Pays basque: un imbroglio véritablement désarmant!


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/12/2016 PAR Felix Dufour

L’épilogue d’un feuilleton entrepris vendredi au Pays basque a pris fin ce mardi avec la remise en liberté des cinq personnes qui avaient été transférées lundi; elles ont été mises en examen pour port et détention d’armes en relation avec une entreprise terroriste ». A des lieux de ce que pensait le parquet antiterroriste qui pensait avoir arrêté « des terroristes qui se préparaient à commettre un attentat ». Un doute que relayait avec zèle -et précipitation- Bruno Le Roux, le nouveau ministre de l’Intérieur.

Cette interpellation avait été effectuée dans une maison basque de Louhossoa, 890 habitants, située entre Itxassou, célèbre pour ses cerises, et Bidarray, près de  l’intersection des vallées de Baigorri (Saint-Etienne-de-Baigorry) et de Garazi (Saint-Jean-Pied-de-Port). Opération conjointement menée par Madrid et Paris qui les soupçonnaient d’association de malfaiteurs terroristes et infraction sur les armes et les explosifs en relation avec une entreprise terroriste. Le commentaire de Bruno Le Roux va aussitôt exaspérer d’une certaine manière élus et population du Pays basque qui ne digère pas le terme -déjà employé au Pays basque-  « rude porté à l’ETA », c’est-à-dire qu’il associait d’entrée ces cinq personnes au groupe terroriste qui a déposé les armes.

De l’Irouléguy à Bizi! en passant par Médiabask

Qui étaient donc ces cinq personnes? Des militants qui se sont lancés dans une entreprise à haut risque en se substituant à des états indifférents, selon eux, pour faire aboutir le processus de paix avec ETA. Jean-Noël Etcheverry, 52 ans, de Saint-Jean-Pied-de-Port, cofondateur du mouvement altermondialiste Bizi! dont la cible préférée est la BNP de Bayonne qui illustre pour le mouvement l’évasion fiscale; Michel Berhocoirigoin, un paysan de Gamarthe, chroniqueur d' »Enbata », qui demeure l’hebdo de référence des indépendantistes basques. Militant, il fut aussi le président d’Euskal Herriko laborantza ganbara, la  Chambre d’agriculture alternative du Pays basque. En visite à Garazi, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, ne peut l’avoir oublié; notre consoeur d’Hendaye Béatrice Haran-Molle, chez laquelle ont été effectuées perquisitions et interpellations qui après avoir travaillé au groupe média basque du sud EITB a rejoint « Le journal du Pays basque » devenu depuis « Mediabask »; Michel Bergouignan, qui fut membre du mouvement Abertzalen Batasuna, et s’engagea en 1997 pour la création d’une institution spécifique au Pays basque. Son nom est aussi associé à la fameuse coopérative des Caves d’Irouleguy, dont il fut le président et enfin Stéphane Etchegaray, journaliste dans l’audiovisuel, qui devait filmer la « destruction » des armes d’ETA dont le stock découvert représenterait 15% de son arsenal. Cinq personnes que bien des Basques baptiseront avant leur transfert à Paris « d »artisans de la paix ».

Assurément une leçon pour que les Etats prennent leurs responsabilités


Dès le lendemain samedi, 28 élus, de la sénatrice Espagnac (PS), et Sandrine Derville, vice-présidente du Conseil régional, aux maires de Biarritz, Anglet et Bayonne (Veunac, Olive et Etchegaray) en passant par les députés Alaux et Capdevielle et le vice président du Conseil départemental Max Brisson signent une déclaration commune  « à l’attention des Etats Français et espagnol, des institutions publiques et citoyennes de l’ensemble du Pays basque ». Ils estiment  qu’au-delà des personnalités aujourd’hui interpellées, d’autres acteurs de la société civile prendront le relais, tant est grand le désir de paix dans la société basque….Nous demandons aux États de s’impliquer dans le processus de désarmement et la résolution globale du conflit. »
Dans les rues de Bayonne plus de trois mille personnes défilent pour s’opposer à cette méthode. Derrière une banderole sur laquelle est inscrite: « Bakearen Alde » (« Liberté pour les artisans de la paix »). Le mouvement se propageait ensuite à Saint-Jean-Pied de Port et à Louhossoa où hier soir 500 personnes se sont rassemblées.

On connait donc l’épilogue de cet imbroglio désarmant. Chacun devra en tirer la leçon. Au plus haut niveau. Particulièrement de cette mobilisation de l’ensemble des élus, toutes étiquettes politiques confondues, qui ont ressenti une profonde incohérence dans la précipitation qui a suivi. Mal venue quand se dessine, non sans difficulté, la future intercommunalité unique du Pays Basque (EPCI). Il n’y avait pas franchement matière à en rajouter vendredi soir.


 



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