Liberté et éducation
Ce vendredi, le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer était l’invité particulier du dernier débat organisé dans le cadre de la grande réflexion autour de Bordeaux Métropole 2050, qui a organisé une propection démarrée en janvier. Le thème choisi ce vendredi était « Culture et Liberté ». Il a d’ailleurs largement été question de liberté dans ce débat autour des invités venus donner leur propre vision de sa définition, perdue entre les notions de liberté individuelle et de liberté collective. « Dans ce monde ou tout change, il faut que les enfants aient, dès le début de leur vie, les assises qui vont leur permettre de s’adapter quoi qu’il arrive », a ainsi souligné Jean-Michel Blanquer. « De ce point de vue, lire, écrire et respecter autrui sont trois points fondamentaux sur lesquels j’insiste, au risque de passer pour archaïque. On voit de jeunes étudiants un peu déstabilisés parce que leur maîtrise du langage n’est pas aussi bonne qu’elle devrait être et ça brime leur liberté. Pour la regagner il faut d’abord leur redonner cette assise et y ajouter deux autres piliers qui sont leurs meilleures armes contre l’ère de la post-vérité dans laquelle on est entrés : la culture et la logique. La culture pour aller à la conquête de plus de liberté et de discernement mais aussi de la logique, des maths, de l’informatique. On parle souvent de manière un peu rapide des générations X,Y,Z pour évoquer le fait qu’ils soient digital-native. C’est plus ou moins vrai, ce n’est pas parce que vous surfez sur internet avec votre doigt que vous êtes habile en informatique. Le numérique que l’on doit souhaiter pour chaque enfant, c’est de savoir coder, de connaître l’histoire et les enjeux déontologiques de l’informatique. Ce n’est pas un anti-modèle que de préconiser le rééquilibrage du temps de l’enfant, être plus en contact avec la nature, la culture et le sport au travers des activités périscolaires. Cette compétence en informatique doit être une vraie compétence, pas une addiction. L’interdiction du portable en cours, si elle n’est pas la mesure la plus importante, est en tout cas celle qui a fait le plus parler parce que le phénomène de société est mondial. On doit permettre que l’enfant prenne confiance en lui-même grâce à et par l’école. Quant-au statut de la liberté à l’école, tout acte éducatif a comme finalité de donner plus d’autonomie à celui qui en bénéficie. Mais ça passe parfois par des actes qui ne se traduisent pas toujours par une notion de liberté. Ca passe aussi par une philosophie de liberté de construction, pas d’immédiateté, sinon on est dans l’individualisme alors qu’on doit apprendre davantage le sens du collectif. Il faut assumer ce mélange de libertés et de contraintes », a notamment assuré le ministre lors de cette assemblée.
Ce débat n’était, bien sûr, pas le seul objectif dans la tournée bordelaise de Jean-Michel Blanquer. Ce dernier a ainsi visité plusieurs établissements scolaires, permettant au nouveau maire Nicolas Florian d’éprouver sa première visite ministérielle. Les thèmes centraux de la visite visaient une participation à des débats scolaires autour de la mobilité européenne mais surtout (à deux reprises) du changement climatique, alors même que plus de 2000 jeunes ont défilé le même jour à Bordeaux (et plusieurs milliers dans toute la France) dans le cadre d’une « journée mondiale de la jeunesse pour le climat ». Les hasards de calendriers politiques n’existant que rarement, il faut souligner que Jean-Michel Blanquer avait fait partie des (crédibles) candidats potentiels à la mairie de Bordeaux en 2020, avant le départ d’Alain Juppé pour le Conseil Constitutionnel. En cours de visite, lorsque la presse évoque cet épisode, le ministre de l’Éducation nationale ne botte pas vraiment en touche mais joue la réserve. « Mon nom circule toujours sur plein de choses, c’est plutôt flatteur, mais je reste concentré sur mon poste ». Blanquer, candidat aux futures municipales ? Encore trop tôt pour le dire, mais il aurait sûrement un Thomas Cazenave en face.
Bilan provisoire
Pour en revenir à BM 2050, pas de prolongation prévue pour Nicolas Florian (à l’inverse d’un certain grand débat national pour Emmanuel Macron). La « campagne » de prospective, qui a d’ailleurs recueilli, selon des derniers chiffres officiels, 50 000 contributions citoyennes, s’achèvera le 29 mars prochain lors d’une « grande journée » organisée au Hangar 14 de 9h à 22h30, ouverte à tous. Ils y trouveront des expositions de travaux scolaires et étudiants ayant, à leur manière, participé au débat, des séances cinéma, du théâtre, de la musique, des stands centrés autour des thèmes de réflexion entamés par BM 2050 (notamment celui des concertations dans les communes de la métropole et des stands autour de grands thèmes comme l’éducation ou les « grands enseignements » prodigués par les multiples conférences organisés dans le cadre de l’évènement). Surtout, le 29 mars sera l’occasion de prolonger les débats en guise de bilan autour des principaux thèmes abordés lors des précédents débats : logement, mobilité, mutations sociales et… changement climatique, avant un bilan provisoire (de 18h à 19h30) intitulé « Et maintenant, que faire ? ». Boucler la boucle en posant une question ouverte, un bon résumé de la philosophie portée par cet « avenir métropolitain »…