#5 Bordeaux : Comment y vit-t-on ?


aqui.fr - Pierre Sauvey
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2014 PAR Pierre Sauvey

Bordeaux, ses quais, son tramway, sa pierre blonde et ses façades 18ème, la belle endormie enfin réveillée, la plus belle ville d’Europe et son classement Unesco, ses grands projets d’investissements, son urbanisme dynamique, son université ambitieuse, ses innovations économiques et numériques… « Bordeaux, the place to be » dit-on dans les dîners en ville et tous les lieux où l’on nous envie.

Mais derrière ce décor, il y a aussi d’autres réalités : des logements trop onéreux pour les jeunes couples du cru, 17% des habitants en dessous du seuil de pauvreté, des places de crèches un peu trop rares et aux horaires pas toujours adaptés, des inégalités d’équipements entre quartiers et même… de redoutables problèmes de poubelles en centre ville !

Qui doit ramasser les poubelles ?

Bordeaux La question du ramassage des ordures

C’est Alain Juppé qui a le premier évoqué le problème, lors de sa conférence de presse de rentrée de septembre 2013. Sur le mode: « ce qui va bien c’est la Ville, ce qui va mal, c’est la CUB. Les poubelles, c’est la CUB, et les poubelles, ça ne va pas du tout ! ». Alain Juppé reproche notamment à la Communauté Urbaine la mauvaise gestion des effectifs et des tournées des éboueurs. Le problème est cependant un peu plus complexe, lié en premier lieu à la configuration des immeubles du centre historique, peu adaptés à la collecte individuelle et à la présence de bacs dans les entrées, obligatoire, bien que contraire à la règlementation sanitaire.

Mais il vient aussi d’une anomalie soulignée par la Chambre Régionale des Comptes. La CUB a la compétence sur le ramassage des poubelles, mais la ville (malgré la loi de 1966 créant les communautés urbaines et leur confiant cette compétence) n’a pas voulu lui céder la compétence « nettoyage de la voirie ».

La photo ci-dessus illustre la difficulté : les éboueurs de la CUB sont habilités à vider les poubelles noires, mais les sacs posés par terre doivent être pris en charge par le service nettoyage de voirie de la ville. Vincent Feltesse propose que la Communauté Urbaine prenne en charge cette dernière  compétence. Alain Juppé est favorable au choix inverse : que la ville récupère les deux compétences. Des locaux collectifs et des bacs enterrés sont aussi envisagés pour solutionner en partie le problème.

Bordeaux - Les crèches et système de garde d'enfants

Qui va garder les enfants ?Autre débat marquant dans la campagne, la place de l’enfant dans la ville, à travers le dossier des crèches et celui des rythmes scolaires. Alain Juppé promet « d’augmenter les capacités d’accueil des tous petits (0-3 ans) pour atteindre les 3/4 de la classe d’âge : crèches municipales et associatives, assistantes maternelles, maisons d’assistantes maternelles » de « programmer la construction de nouveaux groupes scolaires » et de «  définir avec enseignants et parents, le dispositif le plus favorable aux enfants » pour la réforme des rythmes scolaires.

Mais selon les sources, la trentaine de crèches de la ville affichent entre 1.000 et 1.500 noms sur les listes d’attente. Les dernières crèches ouvertes (Ginko, Mériadeck, rue Détrois…) sont souvent privées, en délégation de service public.

Vincent Feltesse propose  de « créer 1.000 nouvelles places en accueil collectif d’ici 2020 dans le cadre de structures municipales et associatives dans les quartiers aujourd’hui déficitaires » ainsi que d’aider les parents qui ont des difficultés de garde en raison d’horaire décalés ». Il veut aussi « remettre à plat le projet éducatif de la municipalité critiqué par 70% des professeurs des écoles et des parents d’élèves dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires », et « faire de Bordeaux la capitale de l’e-learning ». Le candidat socialiste a également  annoncé la création d’une carte « Bordeaux pour tous », pour une « tarification plus juste et équitable des services publics locaux (restauration scolaire, repas pour les seniors, accès aux piscines ou aux activités de loisirs, transports)».

Bordeaux - Pisicne Judaïque

Où va-t-on faire du sport ?Vincent Feltesse reproche à la municipalité le manque d’équipements sportifs ou culturels de proximité dans certains quartiers. « Bordeaux ne compte que 5 piscines publiques, alors que Montpellier en dénombre 11 et Toulouse 15. Pour les pistes d’athlétisme, Bordeaux en dispose de 3, Montpellier 11 et Toulouse 19 » comptabilise-t-il. Il veut  doter la ville d’une piscine olympique, moderniser le Parc Lescure, répartir les équipements nouveaux sur tous les quartiers et veut faire du quartier  Victoire-Cours de la Marne un « nouveau quartier Latin », avec une bibliothèque universitaire de 6.000 m2 ouverte 24h/24… Ses critiques s’étendent aux difficultés rencontrées dans le domaine culturel par différents petits théâtres ou des salles de concert, au faible nombre de bibliothèques de quartiers.

Sans oublier que Bordeaux est la dernière grande ville française à ne pas disposer de vraie grande salle de spectacle. Le projet du consortium Bouygues-Ricciotti-Lagardère choisi par la CUB vient d’ailleurs de faire l’objet d’un recours de la part de l’architecte Michel Pétuaud-Létang, candidat malheureux et le tribunal administratif doit se prononcer  au lendemain du premier tour des municipales

Alain Juppé  promet de son côté de « nouveaux équipements sportifs majeurs ». Le Grand Stade est en construction et accueillera l’Euro 2016, le Palais des Sports de Victor Hugo est en cours de rénovation, un deuxième quai des sports est annoncé rive droite. Côté culture, l’équipe municipale sortante  se félicite du succès de l’Auditorium ou du soutien apporté à certaines salles de théâtre comme la Lucarne ou la Manufacture Atlantique, et annonce l’extension de la Rock School Barbey, et l’accueil de nouveaux équipements culturels de proximité : salle des fêtes du Grand Parc,  bibliothèque à Caudéran, maison des danses à Ginko…  Il annonce encore des innovations en « ouvrant la bibliothèque Mériadeck le dimanche, et les musées en  soirée une fois par semaine », ou de « déposer des œuvres d’art dans les écoles et les administrations recevant du public ».

Bordeaux - Place de la comédie

Pour l’art dans la rue, une souscription publique est ouverte par la municipalité à hauteur de 150.000 euros pour acquérir l’œuvre monumentale « Sanna » de Jaume Plensa. Avec à la clé une déduction fiscale de 66%. La facture sera donc payée en fait aux deux tiers par l’Etat.

Les deux candidats principaux  pensent aussi aux « âgés » : 30% des bordelais auront plus de 60 ans dans 10 ans ! Ce ne sera pas le moindre des défis à relever dans la future métropole millionnaire.

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