Pau et Saragosse se retrouvent sur le rail


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

La différence de taille n’empêche pas les bonnes relations. Avec près de 150 000 habitants, l’agglomération paloise fait figure de Petit Poucet à côté de sa lointaine voisine espagnole.

Saragosse, qui est la  5e ville la plus peuplée d’Espagne a en effet donné naissance à une aire urbaine où vivent 750 000 personnes. A titre de comparaison, c’est presque aussi grand que Strasbourg, plus dense que Rennes ou Grenoble. Bref, c’est du lourd.

« Les liens s’étaient affaiblis à l’extrême »Une tradition de jumelage très ancienne existe entre les deux cités, rappelle François Bayrou, le maire de Pau. « Elle remonte à une époque où, pour des raisons d’ordre politique, les relations entre l’Espagne et le reste de l’Europe n’étaient pas faciles. L’un de mes prédécesseurs, Louis Sallenave, avait pourtant voulu que ce lien soit affirmé.  » Cette décision avait joué un rôle important dans le désenclavement de la capitale aragonaise.

Certes, les liens noués entre les deux cités s’étaient «affaiblis à l’extrême depuis des années ». Raison de plus pour les raviver. D’autant plus que, de chaque côté de la frontière,  les préoccupations sont communes : développement économique et culturel, économies d’énergie, vie de la cité au quotidien…

Podemos, Nuit Debout : ce qui se passe chez les autres« Ces questions sont centrales pour nous » explique François Bayrou. Avant d’évoquer l’intérêt que, de manière plus générale, il porte aussi à ses voisins. « Je regarde la société espagnole avec beaucoup de soin. De nouveaux mouvements émergent pour sortir du phénomène général du bipartisme, qui est en fin de course. » Podemos en fait partie, entre autres, tout comme les forces régionalistes. « La question est de savoir si ces sensibilités différentes pourront un jour travailler ensemble ».

Mêmes échos chez son hôte, Pedro Santisteve, le maire de Saragosse, intéressé par le « développement républicain » que la France connait en ce moment la France et qui, sur le plan local,  cherche à relever le difficile défi de l’emploi. Un chantier d’autant plus ardu que 80% des ressources dont sa ville dispose proviennent de l’Etat.

Un axe européen essentielVoilà pour les principes. Restent les actes.
En Aragon, l’agglomération de Saragosse accueille la plus grande plateforme logistique d’Europe, spécialisée en particulier dans le transport des produits alimentaires frais (légumes, viande, poisson). Un projet de plateforme terrestre et maritime créé en partenariat avec Valence, qui possède le plus grand port de marchandises d’Espagne, est par ailleurs à l’étude. C’est dire si le développement des liaisons établies sur l’axe Bordeaux-Pau, et par là, avec  le reste de l’Europe intéresse au plus haut point nos voisins ibériques.

La question a été évoquée mardi en Béarn. Ce qui a, bien sûr, amené les deux maires à parler des liaisons aériennes entre les deux villes, à étudier pour le fret, mais aussi de voies ferrées.

Bayrou pour le train et la Pau-CanfrancPour François Bayrou, les choses sont claires. Il est partisan de la ligne Pau-Canfranc. « Non pas seulement sur le plan touristique, mais aussi en matière de fret. Je sais bien que, pour des raisons techniques, des trains de 600 à 700 mètres de long ne passent pas. Mais on pourrait imaginer des convois plus petits ».

« Deux positions s’affrontent ici. Je le dis avec prudence, car mes amis sont partagés sur le sujet. Il y a ceux pour lesquels la voie ferrée relève d’un autre siècle. Ce que je ne crois pas. Par ailleurs, si l’on considère les notions de développement durable, d’économies d’énergie ainsi que l’incroyable travail fait voici trois générations, on peut se demander si l’on ne peut pas tirer parti de ce qui existe déjà. Car, à mon avis, la traversée centrale des Pyrénées ne sera toujours pas réalisée dans 50 ans ».

«  Ce chantier est en effet plus difficile techniquement que le tunnel sous la Manche. Pour la simple raison que les Pyrénées ne sont pas constituées d’une craie compacte, mais de cisaillements de roches extrêmement dures ».

« Je suis persuadé depuis longtemps que l’on verra fonctionner à nouveau  la Pau-Canfranc. Même s’il y a vingt ans que je dis ça ».

Une rencontre prévue en juilletSon homologue de Saragosse y croit, lui aussi. « Pour le moment, la voie ferrée va aller jusqu’à Bedous. Il faut qu’elle arrive jusque Canfranc » insiste-t-il Avant d’assurer que ses compatriotes feront ce qu’il faut de leur côté.
Quant à l’amélioration de la route, côté français, via la vallée d’Aspe… Elle suscite parfois quelques plaisanteries chez nos voisins : « Ah bon, il y a des routes en France ?  » a ainsi demandé un jour un élu espagnol à l’un de ses collègues béarnais.

Sans doute en reparlera-t-on lors d’une rencontre organisée début juillet à Saragosse pour discuter de l’avenir de ce couloir européen. Les Palois y sont invités.

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