Plan départemental de l’habitat : l’atelier sur la Cub fait ressortir l’inquiétude des acteurs des territoires ruraux


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/06/2013 PAR Elodie Souslikoff

Instauré par la loi ENL (engagement national pour le logement) de 2006, le plan départemental de l’habitat (PDH) vise à harmoniser les politiques de logement et d’aménagement du territoire d’un département. Si les territoires les plus peuplés possèdent déjà des instruments visant à élaborer une stratégie de l’habitat au niveau local, comme le programme local de l’habitat (PLH), les territoires les moins peuplés restent à l’écart de ces dispositifs. Le PDH a donc été créé pour pallier à ce « vide », le but étant de « lutter contre les déséquilibres et les inégalités territoriales » et de faire le lien entre les politiques de l’habitat couvertes par le PLH et celles qui sont menées sur le reste du département. Le PDH permet donc d’avoir une meilleure connaissance du département, qu’il s’agisse de la démographie ou des marchés de l’habitat, afin de mieux équilibrer l’aménagement de l’ensemble des territoires de la Gironde, en matière d’habitat, de développement économique ou de transport. In fine, si le PDH ne « s’impose pas aux documents d’urbanisme » puisqu’il reprend les orientations des PLH et des Scot (schéma de cohérence territoriale), il vise plutôt à devenir un « guide pratique pour les territoires », dixit le Conseil général de la Gironde. Ce projet, qui a débuté en septembre 2012 en Gironde, est piloté par l’Etat et le Conseil général de la Gironde. Après avoir réalisé des réunions avec des professionnels de l’habitat, puis élaboré une concertation citoyenne (enquête téléphonique et ateliers-citoyens), il s’agit maintenant d’échanger avec les « acteurs des territoires » (maires, présidents de communautés de communes…) via des ateliers territoriaux. Six réunions, réparties sur six territoires du département, sont ainsi organisées entre mai et juin. Le 4 juin s’est déroulé l’atelier concernant l’aire métropolitaine bordelaise, qui comprend 93 communes réunies via le Sysdau (Syndicat mixte de l’aire métropolitaine bordelaise). 

Un diagnostic « pessimiste »Organisée au Conseil général de la Gironde à Bordeaux, la réunion a rassemblé une petite centaine de personnes. La première partie a été consacrée à la restitution d’un diagnostic du territoire de l’aire métropolitaine bordelaise, qui s’étend d’une partie du Médoc aux territoires de l’Entre-deux-mers, par le cabinet Place.

Premier constat : si 63% des emplois se concentrent dans la Cub (Communauté urbaine de Bordeaux) en 2009, celle-ci ne participe qu’à hauteur de 38% à la dynamique d’accueil des nouvelles populations (entre 2006 et 2010). Sans surprise, l’étude pointe donc que les emplois se concentrent majoritairement à Bordeaux et la diffusion du logement autour de la ville, avec une « première couronne » particulièrement sélective tandis que les territoires les plus éloignés accueillent les populations les plus « vulnérables ».

Concernant la construction de logements, la Gironde a connu un véritable boom immobilier cette dernière décennie puisque qu’entre 2000 et 2010, elle serait passée de 9000 à 12000 nouveaux logements/an. 

L’étude remarque aussi une explosion des prix sur de nombreux territoires, avec un marché de l’accession et de la  primo accession de plus en plus impénétrables et un resserrement des prix vers le haut pour le locatif. Si l’achat d’un T3 de 70 m² sur la commune de Bordeaux coûterait en moyenne 220 000 euros, l’étude affirme cependant que seuls 20% des Girondins ont les ressources pour y accéder.

Les niveaux de ressources des habitants seraient d’ailleurs particulièrement hétérogènes, avec un revenu médian fiscal par ménage d’environ 2379 euros/mois en Gironde en 2010. Les moins de 30 ans et les personnes âgées sont les populations les moins favorisées, puisqu’elles disposent d’un revenu médian fiscal de 1463 euros/mois et 1936 euros contre 3123 euros pour les 50-59 ans.

Concernant l’habitat social, le diagnostic pointe que malgré une accélération des livraisons HLM, le taux HLM de l’Insee est en baisse sur les territoires de l’aire métropolitaine bordelaise, puisqu’il est passé de 16,3% à 15,2% entre 1999 et 2009.

Francis Pougnet, sociologue urbaniste du cabinet Place, termine la présentation en appuyant sur le fait que les nouvelles dispositions de la loi du 18 janvier dernier obligeant certaines communes de plus de 3500 habitants à passer de 20 à 25% de logements sociaux, « va poser un cadre pour doper une offre accessible plus importante ».

Défendant la politique volontariste de la Cub, avec le projet de création de 50 000 logements, Véronique Fayet,vice-présidente de la Cub en charge du logement et de l’habitat, a déploré un « diagnostic qui rend pessimiste » mais une volonté d’aller « de l’avant sans faire de guerre rural-urbain ». Car cette réunion a surtout été l’occasion pour certains acteurs des territoires ruraux d’exprimer leur inquiétude, notamment sur le peu d’intérêt porté à leurs communes par rapport à celles de la Cub.

L’inquiétude des acteurs rurauxJean-Marie Darmian, maire de Créon a ainsi regretté le découpage du territoire français en zonage, permettant de construire en priorité des logements sociaux dans des territoires dits « tendus » et donc principalement dans les grandes agglomérations. Ce découpage est d’ailleurs fortement critiqué dans un rapport de la Cour des Comptes. « A Créon, je suis soumis à la loi SRU, mais j’ai du mal à créer des logements sociaux car on me dit que je ne suis pas une ville prioritaire! » s’emporte-t-il. Alain Leveau, président du syndicat mixte Coeur entre deux mers, a lui revendiqué le droit des communes rurales à se développer au même titre que les communes des aires urbaines.

Jean Michel Bedecarrax, secrétaire général de la préfecture, a pour sa part insisté sur le risque de désertification « bien réel », « des effets de concurrence entre les terrioires » et l’importance d’une organisation des territoires.

Plutôt satisfaite de l’échange, Martine Jardiné, vice présidente du Conseil général et co-présidente de l’atelier avec Jean-Michel Bedecarrax, confie l’importance de ces réunions : « alors qu’on attendait surtout des élus de la Cub, ce sont principalement des élus ruraux qui se sont exprimés. Il est important d’entendre cette nécessité de construire en dehors des zones tendues, et de faire tomber les angoisses des acteurs du milieu rural. Nous devons faire bouger les choses pour ne pas avoir une Gironde à deux vitesses ».

Le prochain et dernier atelier sera consacré au Sud Gironde le 12 juin prochain.

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