Nouvelle cité judiciaire de Poitiers : le maire écarte la polémique 


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Publication PUBLIÉ LE 19/04/2019 PAR Julien PRIVAT

« Un évènement historique et important », c’est avec ces mots qu’Alain Claeys, le maire de Poitiers, a accueilli dans son bureau la presse locale venue en nombre pour recueillir son point de vue sur le nouveau palais de justice de Poitiers. «  C’est l’un des premiers dossiers dont j’ai eu à m’occuper, se souvient-il. En 2008, on parlait de l’éventualité de trouver un lieu pour la cité judiciaire de Poitiers ». C’était juste au début de son premier mandat. Aujourd’hui, le palais de justice emménage  dans les anciens bâtiments du lycée des Feuillants, une bâtisse grandiose qui remonte au XIXe siècle. 

Un projet lancé en 2009

Il a fallu plus de dix ans pour que la cité judiciaire s’installe au bord de Clain, au pied du plateau de Poitiers. « Le lycée des Feuillants avait déménagé dans de nouveaux bâtiments à l’ouest de Poitiers. Un investisseur privé avait souhaité racheter le bâtiment et le louer au ministère de la justice. » Un projet refusé par la place Vendôme. Le maire a proposé à Claude Bertaud, à l’époque président du Conseil général de la Vienne, et Jean-Pierre Raffarin, sénateur, de se mobiliser pour la cité judiciaire de Poitiers. Les trois hommes ont alors rencontré la garde des Sceaux, Rachida Dati, en décembre 2008, qui a accepté, à condition que les collectivités locales achètent le foncier. Le 30 mars 2009, l’ancien lycée des Feuillants est acquis pour 3 millions d’euros par la mairie et le conseil général qui a versé une subvention de un million et demi d’euros à la mairie. La convention entre l’État et la ville est signée au mois de juin et en août l’acquisition est officialisée.  En octobre 2011, le bâtiment est rétrocédé à l’État. Parmi les trois projets architecturaux proposés, c’est celui de l’agence Brossy et Associés qui est désigné. Elle aménagera les 7 000 m2 qui accueilleront plus de 300 magistrats et 19 salles d’audience. Il y a eu quelques inquiétudes. Ainsi Alain Claeys a interpellé Christiane Taubira, fin 2014, sur les craintes de report des travaux de la cité judiciaire de Poitiers. La garde des Sceaux lui avait confirmé alors qu’elle se ferait. Jean Jacques Urvoas, qui a succédé à Christiane Taubira, est venu d’ailleurs poser la première pierre du chantier en mai 2016. Il faudra 30 mois de travaux pour un coût total de 55 millions d’euros. « Je crois que sur un projet comme celui-là quand on se fédère, on y arrive. Ça aurait pu capoter; mais nous avons tenu bon jusqu’au bout », explique Alain Claeys, faisant référence au travail mené conjointement avec le département et les services de l’État. « Ce dossier s’achève dans de bonnes conditions de coopération entre services de l’État et de la ville. Il n’y a eu qu’un incident, c’est la disparition de La Croix. « Malheureusement j’ai reçu un appel de la directrice de l’APIJ me disant que la croix avait été détruite. Cet accident de chantier est assumé. » 

Depuis le 1er avril, 1300 mètres cubes de meubles, de dossiers… ont été transférés de l’ancien palais de justice vers le nouveau. Plus moderne et plus grand, ce bâtiment du XIXe siècle a permis de rassembler toutes les juridictions dans un site unique : tribunaux d’instance (TI), tribunaux de grande instance (TGI), tribunaux pour enfants (TPE), conseils de prud’hommes (CPH), Tribunal de commerce (TC), Service Administratif Régional de Poitiers (SAR), la cour d’Appel (CA). Le maintien de la cour d’appel à Poitiers rassure beaucoup Alain Claeys. « La fonction métropolitaine va être assurée à Poitiers dans le temps grâce à la cour d’appel ». 

Les travaux d'aménagement devant la nouvelle cité judiciaire devraient être terminés fin avrilEt comme tout changement, il y a de nouvelles habitudes à prendre. « Il y aura des ajustements à faire ». Il y a déjà une demande d’extension sur l’aile nord du bâtiment qui appartient toujours à la ville de Poitiers. « Je n’y suis pas hostile, reconnaît le maire de Poitiers. Il faut maintenant que le ministère de la justice nous sollicite ». Autre critique, celle des extérieurs du bâtiment, les trottoirs ne sont pas encore terminés. « Nous ne pouvions rien faire tant que des camions sortaient encore du chantier ». Le parking en face du bâtiment est en travaux. « Sur le stationnement, nous sommes en négociation. Nous avons recensé les besoins. L’ancien palais de justice ne disposait d’aucune place de parking. Là, il y aura un plus grand nombre de places, 139, qui sont en cours de finition. Il y aura même des bornes pour les véhicules électriques », précise Alain Claeys. Ce parking, jusqu’alors gratuit, sera désormais payant. Des abonnements seront proposés aux habitants et aux personnels judiciaires. Niveau délai, trottoirs et parking « seront terminés au 30 avril », assure-t-il. Niveau desserte, le nouveau palais de justice est desservi par la ligne de bus O. Elle a été lancée dès le 1er avril et fait le tour du plateau en passant par la gare. Elle circule de 7h à 20h30 avec un passage toutes les trentes minutes.

Restaurants pour la fin de l’année 

Nouveau point de discorde, la restauration qui n’est pas encore accessible. Il est prévu une restauration sur trois niveaux avec différents types (restaurant traditionnel, cafétaria, restaurant rapide). Elle sera ouverte d’ici la fin de l’année. « Pour que ces travaux débutent, il fallait attendre que tous les autres soient terminés. Aujourd’hui la personne chargée du chantier est en train de déposer le permis. D’ici la fin de l’année, les restaurants seront ouverts ». 

L’Ordre des avocats de Poitiers va également s’installer dans l’aile nord du nouveau bâtiment. Le chantier vient de commencer et devrait finir début octobre. « Le bail a été signé », précise le maire. 

Il y a encore des habitudes à prendre. La date de l’inauguration officielle du nouveau palais de justice n’est pas encore déterminée, mais elle ne saurait tarder. Quand à l’ancien site, le fameux palais des ducs d’Aquitaine et la tour Maubergeon, plusieurs projets sont en cours de réflexion. « Les négociations ont été engagées avec l’État, le département ». Ils détiennent à 51% et 49% les bâtiments. « Je pense que le projet de ville correspond aux intérêts du palais. Il a fallu des évaluations, des négociations, nous sommes arrivés à un accord partagé. Nous signerons au mois de septembre ou d’octobre pour acquérir le palais », explique Alain Claeys. La ville a visiblement reçu de fortes demandes de visite de ce palais du XIe-XIIe siècle. « Nous allons le restituer aux Poitevins avec une manifestation qui doit se reproduire dans le temps (Traversées). L’État, la région, le département, là encore vont nous accompagner pour cet événement important. »

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