaire de Nicolas Florian, Vincent Feltesse, a pris une tournure politique, c’est pour mieux être balayée d’un revers de main par l’équipe de campagne.

« L’enquête est en cours, les conclusions ne sont pas encore connues. Le Crédit Municipal est un établissement bancaire qui ne bénéficie d’aucun subside public et qui reverse entre 600 et 750 000 euros de ses résultats nets au CCAS de Bordeaux et à la Création Sociale d’Entreprise. Il fonctionne, il fait des prêts en principe pour les personnes en difficulté avec une moyenne de prêts de 14 000 euros. Quand on voit apparaître des prêts plus importants, on tend l’oreille. Nicolas Florian a mis un veto total à un prêt de huit millions d’euros qui avait été sollicité par un entrepreneur parisien. Il nous a attaqué, on a gagné. Le contrôle est exercé, le CM ne fait pas de fausse monnaie. Il y a eu une enquête de police judiciaire concernant le prêt sur gage qui avait été déclenchée par un conflit entre commissaires-priseurs. Cette enquête a été conclue sans suite. Vincent Feltesse est le dernier ou avant-dernier de la classe en ce moment. Pour exister, il avance des choses sur ce terrain particulier », a taclé Ludovic Martinez pour planter une ambiance. « On ne souhaite pas aller sur ce terrain », a tenu à rajouter Alexandra Siarri. « Dans un moment où on est confrontés à des défis importants qui exigent qu’on réfléchisse à nos politiques publiques, je comprends bien que Vincent Feltesse ou d’autres aient envie de caricaturer et de spectaculariser des choses, mais c’est le trait d’une incapacité à démonter un bon bilan ». C’est en tout cas sur ce dernier que les adversaires de Nicolas Florian capitalisent depuis des semaines…

Tournée générale

Ce bilan, justement, les bordelais(es) auront deux mois pour en prendre pleinement connaissance. Mais en coulisses, déjà, les contributions citoyennes s’agitent. Ce samedi 7 décembre, par exemple, sera un moment important pour la suite des opérations : au travers d’une journée intitulée « Nos quartiers ont des idées », l’équipe de campagne organise huit temps forts (un par quartier) : déambulations, ateliers pour présenter les « quatre défis » du candidat (le défi démographique, l’écologie urbaine, la cohésion sociale et l’équilibre entre territoires), rencontre avec les équipes, tête à tête avec le maire, ateliers jeunes, étudiants, avec le monde associatif ou sur le thème des mobilités à Caudéran… Les séquences et les lieux sont ciblés et la tournée de Nicolas Florian dans chacun d’eux millimétrée, construite et animée par environ 300 personnes et à laquelle les citoyens sont évidemment conviés. Les 10 et 12 décembre prochain, deux des quatres défis « cohésion sociale et équilibre territorial) seront débattus au travers d’ateliers spécifiques, les deux premiers ayant déjà eu droit à leur temps dédié fin novembre. Certaines priorités et idées fortes ont été identifiées par ces derniers et figurent déjà sur les murs du nouveau local de campagne. Des post-its qui parlent de la rénovation du coeur de ville, du périmètre Unesco, d’une consommation énergétiqye plus localisée ou encore d’un « manque de pont » et d’un gentil point d’interrogation collé derrière un « grand contournement ».

Le décor est posé par Julia Mouzon, qui parle de trois enjeux majeurs : « un axe de co-construction, de dialogue et de rencontres avec les habitants , un projet réaliste et ancré dans le quotidien et une efficacité de l’action publique ». Et même si les critiques à l’égard de certains problèmes locaux (au hasard… la mobilité) semblent se faire plus virulentes au fur et à mesure que la ville gagne des habitants, pour l’équipe, « les verres vides sont en train de se remplir et nécessitent un écosystème de la pensée, de l’opposition et de la majorité de toutes les institutions. L’idée d’expliquer que la ville de Bordeaux serait comptable d’un certain nombre de défaillances, par exemple sur les enjeux écologiques, est une pure hypocrisie puisqu’en réalité le succès ne se fera que lorsque l’essentiel des institutions contribueront ensembles à une amélioration. C’est obsolète d’exprimer que ce défi-là ne pourrait être réglé que par le fait de quelques hommes et femmes », a ainsi justifié Alexandra Siarri. « Nous n’avons pas besoin de rupture pour que Bordeaux se développe », a terminé Ludovic Martinez, avec une pensée lorgnant à coup sûr sur l’alliance entre le PS et les verts. Si Nicolas Florian compte laisser passer les fêtes avant d’ouvrir un vrai temps fort, certainement sous la forme d’une grande réunion publique (comme l’ont déjà fait certains adversaires), cela n’empêche en tout cas pas l’équipe de campagne de commencer à sortir les sarbacanes… Au moins est-on sûrs que la campagne est bien lancée.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles