Orientations budgétaires ALPC: les Républicains et le FN ont déserté le débat


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/04/2016 PAR Solène MÉRIC

Alain Rousset a eu beau commencé son discours introductif en considérant que « malgré un héritage difficile », l’agrégation des trois budgets fait de l’ALPC, « une des trois meilleures régions françaises en terme de désendettement et d’investissement », rien n’y a fait; c’est bien « l’héritage difficile » de l’aïeul picto-charentais qui aura polarisé l’attention et les discours des élus, avant même le début du déroulement de l’ordre du jour.

Cela dit, rien de plus légitime, considérant les plus de 130M € d’impayés, la capacité de désendettement de plus de 20 années, ou encore les 100 M€ d’emprunts toxiques dont près de 50 M d’emprunts très toxiques légués sans testament par Poitou-Charentes à la nouvelle région… Autant de chiffres et quelques autres précisés par l’audit E&Y publié et diffusé le 7 avril dernier.

Demande avortée, de reporter le débat des OBUn audit qui, justement n’a pas été sans poser problème pour une partie de l’opposition. Jacques Colombier (FN) s’est lancé le premier: « ce n’est pas un audit, ni une analyse exhaustive. C’est un rapport « flash », qui n’apprend rien de nouveau, mis à part le taux des emprunts toxiques dans la dette… Vous nous avez baladé pendant plusieurs semaines ! Vous ne maîtrisez rien», lance -t-il à l’attention du président.
Même point de vue pour Virginie Calmels : « les élus et les citoyens ont été trompés, l’audit d’E&Y a été lancé avant d’avoir connaissance des impayés, et une fois découverts vous n’avez pas lancé de véritable audit permettant de faire toute la lumière sur les comptes. Ce travail c’est du vent !» Et de réclamer un autre « audit indépendant au périmètre plus large ». Un besoin d’information plus nuancé mais également appuyé par Olivier Chartier, Président LR de la Commission des finances, qui a exprimé ses craintes, et sa « conviction », d’une situation qui pourrait se révéler « plus grave encore qu’elle ne l’apparaît pour l’heure. »

Mais selon les Républicains et le FN, cet audit supplémentaire qu’ils réclament aurait du avoir lieu « avant la tenue des orientations budgétaires ». Au total un « problème de calendrier » justifiant leur demande, avortée, de reporter le débat à une date ultérieure, et donc aussi leur choix de quitter l’assemblée régionale au moment des discussions sur les priorités et stratégies à venir de la région
Un « besoin d’y voir beaucoup plus clair », également exprimé dans les interventions de Jean Dionis du Séjour pour UDI et Joan Taris du Modem, sans pour autant choisir de déserter les lieux.

« Il faut prendre des décisions chirurgicales »Autant d’interpellations sur lesquels Alain Rousset a rappelé à plusieurs reprises qu’en complément de la saisine de la Chambre régionale des Comptes sur ce dossier, et à laquelle il fallait « faire confiance », « trois audits vont être menés pour approfondir certains points et avoir une meilleure connaissance des éléments concernant d’une part les garanties engagées par ex Poitou-Charentes, d’autre part les emprunts structurels pour en avoir une meilleures analyses et enfin, un troisième audit concernant le stock d’AP (autorisation de programmes) et AE (Autorisation d’engagements) ».

Par ailleurs, soulignant qu’ « il faut arrêter les politiques et les dispositifs de Poitou-Charentes qui se sont  emballés et additionnés pour conserver la situation financière saine de la grande région », il a fait part aux élus régionaux de son intention de « saisir les commissions, financière et techniques, pour analyser chacun de ces dispositifs et réfléchir à la façon avec laquelle il faut poursuivre, harmoniser et aménager ces politiques ». Car, poursuit-il, « si la loi nous donne 5 ans pour harmoniser, il est impossible d’attendre. Il faut prendre des décisions chirurgicales en connaissance de cause. Ne pas avoir les mains qui tremblent».
Des choix « chirurgicaux », dont certains, comme l’annulation du Festival des Nuits Romanes, ont provoqué quelques réactions dans l’assemblée, à l’image du public picto-charentais. Sur ce sujet plus particulier à Véronique Marendat (UDI) qui l’interroge ; il répond : « j’aurais été coupable, de ne pas dire on arrête. Si je ne le fais pas, ce sont les politiques structurelles qui auraient été remises en cause. Je ne voulais pas traîner. Hors Nuits Romanes, il y a 150 autres festivals soutenus par la Région en Poitou-Charentes. On ne peut pas faire les deux.»
Les élus n’étaient pas au courantOutre la question de la clarté ou de l’information sur la situation budgétaire, Virginie Calmels va plus loin, évoquant « un manquement dans l’anticipation de la crise ». L’ex rivale électorale d’Alain Rousset, a en effet exprimé ses « doutes sur la sincérité des propos » du Président de la Région, le soupçonnant d’avoir eu connaissance de la plupart des éléments financiers gênants de la région Poitou-Charentes « dès la campagne », et d’avoir ainsi « fait équipe » avec Jean-François Macaire. Sur la question des délais et malgré les sous-entendus de Virginie Camels, Alain Rousset, dira plusieurs fois « même si ça paraît bizarre, je suis convaincu que le Président Macaire n’était pas au courant, défend-t-il. Personne ne savait, peut être y avait-t-il des soupçons, mais rien de renseigné ».

L’ex président de Poitou-Charentes et démissionnaire de sa vice-présidence aux finances de la grande région, était d’ailleurs absent de cette séance plénière. Une démission de vice présidence pour l’heure non remplacée, qui amène Virginie Calmels à pointer « ce manquement en matière gouvernance », dont Alain Rousset a reconnu assumer la responsabilité.

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